XLIX - Le début de la peste

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      Une vague d'adrénaline s'empara des intrus. Stan rappela à April qu'elle ne devait pas sortir de sa cachette jusqu'à qu'ils reviennent. Les deux hommes quittèrent la cabine pour s'apprêter à sortir de l'appareil. Jules était dépité à l'idée de laisser April mais ses yeux brillèrent lorsqu'il aperçut le doux visage de Rose. Celle-ci lui lança un clin d'œil et fit un discret baiser dans le vide. Le jeune hésita, sa mâchoire se crispa mais il décida d'attraper ce baiser et le colla contre son cœur complètement déboussolé. April, elle qui était sa boussole la veille...

      Jules s'étira afin de chasser les mauvaises ondes et se pencha contre une des fenêtres. Une immense structure, chevauchant l'horizon, se dressait sous les yeux du jeune homme. Il sentit la présence du doyen au-dessus de son épaule. Ensemble, ils observèrent l'édifice de malheur devenir de plus en plus imposant. Autour se trouvait un vaste et abominable cimetière de Testeurs. Revival était robuste, il n'y avait plus de doute.

      « Les grosses bêtes n'arrivent pas à les éliminer. C'est à nous de tenter notre chance, nous, les papillons de l'ombre. Nous, les sentinelles de l'humanité. Nous, les virus de Revival. »

      Le gargantuesque bâtiment de béton avait effacé les réflexions sans fin du jeune homme. Ce-dernier trépignait d'impatience : il ne se rendit même pas compte qu'il sautillait tel un enfant devant une pile de cadeaux. L'hélicoptère pénétra dans l'enceinte grâce à un toit coulissant. Les patins d'atterrissage touchèrent enfin le sol. Tous les militaires applaudirent et sifflèrent sauvagement le pilote. Celui-ci ne cacha d'ailleurs pas son orgueil vu son sourire béat.

      Jules était enfin chez l'ennemi. Avec ses camarades, ils allaient enfin pouvoir se faufiler à travers les conduits du Mal, tels des rats portant la peste.

      Les hommes évacuèrent chacun leur tour le véhicule, tout en jappant. Ici, c'était leur maison, leur repère et peut-être même leur tombeau. Jules posa les pieds sur ce nouveau territoire. De l'excitation monta en lui et s'accentua davantage lorsqu'il aperçut Rose déambuler devant lui. Le jeune homme fit mine de ne pas l'apercevoir en observant le décor. Une immense salle l'encerclait. Une série de néons tous alignés au plafond au millimètre près donnait une lumière verdâtre aux murs. Des motifs cubiques arpentaient les parois. Tout était rectiligne, ordonné, droit, sauf Jules. La droiture n'était pas ce qui le qualifiait le plus depuis l'aube.

      - Tous à la cafétéria ! hurla un homme, visiblement affamé.

      Tous hurlèrent tels des ogres ne s'étant rien mis sous la dent depuis des décennies. Ils empruntèrent une porte automatique à l'opposé de la pièce et laissèrent les membres de Revelum, seuls avec Rose ainsi qu'un jeune homme vêtu de pathétiques haillons. Il passait le balai, le regard sans âme, la peau sur les os.

      - Stan, je suppose, chuchota la jeune femme aux yeux émeraudes. Moi c'est Rose Rouge, la fille aux épines dangereuses.

      - Enchanté, Rose Rouge, répondit Stan avec une once d'humour. J'ai beaucoup entendu parler de vous depuis quelques minutes.

      Jules avait du mal à la regarder, par peur de revoir ce sourire démoniaque. Mais une force l'obligea à l'observer. Les parents de Rose avait choisi un nom qui lui allait parfaitement. Elle était délicieuse comme dangereuse. Le cœur de Jules battait pour elle tandis que son âme la haïssait. Il aurait voulu retourner dans cette cage de verre et l'enfermer dans un coffre de pierre scellé par un cadenas nécessitant un code à mille chiffres. Jules voulait mettre fin à cette situation.

      - Lui, c'est Edouard. Il a voulu s'échapper un jour, mais Aaron l'a retrouvé et l'a puni jusqu'à l'éternité. Maintenant, laissez-moi faire. Il y a des caméras partout, ici. Aaron n'est que trop vigilant. Je pense pas qu'on reste tapi dans l'ombre bien longtemps.

REVELUM [EN REECRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant