LXI - Le dédale infernal

67 10 5
                                    

(Coucou, ce chapitre est très long, je m'en excuse, mais je ne me voyais pas le couper. Il est trop important, et je l'adore. Bonne lecture. ❤️)

      Jules prit la main d'April et descendit à toute vitesse de cet endroit de malheur. Cette nouvelle phrase obstruait toutes ses autres pensées. Le cerveau du jeune homme bouillonna. Il ne lui fallut que quelques secondes pour en extirper son sens. Le sablier était retourné. Ils n'avaient plus de temps à perdre. De plus, elle complétait l'autre qui ne cessait de le suivre. Aaron venait de commencer la résurrection de l'humanité. Des clones. Jules avait un mauvais pressentiment. Au fond de lui, il le savait. Tout sonnait comme une évidence.

« Clint. Law. Leen... »

Le jeune homme rechigna. Il espéra faire fausse route.

« Il ne s'agit que de Noah peut-être... »

Nul doute, Jules devait se dépêcher. Il sentit couler en lui, dans ses veines, le danger. Il eut même l'impression d'entendre tournoyer dans le vide les cris de détresse de ses amis.

- Nous n'avons plus de temps, scanda-t-il, en se retournant pour voir où en était Stan.

- Attention ! hurla April.

Alors qu'il venait de les mettre en garde sur le temps qui ne cessait de s'égrainer, Jules percuta une grille qui se trouvait au pied de l'escalier. Le jeune homme massa sa tempe pour tenter de désamorcer la bombe qui résidait dans son crâne. Les légères remontrances du doyen lui paraissaient si lointaines... Il se raviva les esprits peu à peu, avec l'aide des baisers de sa belle. Jules scruta son agresseur - la grille. Elle arborait en son centre deux petites étoiles. Même à vingt mille lieues sous la terre, Revival était présent.

Plus personne ne parla du cadavre. Il était trop horrible pour en parler. Il salirait à jamais leur bouche. Stan décida alors d'ouvrir la grille, qui fit d'ailleurs un bruit métallique horripilant. Jules plaça ce son en seconde place des sons détestables, derrière ceux des Testeurs. La petite troupe pénétra dans cette nouvelle zone. Jules l'analysa dans les moindres détails. Les murs étaient toujours en pierre. Les flambeaux avaient disparu pour laisser place à ces mêmes néons qu'il y avaient dans les autres parties de la base. Certains semblaient sur le point de s'éteindre définitivement. Des caméras se trouvaient par monts et par vaux, encore et encore. Enfin, Jules ne comprit pas pourquoi il déambulait sur une cacophonie de matières. Il marchait sur du goudron craquelé, mais aussi sur des gravillons, des fragments de roche, de la boue, de la terre et des flaques d'eau. Jules en eut un frisson dans le dos. Il se figea et resta pantois le temps d'un instant. Il observa ses compères et les deux affichaient un visage aussi blême que la lune.

Jules était perdu dans cet espace où passé et présent s'enchevêtraient, dans cette atmosphère où les pensées ne cessaient de passer.

La petite troupe s'aventura, tant bien que mal, dans sa nouvelle demeure.

- Et s'il y a d'autres étages comme celui-ci ? marmonna April, en essayant de masquer son inquiétude.

- Je ne pense pas, rétorqua le doyen. Enfin je l'espère. Je ne sais pas s'il est possible de construire aussi profondément.

« Aaron est capable de tout, Stan, même de voler l'immatériel. La liberté, l'âme, la vie, rien ne lui échappe. »

Stan esquissa un faux sourire optimiste et tendit le poing. Les deux adolescents l'imitèrent. Jules savait qu'ils se voilaient tous la face, qu'ils baignaient dans l'hypocrisie la plus intense. Ils s'aimaient, oui, ils pouvaient se tuer pour sauver leurs amis, mais ils refusaient d'accepter qu'ils étaient impuissants face à la cruauté d'Aaron. Ils étaient les papillons de l'ombre.

REVELUM [EN REECRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant