Chapitre 32

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Ayden


Je ne m'étais jamais fait autant taquiner par ma sœur et mon jumeau qui s'étaient amusés à me balancer des vacheries du genre : « Alors, Ayden, tu te vois déjà exposé dans une galerie d'art ? » Tout cela, en plus de mon charmant neveu qui avait accouru raconter à ses parents qu'Éloïse était « mon amoureuse »

En vrai, je m'en fichais qu'ils soient au courant de son existence, ou même de celle de Jacob, mais c'était la nature de nos relations qui les scandaliseraient, s'ils savaient. Ma déviance sexuelle sera très difficile à accepter par ma famille, alors pas besoin de leur en faire part.

Trente-et-un an, c'était long à rattraper, mais ça me faisait énormément de bien d'avoir Jason et Emily dans ma vie aujourd'hui. Je bataillais tous les jours pour devenir une meilleure version de moi-même, et si je luttais pour survivre, je le faisais surtout pour eux, et pour Chris. Personne ne comptait pour moi autant que ces trois-là. Ils m'avaient fait réaliser que je méritais d'être aimé, en dépit de tout ce que j'avais fait, et de ce que je serais capable de faire si je replongeai.

Le cabinet du psy était niché dans une ruelle discrète, à l'écart de l'agitation urbaine. En poussant la porte ornée d'une plaque dorée gravée du nom du psychologue, j'étais très agité et perplexe. Jacob et Éloïse avaient intérêt à en valoir la peine, car c'était principalement pour eux que j'étais là.

Alexander avait décrit le psy comme quelqu'un de bienveillant, sans jugement, et très ouvert s'esprit, étant même un dominant pendant son temps libre. Son appartenance à ma communauté m'avait mis en confiance, au moins, lui ne me prendra pas pour un dépravé sexuel.

Une fois à l'intérieur du cabinet, je fus accueilli par un espace chaleureux. Des nuances de bleu et de gris s'étalaient sur les murs, des étagères abritaient des livres variés et trois tableaux artistiques ornait les murs. Je me laissai tomber sur le canapé moelleux, mes pensées tourmentés par tant de choses ; ma famille, mon soumis et ma soumise, mon avenir, et mon attirance incontrôlable pour mon boss.

Le psy entra, m'arrachant à ma rêverie :

— Bonjour, je suis le Dr. Marchand, dit-il avec un sourire et en me présentant sa poigne.

— Ayden Marin. Marchand, c'est français, non ?

Il esquissa un sourire.

— Exact. Mon père est français, ma mère anglaise, et je suis américain.

Il avait l'air sympa. Je le regardais prendre place en face de moi et débuter la séance :

— Pourrez-vous vous présenter en quelques mots ? Comment vous définissez-vous ?

— Je suis... unique en mon genre.

— Quelque part, nous sommes tous unique dans notre genre. Mais si vous devez faire une analyse de vos forces et vos faiblesses, que diriez-vous ?

— Je suis un homme qui navigue entre les ombres et la lumière.

Il acquiesça :

— C'est une description intrigante. La dualité peut souvent être source de richesse intérieure. Explorons cela plus en détail... qu'est-ce qui vous dérange le plus, chez vous ?

— Mon manque de sensibilité.

Il m'observa, m'encourageant à continuer :

— Enfin... ça ne me dérange pas, personnellement, d'être insensible, mais je sais que ça interfère dans mes relations sociales. Être vu comme quelqu'un de froid et sans cœur ce n'est pas trop... valorisant.

Catharsis [Spin-off]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant