Chapitre 54

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Ayden


Le sac de frappe oscillait sous mes coups, chacun plus puissant que le précédent. Mes gestes étaient animés par une rage intense, et mon souffle, court et saccadé, trahissait mon épuisement. Mais je ne pouvais m'arrêter. Mon corps, comme en pilote automatique, était poussé par une colère profonde.

La sueur ruisselait sur mon front, brûlant mes yeux, mais je n'y prêtais guère attention. Mes vêtements trempés collaient à ma peau, insignifiants face à ce besoin primal de cogner encore et encore. Ce choc brutal de mes poings contre le cuir devenait la seule chose réelle, le seul lien entre ma douleur et une réalité que je méprisais.

Voilà mon exutoire, une échappatoire face à la tempête qui m'habitait. Mon esprit vacillait entre la destruction et un fragile contrôle, luttant contre cette folie que je croyais maîtriser depuis tant d'années.

Mes jambes fléchirent, mon souffle devint erratique, mais l'idée de m'arrêter m'était insupportable.

Je savais qu'il existait un moyen d'effacer ces tourments, de me débarrasser de ces émotions qui me rendaient faible. J'aurais pu arrêter mon traitement et traquer ceux qui avaient eu le malheur de croiser le ravisseur d'Éloïse.

Un dernier coup, si violent que mes articulations hurlèrent, puis tout s'arrêta. Le silence m'enveloppa. Haletant, les bras pendants, je regardais le sac se balancer faiblement avant de m'effondrer sur le ring.

Après avoir sauvé Éloïse, j'avais pris sur moi et appelé Emily, Chris et Jacob pour les rassurer. Mes messages vocaux les avaient inquiétés. J'avais aussi remercié Jason pour avoir alerté ses collègues. Grâce à lui, l'immunité dont je bénéficiais me protégeait encore, même après avoir tiré sur ce salaupard.

Mais tout n'était pas terminé. Il fallait encore vérifier si cet homme était bien le fils de Chuck. Éloïse, hospitalisée depuis vingt-quatre heures, devrait parler aux fédéraux à son réveil. Si elle disait la vérité, elle serait en sécurité. Incapable de la venger moi-même, je canalisais donc ma rage sur ce punching-ball, le visualisant comme l'incarnation de tous mes ennemis.

Le temps n'avait plus de sens, puis une voix familière traversa le brouillard :

—Ayden ! Putain, tu m'entends ?!

Chris. Ses mains agrippèrent mes épaules, me secouant légèrement, tentant de me sortir de cette torpeur. Mon corps ne m'appartenait plus, vidé de toute énergie. Mes bras étaient devenus des poids morts ou absents.

—Drôle de façon de déprimer, me lança-t-il en m'aidant à m'asseoir.

Je relevai difficilement la tête pour croiser son regard bleuté. La pièce semblait tourner, tout ce que je voulais, c'était frapper encore, me perdre dans cette douleur physique et libératrice.

Chris s'agenouilla devant moi, et examina rapidement mes poings avant de soupirer.

—Ne pas porter de gants, c'était volontaire, n'est-ce pas ?

Je haussai les épaules.

—Écoute-moi, Ayden. Je sais que tu es en colère et que tu veux te venger, mais tous ceux que tu rêves de massacrer sont déjà derrière les barreaux.

Je fronçai les sourcils, et il poursuivit :

—Jason est rentré. Il ne savait pas où te trouver, mais moi si. Les fédéraux ont attrapé tous les complices du ravisseur d'Éloïse.

Un soupir m'échappa.

—Elle s'est réveillée.

Mon cœur se serra dans ma poitrine, et soudain, l'air revint dans mes poumons, vif et brûlant.

Catharsis [Spin-off]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant