Chapitre 59

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⚠️ Ce chapitre contient des scènes d'automutilation. Si vous êtes sensible à ce genre de contenu, je vous recommande de faire preuve de prudence.

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Éloïse


Les pieds enfoncés dans l'herbe humide, je me tenais immobile devant la tombe de ma mère. Le vent frais de l'automne faisait virevolter les feuilles mortes autour de moi. Une rose rouge à la main, je la déposai doucement sur la pierre tombale, mes doigts frôlant le marbre glacé. Les larmes montèrent sans un bruit, et, bientôt, elles creusèrent de légers sillons sur mes joues.

Lola posa sa main réconfortante sur mon épaule. Je pensais que me recueillir sur la tombe de ma mère me ferait du bien, mais je m'étais fourvoyée. Actuellement, j'avais doublement mal au cœur.

— Ça va aller, murmura-t-elle avec douceur. Elle est toujours là, avec toi, d'une manière ou d'une autre.

Je hochai la tête, incapable de prononcer le moindre mot. Pendant des années, j'avais essayé de ne garder en mémoire que les bons souvenirs de ma mère, mais les derniers événements – entre mon enlèvement et ma rupture avec Ayden – m'avaient brutalement ramenée à une vérité que j'avais presque oubliée dans l'illusion d'un bonheur passager : la vie est une garce.

Après un dernier regard vers la tombe, nous nous éloignâmes lentement, laissant derrière nous le calme lugubre du cimetière et les regards invisibles des défunts.

De retour à l'appartement, je me sentais plus vide que jamais. Je m'effondrai sur le canapé, fixant machinalement le tableau que j'avais recouvert d'un drap, pour éviter de croiser son regard à lui. Lola, toujours attentive à mes moindres émotions, ne tarda pas à remarquer mon trouble.

— Qu'est-ce que tu comptes faire du portrait de ce connard ? lança-t-elle en désignant le cadre voilé.

Je soupirai, sentant ma gorge se serrer.

— J'aurais voulu le lui rendre, avouai-je. Mais je ne sais pas si c'est la meilleure des idées...

— Mauvaise idée, rectifia-t-elle d'un ton tranchant. Si j'étais toi, je le jetterais.

Je grimaçai. C'était grâce à ce tableau que j'avais obtenu ma meilleure note. Comment pourrais-je m'en séparer comme s'il n'avait aucune valeur ? Pourtant, je savais que le garder ne ferait qu'alourdir ce poids dans ma poitrine. Si je voulais tourner la page, il fallait que je prenne une décision.

— Je vais le lui rendre, décidai-je après un silence.

Lola me scruta un instant, les sourcils froncés.

— Tu cherches juste une excuse pour le revoir ? m'accusa-t-elle sévèrement.

— Tu ne peux pas comprendre, répliquai-je avec amertume. Ton copain précoce est au petit soin avec toi, tu ne sais pas ce que c'est que d'être repoussée par la personne qu'on aime !

Elle haussa les sourcils, vexée par mes paroles. Immédiatement, je regrettai de l'avoir blessée. Je n'avais pas voulu être cruelle, mais j'aurais aimé qu'elle comprenne à quel point j'étais perdue. C'était la première fois que j'aimais de cette manière... et c'était un échec cuisant.

J'aimais un homme qui refusait d'être aimé.

— Fais ce que tu veux, Éloïse, lâcha-t-elle avec froideur. Mais fais attention à ne pas trop t'enfoncer. C'est moi qui devrais te ramasser à la petite cuillère, comme toujours.

Je restai immobile sur le canapé, le regard perdu dans le vide. Lola se retira dans sa chambre, probablement agacée par notre échange. Une boule se forma dans ma gorge, une sensation d'étouffement qui ne faisait que croître. J'avais besoin de fuir, de prendre de la distance avec cette triste vie qui m'engloutissait.

Catharsis [Spin-off]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant