Chapitre 52

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Éloïse 


Depuis deux semaines, une certitude me hantait : j'étais suivie.

Ce n'était pas une simple intuition, ni un frisson furtif. C'était une présence malveillance, dissimulée dans l'ombre, qui guettait chacun de mes faits et gestes. J'étais une proie et, tôt ou tard, le piège se refermerait sur moi.

Je ne pouvais pas prévenir la police et je n'avais personne à qui en parler. Et chaque nuit, en me réveillant essoufflée et en sueur après un atroce cauchemar, je luttais contre l'envie irrésistible de contacter Ayden.

Cet enfoiré me manquait avec une intensité déchirante.

J'aurais aimé pouvoir affirmer que couper les ponts avec lui avait été aussi simple que de tirer un trait sur mes anciens dominants. Mais une force irrationnelle me retenait prisonnière, et m'empêchait de me détacher de lui. J'étais noyée dans le déni, à en pleurer sous les draps chaque nuit, désespérée par cette vérité cruelle que Lola avait fini par me jeter au visage.

J'étais amoureuse de lui.

Comment une personne saine d'esprit pouvait-elle s'éprendre d'un homme aussi cruel et sadique ? Il me traitait comme un objet, m'humiliait à chaque occasion. Et pourtant... il avait pris mon cœur en otage. Le pire, c'était qu'il n'avait pas hésité à tripoter son soumis sous mes yeux, ce même soir où la vérité m'avait frappée de plein fouet.

Je l'aimais.

Je m'étais damnée.

Pourtant verrouillé depuis toujours, mon cœur avait été forcé par cet être diabolique qui l'avait ensuite piétiné sans pitié. Je voulais le haïr, mais quelque part, au fond de moi, une petite voix ne cessait d'imaginer un avenir à ses côtés.

Un avenir cauchemardesque, mais étrangement tentant.

Malgré tout, une part de moi désirait lui confier mes démons, lui révéler mon passé, mes peurs les plus profondes, mes blessures béantes. J'aspirais à déposer devant lui le fardeau de mes secrets, à lui laisser entrevoir les ténèbres qui m'entouraient, maintenant que l'organisation criminelle de mon beau-père six pieds sous terre avait fait de moi une cible.

Son ombre ne planait plus sur moi depuis longtemps, mais l'héritage pourri qu'il avait laissé derrière lui subsistait, perpétré par celui qui avait repris les rênes de son empire.

Les ténèbres m'engloutiraient si je ne trouvais pas un point d'ancrage, et c'était vers Ayden que mon esprit dérivait inévitablement. Lui seul pouvait entendre ce que j'avais à dire.

Mais revenir vers lui ? Ramper alors que j'avais tenu bon pendant quinze jours de tourmente ? Que je m'étais faite la promesse solennelle que je ne m'abaisserais plus jamais pour cet homme ? Que je lui avais envoyé un message pour le mettre en garde contre Alec et qu'il m'avait ignoré ? Pas question.

Je sortais de l'épicerie, les bras chargés de sacs, lorsque l'air autour de moi se fit oppressant. Mes pas s'accélérèrent, et soudain, une main puissante surgit de nulle part et s'empara brutalement de mon bras.

Je n'eus pas le temps de réagir. Je fus violemment tirée dans un coin sombre, et mon dos heurta durement un mur de briques glacées. Un cri de panique monta en moi, mais avant que je ne puisse l'émettre, une cagoule rugueuse fut enfoncée sur ma tête, me plongeant dans une obscurité totale.

Je me débattais avec fureur, mais l'emprise sur moi était implacable. Je sentis des cordes fines m'enserrer les poignets, me coupant presque la circulation tandis que mes mains étaient solidement attachées dans mon dos.

Catharsis [Spin-off]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant