[Quand t'es obligé d'aller sur Wikipedia pour savoir comment écrire 40, c'est que ton histoire commence à être longue ahah]
Les membres de Jules semblaient être déconnectés de son cerveau, comme si l'homme un peu trop curieux avait cisaillé toutes ses liaisons nerveuses. Le jeune homme ne pouvait bouger. Sa tête lui ordonnait de déguerpir en toute vitesse de cette clairière qui se métamorphoserait en pernicieux champ de bataille, mais ses membres refusaient de s'activer. Jules ne bougea pas d'un iota, tétanisé par la panique. Même la plus puissante des bourrasques serait inefficace. Même son cœur voulait fuir cette affreuse scène : il battait si fort qu'une carpe aurait pu l'entendre. Si ses membres avaient fui, Jules devait donc faire fonctionner sa tête. Il devait renfiler son masque d'improvisateur.
- Stop ! lâcha-t-il froidement, sans la moins once de peur. Ne bougez plus ! Vous avez entendu ?
Le jeune homme vit une vague de têtes tournoyer telle un tourniquet déchaîné. Mais le résultat était sans appel : personne n'avait entendu de bruit.
Jules entamait véritablement une partie de jeu de l'oie. Tout le long, le stress n'était qu'un boulet attaché à la cheville du jeune homme. Lorsque ce dernier arriva à la fameuse case 63, il dut reculer à cause de ce fichu dé farceur. La victoire semblait impossible, semblait s'éloigner de tour en tour et le boulet s'ancrait de plus en plus dans le corps du jeune homme. Depuis son premier réveil, le répit n'était qu'éphémère, et la galère immortelle.
L'homme-curieux, dévoré par son appétit de savoir, replongea dans son vice. Lentement. Encore une fois. Le temps s'estompait petit à petit. Il effleura le sol charnier. Délicatement. Soudainement, un mystérieux bruit se fit entendre et chassa le silence. Mais cette fois-ci, il était bien réel.
Tout le monde se leva et déposa un doigt sur sa gâchette. La horde de soldats pointa, visa vers l'inconnu. Personne ne savait d'où provenait le bruit. Même Jules. Il regarda le ciel, et remercia sa bonne étoile qui le chérissait tant. Il ne pouvait louper cette occasion. Il devait gagner la partie. Atteindre la case 63. Jules lança le dé et se fit au hasard :
- Là ! Je l'ai vue !
Le jeune homme entreprit une course pour crédibiliser son affirmation. Il n'eut pas besoin de se retourner pour deviner que tous ses nouveaux partenaires le suivaient de pied ferme. La discrétion n'était pas dans leur vocabulaire, finalement. Jules fonça dans la jungle, alla là où l'instinct lui dit d'aller. Il aurait fait n'importe quoi pour quitter cet endroit de malheur.
Jules s'abîma la peau à cause d'une multitude de ronces capricieuses et de trous sournois. La végétation était malsaine et fourbe, ici. L'Homme n'avait pas laissé sa trace. La nature était reine. Mais Jules se fichait de tout cela, de toutes ses égratignures. Sa survie demeurait bien plus importante que quelques gouttes de sang en cavale.
- Elle est où, cette pétasse ? aboya un des soldats.
- Euh.. je crois qu'elle est passée à droite ! s'hasarda le jeune homme.
La petite escapade "chasse à l'homme" s'avérait de plus en plus périlleuse. La nature se faisait luxuriante. Elle avoisinait l'impraticable. Jules ralentit, jusqu'à s'arrêter. Les autres l'imitèrent, pareils au reflet d'un miroir. Il posa son index droit sur la bouche afin d'imposer le silence et avec le gauche, il pointa la April imaginaire. Jules avança, sur un sol fait de feuilles et de racines. En esquivant une liane, il chuta et manqua de se fouler la cheville. Mais le jeune homme se releva pour ne pas paraître ridicule.
Il était aux commandes d'une brigade bien plus âgée que lui, mais celle-ci lui faisait pleinement confiance.
« L'Attaque a dû leur retourner le cerveau, ils obéissent au doigt et à l'œil à un ado... » pensa Jules.
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REVELUM [EN REECRITURE]
AdventureAvez-vous déjà voulu être seul au monde ? C'est ce que Jules va découvrir. Non. Subir. Émergeant d'un sommeil profond, le jeune homme se trouve au beau milieu d'un bateau, accompagné de deux autres passagers, les dernières braises de l'humanité. Mai...