LXVIII - Entre mensonge et soupçon

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Elle était là. Sous ses yeux. Déployant un sourire illuminant encore plus la salle de torture. Elle affichait une mine radieuse, tout comme Law. Elles avançaient, sur une cadence en désaccord avec le souffle du jeune homme qui ralentissait dangereusement. C'était bien la première fois qu'ils empruntaient un chemin différent. Et certainement la dernière fois.

- Tu... tu... n'es pas... je..., bredouilla Jules, enivré par le trouble.

- Tout était faux, Jules, répétèrent-elles de vive voix, accompagnées d'Aaron.

- Mais je t'ai vu ! Sous les Taureaux ! Tu... tu étais morte !

La voix de Jules marqua encore plus son trouble. Il secoua la tête, se cogna contre le pilori, se mordit la lèvre jusqu'au sang. Mais le cauchemar continuait sans cesse d'être la réalité. La vie de Jules n'était qu'un labyrinthe où la sortie n'existait pas. Depuis le début, il était perdu. Manipulé. De nouveau perdu. Il refusa d'y croire, d'admettre la vérité. Il savait qu'il allait se réveiller dans la cabane, avec ses amis. De continuer à mener une vie d'ermite au cœur de la forêt. Ce qui était faux, c'était cet odieux cauchemar qui ne cessait de se terminer.

Une larme dégringola le long de sa joue parsemée de sillons. Son corps était détruit, creusé. Une armée d'événements avait ravagé cette joue. Mais aussi cette lèvre. La larme alla y trouver refuge et le sel épousa l'amertume du doute. Cette larme, souillée par l'incompréhension, la détresse, l'épuisement, avait tout d'une larme réelle, ou d'une énième lame cruelle.

Jules n'avait plus aucune énergie pour réfléchir, pour dissocier le vrai du faux, le mal du terrible. Il ne vit que du flou, les formes, de plus en plus lointaines, se transformaient en points d'interrogation. Le jeune homme était dans le gaze le plus complet.

Jules se baignait dans l'incompréhension. Jules se noyait dans ses questions.

- Est-ce que je peux ? demanda April, qui avait toujours gardé sa voix angélique.

Même les anges n'étaient que mensonge. Aaron acquiesça du visage. La jeune femme quitta Law pour aller se servir un verre de whisky qu'elle avala d'une traite. Le tintement du verre contre le bureau se mêla à des coups de feu. Jules n'en était pas sûr. Sans doute son imagination en train de sonner le glas.

Puis, April s'approcha du jeune homme. Ce-dernier la vit se rapprocher de lui, son cœur était sur le point d'exploser. Une sueur froide l'enveloppa. Lorsque celle-ci l'amocha un peu plus avec un poing dans le ventre, Jules savait qu'il ne rêvait pas. Il afficha un regard terrorisé, comme si un fantôme flottait devant lui. Jusqu'à qu'elle lui fasse un clin d'œil.

Avalanche d'interrogations. Allait-elle le sauver ? Avait-elle volé le tour d'Aaron ? Dominait-elle enfin le jeu ? Jules n'y comprenait plus rien et ne parvenait pas à lui donner sa confiance.

- Bonsoir, Jules. Ravie de te revoir.

Elle se mit à rire, mais celui-ci sonnait de travers.

- Je suis ta bonne étoile, Jules. L'étoile de Revival. Aaron m'a engagée pour être ton étoile, mais aussi celle de Clint. Ma sœur... ah! oui, nous sommes sœur, Law et moi. Nous sommes les frangines Segreto. Nous n'avons jamais perdu la mémoire. Tout était faux. Je reprends. J'avais pour mission de m'occuper de toi et de Clint et elle de Noah, Leen et Stan.

Chaque mot s'avérait être un véritable coup de poignard pour Jules. Il n'y avait vu que du feu. Mais elle lui avait fait un clin d'œil.

      « Comment te faire confiance, April ? »

REVELUM [EN REECRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant