Chapitre 48

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Éloïse


J'aurais dû écouter Lola. Dès le début, elle m'avait avertie, m'avait mise en garde contre cet homme. Mais je n'ai pas su l'écouter, et ce soir, je le regrettais amèrement.

J'aurais dû l'écouter lorsqu'elle m'avait déconseillé de sortir, d'aller voir Ayden parce qu'il me manquait. Pourtant, mon stupide cœur avait pris le dessus, comme toujours.

Je ne pouvais même pas l'accuser de m'avoir trompée. Notre relation n'avait jamais été exclusive. En tant que maître, il avait le droit d'avoir d'autres partenaires. Mais... un homme ?!

Un homme qui s'épile les sourcils, avec une peau hâlée et lisse comme du velours, sans la moindre imperfection. Un homme à la musculature modérée, mais suffisante pour capter les regards. Un homme qui dégageait une douceur et une docilité presque irréelles.

Quand j'étais arrivée au club, la salle principale était quasiment vide. C'était là que j'avais croisé Xavier, l'air furieux. Il n'avait pas fallu longtemps pour qu'il crache le morceau : ce soumis, prénommé Jacob, était son apprenti, destiné à devenir un dominant jusqu'à ce qu'Ayden croise son chemin.

Depuis, il pratiquait du BDSM avec lui, les jours où je n'avais pas le droit de le voir.

J'étais furieuse, mais il fallait que je voie ça de mes propres yeux.

Alec, le propriétaire du club, était aux premières loges devant le grand miroir, les yeux rivés sur la scène. Il était évident que ce spectacle l'affectait aussi. La pièce était saturée de micros, rendant chaque gémissement parfaitement audible à l'extérieur. Quand j'étais arrivé, Jacob se faisait masturber par un sex-toy en forme de lampe torche, sous les regards avides de la centaine de personnes présentes.

Ayden le prenait en photo, et au lieu de le punir, il l'avait embrassé lorsqu'il avait joui comme un débutant. Un baiser charnel qu'il m'avait toujours refusé.

Cette scène m'avait brisé. J'avais perdu le contrôle. En larmes, je m'étais précipitée vers la porte pour l'ouvrir brutalement, interrompant leur mascarade. Je ne pouvais plus supporter cette humiliation.

— Éloïse...

Ayden semblait pris de court, sans pour autant montrer la moindre émotion à mon égard.

— Comment avez-vous pu... ?

Il ferma les yeux, visiblement agacé, tandis que l'androgyne, toujours à ses pieds, me dévisageait comme si j'avais envahi son espace intime où je n'avais aucune place.

— Vous me dégoûtez ! crachai-je. Je savais que vous étiez un sadique, mais ça...

Je désignai le soumis du doigt avec mépris. Le visage d'Ayden se durcit, prenant cette expression froide et détachée que je connaissais trop bien. Il tenait vraiment à ce gars alors ?

— Fais très attention à ce que tu vas dire, siffla-t-il.

— Je n'ai plus aucun ordre à recevoir de vous ! À partir de cet instant, vous n'êtes plus mon maître !

Jacob ouvrit de grands yeux.

— Quoi ? balbutia-t-il.

Ayden l'ignora et, avec une tranquillité déconcertante, détacha son collier avant de lui retirer le crochet anal. Comme si je n'existais plus, comme si ma présence n'avait jamais eu d'importance.

Ce mépris trop évident me transperça le cœur.

— Comment ça, « maître » ? insista-t-il, cherchant désespérément une réponse dans nos regards.

Catharsis [Spin-off]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant