LX - Highway to hell

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      La petite troupe arriva, plus déterminée que jamais, devant la porte de la salle aux Noah. Vide. Une odeur assez répugnante rôda dans le couloir.

      - Nous devons nous dépêcher, souligna Jules. Je ne sais pas si le bâtiment va tenir encore longtemps debout à cause de l'explosion...

      - Il a tout prévu, de toute façon, rétorqua le doyen sur un ton quelque peu maussade. On devait mettre le feu. On l'a mis. La base ne risque rien, j'en suis presque sûr.

      - Ou alors nous venons de déclencher un chronomètre.

      Jules sourcilla suite à la phrase de son amie. Il ne comprit pas où elle voulait en venir.

      - Chaque zone correspond à une sorte d'épreuve. Nous l'avons compris. Nous avons franchi l'épreuve de l'obscurité, l'épreuve du feu et maintenant, nous allons devoir affronter l'épreuve du temps. Vous avez entendu l'explosion ? La base ne tiendra jamais longtemps, je le sens. Nous n'avons plus beaucoup de temps pour tuer Aaron. Mais... j'espère me tromper.

      - Aaron ne prendrait pas le risque de tout détruire et de nous perdre définitivement, répondit le doyen. Ça serait ridicule...

      Jules ne sut qui croire. Ses interrogations fusèrent dans sa tête. Aaron manipulait-il aussi le temps ? Que se trouvait-il derrière cette nouvelle Frontière ? A quelle sauce allait-il être mangé ? Seul l'écho de ses craintes répondit. Le jeune homme proposa donc de continuer comme si le sablier était déjà retourné. Les deux autres opinèrent.

      Jules passa sa tête une dernière fois afin de vérifier qu'il ne reste aucun clone, aucune créature du Mal. Il posa un pied dans la salle, puis un autre. Il remarqua aussitôt qu'il n'y avait pas de poignée sur cette porte. Les Noah ne pouvait donc sortir. Ils étaient condamnés à dépérir entassés. Son cœur se serra. Malgré l'immensité du lieu, il se sentait à l'étroit. Il étouffait dans cette bulle où virevoltaient des effluves écœurants, tels des poignées de putréfactions et des soupçons de fétidité. Jules se sentit nauséeux. Tous ses membres se crispèrent. L'odeur était insoutenable. Ses épaules se soulevèrent et une sorte de hoquet s'évada de son gosier. Puis un autre. Jules eut l'impression que l'odeur de la pièce rentrait dans son organisme. Il sentit son estomac le torturer. Quelque chose arpenta son œsophage. Le jeune homme ne put rester. Il quitta la salle nauséabonde, poussa Stan, s'accroupit et régurgita sa carotte et ses fruits secs. Jules se sentit faible, vaseux. Il ouvrit et ferma sa bouche frénétiquement ; une haleine affreuse volait dans sa bouche, comme si un Noah était enfoui au fond de sa gorge.

      « Ils me hanteront jusqu'à la fin de mes jours... Peut-être qu'on n'aurait pas dû les... Non, non, non, tais-toi Jules. Ils n'étaient pas vivants ! Mais... Aaron ! Tu ne me laisseras jamais tranquille ! »

      Jules grimaça. Il tira ses cheveux, poussa un cri de douleur mais continua. Il était destiné à souffrir, autant commencer maintenant. Le jeune homme perdait le contrôle de lui même. Il avait beau essayé de résister, de tendre le poing, de se battre, il passait toujours sur la case départ. Sa vie tournait en rond. Il était à bout, il se battait, il luttait, il souriait, il pleurait, il était à bout. Un rien le tourmentait.

      April et Stan se jetèrent sur lui pour tenter de le calmer. La jeune femme lui arracha les mains de sa masse capillaire et lui déposa sur le front une frénésie de baisers. Jules s'apaisa peu à peu, apaisé par la tendresse naturelle de sa belle.

      - Calme-toi, Jules. Calme-toi. Nous allons y arriver. Nous allons le tuer, ensemble. Nous allons commencer une vie, loin d'ici. Tu ne peux pas me laisser-là. J'ai besoin de toi Jules. Tu es mon oxygène, mon étoile. Sans toi, je ne suis qu'une demi-lune, qu'un ange déchu, qu'une fleur sans pétale, qu'un livre vierge. Je ne peux pas vivre sans toi. Nous sommes qu'un. C'est ensemble que nous allons écrire notre histoire. Quand je suis en haut d'un toboggan, c'est toi qui me rattrapes. Personne d'autre. Lève-toi Jules et prenons notre plume. Rédigeons notre vie.

REVELUM [EN REECRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant