LXII - Les maîtres du jeu

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Jules afficha un visage détruit, rongé par le chagrin. Il vit le monde s'écrouler autour de lui. Les murs tombaient en lambeaux tout comme son sourire. April ne faisait plus partie de ce monde, il en avait la certitude. Le jeune homme tenta de se relever, mais ses jambes refusaient de rester debout. Des caillots de tristesse et de désespoir empêchaient au sang de les irriguer. Chaque seconde qui passait était un nouveau coup de poignard dans le dos.

      - Elle est morte ! Elle est morte ! ne cessa-t-il de répéter, abattu par la disparition de sa partenaire.

      Stan s'était assis près de lui. Il ne savait quoi dire, dévoré lui aussi par la perte d'April. Il avait tant pleuré que ses yeux s'étaient vêtus d'un haillon rouge. Maintenant, ils n'étaient plus que deux pour tuer Aaron. Deux âmes en deuil contre le reste du monde. Le doyen lui tapota l'épaule pour montrer toute son empathie, mais cela ne permit pas d'arrêter les plaintes lancinantes de Jules.

      Ce-dernier se sentait mort : April était son organe vital. Elle lui envoyait des vagues d'énergie à chaque regard. Jules savait au fond de lui qu'April était unique. Elle était son dahlia noir, mais celui-ci venait de faner. Elle était sa lumière, mais celle-ci venait de s'éteindre à jamais.

      - Elle était aussi ma colombe, mon ange, ma pépite d'or et tout ce que tu veux, Stan. Elle était mienne. Mon cœur battait en harmonie avec le sien. Maintenant, il ne suit plus la cadence, il est déréglé, il va bientôt céder.

      Stan écarquilla les yeux. Il se leva, marqua un silence et se lança :

      - Je ne supporterai pas de perdre mon troisième enfant, Jules. Tu le sais que tu as ce petit quelque chose en plus que les autres n'ont pas. Tu es peut-être vraiment mon fils. Je me dois de te protéger, Jules.

      Le doyen se jeta sur le jeune homme et l'enlaça de toutes ses forces. Jules sentit sa nuque s'humidifier.

      - Je le sens au fond de moi que tu es mon fils. Je t'aime, mon enfant. Je ne peux pas te perdre.

      Jules quitta l'étreinte de son soit-disant père et le regarda dans le blanc des yeux. Il vit un regard meurtri où un voile brumeux recouvrait ses beaux yeux de cristal. Le jeune homme ne put répondre. Ses doigts tremblotaient. Il ouvrit la bouche mais rien ne sortit.

      - April aurait voulu que tu te battes pour elle. Elle n'aurait pas accepté que tu te morfondes pour l'éternité. C'est ce que tu m'as dit tout à l'heure pour me réconforter quand nous avions découvert Noah.

      - Je veux me battre, Stan. Mais je ne peux pas. Tu sais, il y a quelque chose de pire au malheur. C'est d'avoir goûté au bonheur. Comment je peux être heureux, maintenant ? April est morte !

      - Nous n'en savons rien ! Elle a sûrement dû s'évanouir ! Je le sais. Un bâton ne peut tuer quelqu'un... Nous devons garder espoir !

      Jules serra les dents. Il avait encore du mal à réaliser ce qu'il venait de se passer. Il se concentra pour visualiser sa belle mais ses pensées l'empêchèrent d'y accéder. Elles dessinaient seulement le visage terrorisé d'April subissant la violence hors norme des Taureaux. Même ses pensées étaient contre lui.

      - Aaron peut tout faire, Stan. Nous devons le comprendre, ça. Il est le maître du jeu, nous sommes les pions. L'espoir ne fait pas partie des règles du jeu. Le hasard n'est pas autorisé. Même April l'avait dit.

      - Battons-nous alors. Agissons avant qu'il ne soit trop tard ! Allons plus haut que ces montagnes de douleur. Imagine, April et les autres sont sur le point de se faire ouvrir en deux ! Nous devons les aider ! Devenons les maîtres du jeu et abattons le loup !

      Jules sourcilla suite à cette dernière métaphore.

      - Oh, euh... C'était un jeu que j'avais trouvé avec Leen, au centre commercial. Mais Noah l'avait mis au feu ; il en avait marre de perdre.

      Le doyen ricana en replongeant dans la nostalgie. Jules ne parvint même pas à décrocher un semblant de sourire. Il ne songeait qu'April.

      - J'ai envie de revivre ses moments, Jules. De retrouver le bon vieux temps. Le temps vient de commencer. Foutaises, oui !

      Jules ne l'écoutait même plus parler. Il s'interdit de penser à autre chose qu'April.

« Dans quelques minutes, je te rejoindrai April... »

      - Lève-toi Jules, je t'en supplie. April est vivante, je le sens ! Et puis...

      Le doyen s'arrêta net. Il ne savait plus quoi dire pour convaincre le jeune homme de se relever.

      - Il est plus facile de déplacer une montagne que de te faire lever...

      - Je ne suis qu'une merde, Stan, une merde ! Voilà tout ! On ne devait pas se quitter. Je l'ai trahie. Je ne l'ai pas quittée. Non. Je l'ai abandonnée.

      Jules se remit à pleurer. Il s'en voulait d'avoir été incapable de la sauver. La barrière de la peur demeurait insurmontable. Il se dégoûtait.

      - Tu as été une merde, si tu veux, grommela Stan. Mais moi aussi, Jules. J'ai été incapable de la sauver... Nous sommes pareils, au fond. Deux merdes. Mais je trouve ce mot abject. J'aimerai le supprimer de mon vocabulaire. Rattrapons-nous. Devenons des hommes !

      Jules sentit la voix du doyen s'emballer. Il savait qu'il se pliait en quatre pour lui. Cela lui fit bien évidemment chaud au cœur.

      - Jules, s'il te plaît. Je te le demande une dernière fois. Lève-toi. Sinon, je reste ici avec toi et j'attends. Il paraît que ça marche toujours.

      Le jeune homme décrocha enfin son premier sourire. Stan était beaucoup trop important pour lui. Il ne pouvait le perdre lui aussi. Il sentit à nouveau une braise en lui. La flamme n'était pas encore morte. Jules tendit alors son bras et Stan s'empressa de le saisir. Jules eut encore du mal à tenir debout, mais son cœur ordonnait à ses jambes de rester en place. Stan lui tapota sur l'épaule, comme à son habitude.

      - Tu as pris la bonne décision, mon enfant.

Les deux se prirent dans les bras et scellèrent à jamais leur union.

      La partie pouvait reprendre. Il ne restait plus que deux vies pour sauver le monde. Jules escomptait bien en récupérer.

Et ne pas en perdre une nouvelle.

      Bonjour à tous ! J'espère que vous allez bien et que ce chapitre vous plaira

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Bonjour à tous ! J'espère que vous allez bien et que ce chapitre vous plaira. Moi, je suis un peu sceptique pour tout vous avouer. J'ai peur de plonger dans la répétition, dans l'ennuyant... J'ai tellement hâte de vous montrer la fin, je peux plus attendre ! L'image est assez "tordue". En fait, Stan et Jules s'unissent, et ils sont prêts à sauver le monde. Ils sont les maîtres du jeu !
      Je suis désolé du petit retard, j'ai eu une soirée, après j'étais chez des amis, et ce soir et demain, c'est pareil... Je commence mes vacances maintenant moi !
      A bientôt.
      Baptiste. ❤️
      Au fait, je vous le dis pas assez, mais je vous aime.

REVELUM [EN REECRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant