Chapitre 22

99 5 0
                                    

Ayden


—Vous ne travaillez pas ce soir ?

Je baissai le son de la télé et tournai légèrement la tête vers Éloïse qui venait enfin de quitter la douche. Elle avait remis ses vêtements et pour la première fois, je la voyais avec les cheveux détachés ; ils étaient longs et lisses, couleurs miel. Leur brillance suggérait qu'elle entretenait une certaine routine capillaire, ce qui me surprit de la part d'une fille qui ne se rase pas intégralement la chatte.

—Le club n'ouvrira pas ce soir, à cause de la tempête, répondis-je.

—Oh... d'accord.

Elle vint s'asseoir sur le canapé où j'étais déjà installé, mais garda une certaine distance qui me contenta. Lui permettre de passer la nuit ici, c'était déjà beaucoup, alors il ne fallait pas abuser en envahissant mon espace personnel.

—Ayden, est-ce qu'on peut... discuter ?

Non.

—Plus tard, je regarde le match, là.

Elle soupira bruyamment, apparemment agacée. Je cachai à peine mon sourire narquois.

—C'est important, insista-t-elle.

Comme je ne réponds pas, elle ajouta :

—Je suis au courant pour la prison.

Et merde.

Conservant une expression impassible, je ne pris même pas la peine de la regarder en répondant :

—Et ?

—Comment ça « et » ? Vous n'avez pas jugé bon de me dire que vous venez de sortir de taule ? Vous y avez passé six ans, ce n'est pas rien, quand-même !

—Écoute, je n'ai pas envie d'être sympa avec toi ce soir, alors on en reparlera un autre jour ; de préférence quand je n'aurais pas enfoncé mon poing dans ton cul une demi-heure plus tôt.

Son visage rougit de colère et elle se leva brusquement. Elle regarda autour d'elle et, saisissant un coussin, elle commença à me frapper avec. Je n'étais même pas furieux à cause de son comportement immature, plutôt étonné par son audace et surtout amusé que mes propos l'aient choqué.

—Vous. Êtes. Un. Putain. De. Connard.

Elle prit soin de détacher chaque mot en continuant à me frapper. Je ne sourcillai pas.

—Et c'est seulement maintenant que tu t'en rends compte ?

—Arrêtez ça ! Putain, comportez-vous en homme responsable, vous avez quarante ans !

—Quarante-et-un, la corrigeai-je pour la frustrer davantage.

Elle se stoppa. Je la trouvai mignonne, les cheveux ébouriffés par l'effort et les yeux écarquillés.

—Mais quel genre d'humain êtes-vous ?

—Le genre dont les chiennes comme toi ne peuvent pas s'en passer. Maintenant, repose ton cul sur ce putain de canapé - ou ailleurs - et laisse-moi regarder le match.

Au lieu de m'obéir comme elle savait si bien le faire quand il s'agissait de se mettre à quatre pattes ou d'écarter les jambes, elle se précipita vers la télé et débrancha le cordon d'alimentation. Là, elle avait réussi à m'énerver.

Je me levai, et comprenant que ça allait très mal se terminer pour elle, elle rentra la tête dans ses épaules et baissa les yeux. Son air de chien battu ne la sauvera pas. Elle avait déjà dépassé les bornes en osant me frapper avec le coussin, là, ce fut la goutte de trop.

Catharsis [Spin-off]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant