★ Jacob ★
Je descendis du train, et le cliquetis des roues métalliques résonna dans ma tête comme une mélopée mélancolique. La gare des Hamptons, baignée d'une lumière douce de fin d'après-midi, m'offrit un accueil familier. Les souvenirs de mes jeunes années, passées à courir sur ce quai, firent ressurgir une vague de nostalgie en moi.
Je marchai en direction de la maison de mon père, à cinq minutes de la gare. Je m'engageai dans les rues tranquilles où mes pas résonnant doucement sur le trottoir pavé. La modeste demeure, lovée entre les arbres qui encadraient la propriété, se profila à l'horizon. Michael m'attendait sur le palier de la porte avec son enthousiasme exagéré.
— Jacob, ça fait une éternité ! Je suis content que tu sois venu !
— Salut... arborai-je un demi sourire.
Il tenta de me prendre dans ses bras, mais j'eus un mouvement de recul.
Non, pas encore. Respire, Jacob. C'est seulement dans ta tête. Respire. Tu es en sécurité. Respire.
Mon demi-frère ne commenta rien, et nous franchîmes ensemble le seuil de la maison. À l'intérieur, le vestibule exhalait une odeur familière de bois vieilli. Le salon, meublé avec simplicité, abritait un vieux fauteuil en cuir, dans lequel mon père était affalé, en train de fumer une pipe qui devait dater de la Deuxième Guerre mondiale – un souvenir de son propre père.
— Salut, papa, murmurai-je.
La réponse fut à peine plus qu'un souffle audible. En fait, il ne me regardait même pas. Cela en disait long sur l'ambiance qui s'annonçait. Ma belle-mère, toujours souriante, vint à ma rencontre.
— Quel plaisir de te revoir, Jacob ! Quelle tignasse, ça te va bien !
Elle, j'acceptais son étreinte avec plaisir. Je la laissais même toucher mes cheveux bouclés sous le regard scrutateur de son fils. Il voudrait peut-être y toucher, lui aussi ?
La ferme. Ne pense pas à ça.
N'y pense pas. N'y pense pas.
Le dîner fut prêt peu de temps après mon arrivée, et nous nous installâmes autour de la table familiale. Une pesanteur s'installa dans l'air, un silence ponctué seulement par le tintement des couverts. Je m'efforçai de participer à la conversation légère que Michael débuta, mais le regard sévère de mon père pesait sur moi.
Pourtant, au fil du repas, la tension diffuse s'intensifia. Mon malaise grandissait, accentué par la présence discrète mais constante d'un certain cadeau de mon Dom... Je me trémoussai légèrement sur ma chaise, cherchant à échapper aux doux massages du plug anal contre ma prostate. En fait, cela m'aidait de penser à Ayden en ce moment.
Le regard inquisiteur de mon père captait chacun de mes frémissements, rendant mon inconfort de plus en plus difficile à dissimuler. Je rougissais terriblement, et bégayais à la moindre question qu'on me posait ; à propos de mon travail, de ma vie, de ma routine.
Michael perçut les signes de mon trouble et de mon manque de concentration.
— Ça va, Jacob ? T'as l'air tendu.
Un sourire forcé se dessina sur mon visage.
— Un peu fatigué du trajet.
— Je t'ai préparé ton ancienne chambre, annonça ma belle-mère, tu pourras te reposer autant que tu en auras besoin.
Mon ancienne chambre. Cette maudite chambre. Je préférais dormir sur le paillasson.
— Merci...
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Catharsis [Spin-off]
General FictionAyden, fraîchement libéré après avoir purgé sa peine, se voit offrir une seconde chance dans le tentaculaire État de New York. Son meilleur ami est à ses côtés, mais parviendra-t-il à se relever sans tricher ni retomber dans ses anciens vices ? Éloï...