II - À la rencontre du destin

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      – Qu'est-ce que je fous ici ? Merde ! demanda un passager tapi derrière la tuyauterie.

Jules comprit que cette voix appartenait à un homme, d'après sa tonalité rauque. Était-ce un membre de sa famille ? L'individu ne lui inspirait confiance. Cependant, il devina vite qu'il était dans la même situation que lui. Tout était si étrange dans cette pièce qu'il en était effrayé. Le pauvre garçon, désemparé, ne sut quoi répondre. Il préféra donc rester cloîtré dans le silence le plus absolu.

– Réponds-moi, bordel ! continua l'homme qui ne cessait de se débattre.

Jules était paralysé. Il se fabriqua une cachette de fortune en se mettant en boule, mais ses poignets le brûlaient. Il se baignait peu à peu dans le lac de la tourmente. Il se trouvait au milieu de nulle part, la mémoire partie en lambeaux, avec un inconnu qui le terrassait. Le jeune homme pria pour se réveiller au plus vite.

De nouveaux râles traversèrent la pièce. Ils provenaient du même endroit que ceux de l'homme. Il ne s'adressait pas à lui, mais à ce nouveau passager.

– Qui es-tu ? Et pourquoi je suis attachée ? Ma tête...

Cette voix plut à Jules. Elle était douce, délicate, mais fragile. Cassée par moment, mais agréable à écouter. Elle appartenait évidemment à une fille, peut-être de son âge. Son âge. Il ne s'en souvenait même pas. Son pouls s'accéléra. La jeune femme lui inspira davantage de confiance que l'autre homme. Jules ferma les yeux et s'osa à faire preuve d'existence.

– Euh... Bonjour.

– C'est toi qui m'a enfermé ? s'énerva l'homme. Libère-moi où tu recevras mon poing dans ta gueule.

Jules sentit tous ses muscles se raidir. Il mordit sa lèvre inférieure, regrettant de s'être montré.

– Je crois bien être dans la même galère que vous deux... Où sommes-nous, et qui êtes-vous ? Je ne me souviens de rien, sauf de mon nom, enfin... je crois. Je me suis réveillé, les poignets...

– Attachés et la tête dans le pâté. On sait mec, termina l'homme sèchement.

Jules eut l'impression que son cœur pouvait le lâcher à tout moment. L'arrogance et le mépris de l'individu le désemparaient.

– Avant de commencer les présentations qui s'annoncent être sous les meilleures auspices, je vous propose de nous libérer de cette étreinte. Ça me brûle la peau.

La douce voix, angélique et pleine d'assurance, conquit Jules. Son pouls semblait retrouver peu à peu une cadence normale, mais le jeune homme ignorait totalement ce qui était normal et ce qui était étrange. Il eut le sentiment d'être plongé dans un nouveau monde sans aucune norme.

– Et comment tu comptes nous libérer de là ? réprimanda l'homme. Le nœud est beaucoup trop serré.                                                

– En effet, mais au-dessus de moi est dressé un clou, et quelque chose me dit qu'il va être notre héros.

      Jules l'entendit se relever, non sans difficulté, et se frotter contre le tuyau, de haut en bas, pour que la corde puisse céder face au clou.

– J'y suis presque, deux secondes les gars... C'est bon !

      Un soupir s'échappa de la bouche de Jules. Il était soulagé, cette fille lui paraissait essentielle pour la suite de son histoire, car son instinct lui murmurait que l'on attendait quelque chose de lui.

La jeune femme libéra d'abord l'homme, puis elle s'approcha de Jules. Un halo de confiance l'entourait. Alors qu'elle était en train de défaire le nœud, sa chevelure chatouillait le visage du jeune homme. Ce dernier pouvait distinguer une femme brune, parsemée de quelques mèches rebelles blondes. Ses cheveux se déplaçaient, s'ondulaient avec une certaine grâce qui ne laissait pas indifférent Jules. Il faillit se noyer dans la profondeur de ses yeux bleus. Des taches de rousseurs illuminaient son visage clairvoyant. Jules ne sut quoi dire, figé devant le charisme que dégageait la jeune femme.

REVELUM [EN REECRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant