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POV Charles

La maison est calme, et pourtant, l'air est lourd. Je suis avec ma famille, mais une partie de moi semble toujours être ailleurs. Mes frères, Arthur et Lorenzo, ma mère, ils sont tous là, mais cette sensation de malaise refuse de me quitter. Je ne suis pas bien, et je ne sais pas comment me libérer de ce poids. Je me sens à la fois trop près et trop loin d'eux. Leurs sourires, leurs rires, tout ça semble lointain, comme si j'étais derrière une vitre.

J'essaie de me concentrer sur les conversations, mais je me retrouve souvent à regarder dans le vide, mes pensées dérivant. La présence de Max me manque plus que je ne voudrais l'admettre. C'est idiot, mais je ne parviens pas à chasser cette tension qui me serre la poitrine. Je me sens faible, pris dans un tourbillon d'émotions contradictoires que je ne comprends même pas moi-même.

Mon téléphone vibre sur la table, et je vois que c'est Max. Je n'ai pas envie de répondre tout de suite. Je sais que ce qu'il m'a dit dans son dernier message était sincère, mais je n'ai pas envie d'affronter ce vide qui persiste en moi. Il ne comprendrait pas, je ne pourrais pas lui expliquer. Et je ne veux pas qu'il me voie comme un fardeau. Pas lui. Pas encore.

Je pose mon téléphone, me lève lentement et fais quelques pas dans la maison. Je me sens à la fois agité et épuisé. Le bruit de la télévision, les rires de mes frères... tout ça est comme un brouillard autour de moi. Ce n'est pas qu'ils ne me comprennent pas, c'est juste que je suis trop éloigné de tout. Trop loin dans mes pensées.

J'ai besoin de voir quelqu'un. Mais pas ma famille, pas Max, pas même mes amis proches. Il y a une seule personne qui saura comprendre sans poser de questions. Quelqu'un qui connaît l'ampleur de ce que je ressens.

Je prends mon manteau, préviens ma mère que je vais faire un tour, et je quitte la maison. Je monte dans la voiture et pars en direction de la maison de Sebastian. Lui seul sait, vraiment. Il est celui qui, sans jamais demander de détails, a compris ce qui se cache derrière ma haine pour Binotto. Il est le seul qui sait pourquoi ce retour me tourmente autant. Il est mon seul allié dans cette bataille, même si, au fond, je n'ai jamais mis de mots sur ce que j'ai vécu.

La route est courte, mais chaque minute me semble plus longue. J'ai besoin de voir Seb. J'ai besoin de sa présence, de son calme, de sa compréhension. Lui, au moins, ne me jugera pas. Il ne me demandera pas d'expliquer, il sait ce qu'il en est.

Je gare la voiture devant chez lui, sors et frappe à la porte. Quelques secondes plus tard, il ouvre, un sourire en coin. Il a toujours cette expression rassurante, comme un vieux frère, celui qui sait quand il faut parler et quand il faut juste être là.

— Salut, Charles, dit-il en m'invitant à entrer.

Je n'ai pas besoin de dire un mot. Il voit la tension sur mon visage, le poids dans mes yeux, et il n'essaie même pas de me forcer à parler. Je m'assois sur le canapé, et il va chercher une bière, une pour lui et une pour moi. Il me la tend sans un mot, s'assoit à côté de moi, et c'est tout. Il attend.

Je prends une gorgée, puis une autre, comme si l'amertume de la boisson pouvait m'aider à expulser cette douleur qui me déchire. Mais elle reste là.

Il m'observe un moment, sans rien dire, puis se penche en avant, croisant ses mains.

— Tu veux en parler ? me demande-t-il enfin, avec douceur.

Je secoue la tête. Non, je ne veux pas en parler. Parce que si je commence, je ne suis pas sûr de pouvoir m'arrêter. Mais il sait, il comprend. Il sait que ce n'est pas juste une question de stress de course ou de pression. Ce que je ressens, c'est bien plus lourd. Et il n'y a que lui qui pourrait comprendre cette lourdeur, cette douleur.

Il se redresse, me laisse un peu d'espace, et je vois ses yeux se durcir légèrement. Il sait à quoi je pense, et il sait aussi pourquoi ça me fait mal. Je n'ai jamais eu besoin de lui raconter tout ce qui s'est passé. Il le devine, il le ressent.

Il pose une main sur mon épaule, d'un geste presque paternel.

— Écoute, Charles, je sais que c'est difficile. C'est pas facile de porter ce genre de poids, mais tu n'as pas à le faire seul. Pas maintenant. Pas avec tout ce que tu as traversé. Et je sais que tu n'as pas besoin de me dire quoi que ce soit. Je le sais, Charles. Tu n'es pas seul dans cette histoire.

Il n'y a pas de jugement dans ses yeux, juste cette compréhension silencieuse. Une sorte de paix qui s'installe en moi. Je ferme les yeux, me laissant aller un peu, pour la première fois depuis des semaines. Je n'ai pas besoin de tout expliquer. Il sait. Et ça me suffit.

Je prends une grande inspiration, et, pour la première fois, je me sens écouté, compris, sans avoir à dire un mot. Il me laisse être moi-même, sans pression.

— Tu veux qu'on aille faire une balade, ou que je te montre un peu de ce coin que j'aime bien ? me propose-t-il alors.

Je secoue la tête, mais cette fois, un sourire léger apparaît sur mes lèvres. Je n'ai pas besoin d'une balade. Je n'ai pas besoin de parler plus. Tout ce que je veux, c'est être avec quelqu'un qui sait, qui comprend.

— Non, Seb, ça va. Je crois que... je crois que je vais juste rester ici. Repos.

Il hoche la tête, son sourire tranquille ne quittant pas ses lèvres.

— Comme tu veux, Charles. Tant que tu sais que je suis là, c'est tout ce qui compte.

Et c'est tout ce dont j'ai besoin. Pas de mots. Juste sa présence. Un soutien silencieux, mais bien plus fort que tout ce que je pourrais espérer.

Je me laisse aller contre le canapé, la tête un peu plus légère. Pour la première fois depuis des jours, je me sens un peu plus apaisé. Peut-être que je n'aurai jamais la force de dire tout ce que j'ai sur le cœur, mais avec lui, je n'en ai pas besoin. Parce qu'il sait. Et qu'il me permet de simplement être.

Romeo save me ~ LestappenOù les histoires vivent. Découvrez maintenant