Jules et April prirent le temps de se reposer une bonne heure afin de regagner leur esprit et de contempler l'île d'Azzula. Le soleil se reflétait sur l'eau, calme et sereine. La ville, figée dans le temps, ne paraissait plus souffrir, comme si son cœur s'était endormi à jamais. Quant à la jungle, elle semblait être pleine de vie, de ressources.
- Les Testeurs n'ont pas du s'aventurer dans la jungle, affirma April.
- Je pense aussi. Regarde là-bas, ces oiseaux ! On dirait qu'ils dansent dans le ciel !
- Ton escalade t'a rendu poétique, ma parole, soupira la jeune fille.
Un doux vent vint frémir la verdure de ce paysage. Jules put y apercevoir quelques espaces vides, sans doute des clairières. Cette jungle lui parlait, l'attirait. Jules savait que sa mission était de la rejoindre. Soudain, il repensa à Clint. Le jeune homme se douta qu'il allait avoir affaire à ses retrouvailles. Il se demanda comment il allait réagir. L'accueillir à bras ouverts, éprouver de la compassion, peut-être, ou bien l'ignorer, voire le rejeter. Selon lui, Clint était dangereux, mais affectueux. Un mélange étrange, mais bien réel.
April vint tout à coup interrompre ses pensées :
- Je parie que tu penses à Clint, Jules.
- On peut rien te cacher, à toi, s'exaspéra le jeune homme. Je me demandais comment on allait le recueillir. Seul, il ne pourra survivre. Il en est conscient, et ce malgré sa folie.
- Je sais, déclara April. Je pense que l'on verra au moment venu, selon son état.
- Bien... Il est tant de repartir, tu ne crois pas, avant que le soleil se couche ?
- Nous avons encore le temps avant que le soleil se couche, je pense. On trouvera refuge dans une clairière, dans la jungle. En route.
- Tu ne penses pas que l'on devrait examiner toute la ville d'abord ? s'interrogea Jules.
- Vu l'état de cette ville, je doute qu'une personne voudrait revenir ici. En attendant, nous devons redescendre.
April pointa du doigt un côté du toit. Jules s'y approcha et vit des escaliers, à une vingtaine de mètres de là où ils se trouvaient.
- Ne me dis pas que je vais devoir te remontrer mes pecs ?
La jeune fille rigola, puis répondit, d'un air hésitant :
- La corde serait inutile puisqu'on ne peut l'attacher en bas. Le mieux serait que j'aille jouer au singe pour attacher la corde sur un point solide. Tu es encore trop faible, depuis ton ascension à l'intérieur.
- T'es sûre de ton coup là ? Tu as peu d'appuis jusqu'à l'escalier !
- Peu, mais assez. Pendant que tu te prélassais, je dessinais mon chemin.
- Tu ne t'arrêtes jamais, toi en fait ! déclara Jules, la voix amusée mais tout aussi crispée.
April rigola quelques secondes, puis s'approcha du vide.
- A tout à l'heure, peut-être, déclara solennellement la jeune fille.
- Sois prudente, et.. On ne se quitte pas, hésita Jules. On ne se quitte pas.
- On ne se quitte pas.
April prit son sac et s'aventura dans le vide. Jules ne la quitta pas du regard, et lui lança un clin d'œil. La jeune fille positionna sa jambe gauche sur un bloc de ciment qui dépassait de quelques millimètres de la façade. Son autre jambe essaya de trouver une seconde place sur ce rebord. Ses mains quittèrent le toit pour s'accrocher au pavé, dix centimètres plus bas.
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REVELUM [EN REECRITURE]
AdventureAvez-vous déjà voulu être seul au monde ? C'est ce que Jules va découvrir. Non. Subir. Émergeant d'un sommeil profond, le jeune homme se trouve au beau milieu d'un bateau, accompagné de deux autres passagers, les dernières braises de l'humanité. Mai...