Jules ferma les yeux une fraction de seconde et se téléporta au milieu de nulle part. Il ne put encore ouvrir ses paupières fuyant les ardents rayons du soleil. Il se sentit léger comme si son corps était parsemé de plumes virevoltant de la tête aux pieds. Le jeune homme eût l'impression de voyager à travers le temps et l'espace. Il mit ses mains sur son visage et deux petits œufs de cristal aux teintes azures naquirent petit à petit. Après de vains efforts, Jules put découvrir son environnement. Un cri de stupeur sortit alors de sa bouche.Des nuages avait remplacé les militaires de Revival. Il y en avait devant lui comme sous ses pieds. Des boules de coton immenses régnaient dans cet étrange monde. Certaines étaient orange et d'autres mauves. Tout le reste demeurait être un dégradé de la couleur jaune. Jules voulut courir pour sauter dans un nuage duveteux mais la surprise était telle lorsqu'il se rendit compte qu'il volait. Jules hurla de bonheur. Il dominait le monde, seul, au milieu des cieux. Il plana de longues minutes, traversa les nuages moelleux et oublia ses soucis. Il vit au loin un arc-en-ciel. Il agita ses bras tel un albatros et alla rejoindre la structure lumineuse. Mais cette-dernière semblait se mouvoir. Ce fut alors que Jules découvrit au pied de l'arc une minuscule tête argentée munie d'une houppette turquoise. C'était un paon qui flottait dans le même univers que Jules. Son plumage arc-en-ciel dégageait des effluves de fruits exotiques. L'oiseau de Cocagne ouvra le bec et commença sa prestation. Les sons qu'il produisait étaient merveilleux. Jamais Jules n'avait ouï un chant aussi prodigieux.
Le jeune homme s'assit sur un coussin nuageux et contempla un cerf aux bois infinis parsemés de grelots gambader de coussin en coussin. Avec son regard espiègle et ses sabots enchantés, l'animal de la forêt aspirait à la sérénité. Jusqu'à que le siège de Jules éclata.
Il chuta d'interminables secondes dans ce monde fait de nuages et vit disparaître peu à peu les animaux magiques. Les couleurs chaudes viraient de plus en plus au froid. Les nuages devenaient glacés avec leur couleur grise anthracite. Quant au ciel, il prenait une couleur inquiétante qui avalait la lumière. Même un chat n'aurait pu chasser dans de telles conditions. Des éclairs s'abattaient au loin, déchirant l'obscurité. Seul son corps luisait. Tout à coup, Jules sentit une surface dure gésir sous ses pieds. Il ne volait plus. Il fit quelques pas jusqu'à être stoppé net par une paroi de verre. Le jeune homme retroussa chemin et une autre surface le bloqua. Il entendit une trappe se refermer au-dessus de lui. Le jeune homme était pris au piège, enfermé dans une cabine de verre volant dans le vide.
Jules tambourina sur les murs et cria de toutes ses forces pour trouver de l'aide. Mais la seule chose qu'il entendait n'était que son écho qui se répercutait sur les parois vitrées. Cet écho se moquait de sa solitude. Jules prit un élan et se projeta sur une des surfaces, désespéré. Mais aucun résultat. Il fut d'ailleurs surpris de ne ressentir aucune douleur. Il observa ses mains et celles-ci paraissaient difformes. Elles prenaient de plus en plus une allure rougeâtre. Du liquide suintait lentement et remplissait les paumes de Jules. Il les posa sur une paroi et laissa une traînée sanguinolente. Jules décida de s'asseoir et d'attendre. Mais le temps semblait être mort et le sablier figé à l'horizontal.
Le sang avait rempli un dixième de la cabine totalement imperméable. La panique s'empara peu à peu du jeune homme. Il chercha une solution mais le néant de dehors avait envahi l'intérieur de Jules. Soudain, ce dernier entendit une voix angélique transpercer la pénombre. April avançait lentement vers la structure. Ses cheveux rebelles ondulaient dans les airs tels une sirène dans les abysses. Elle posa une main sur une paroi et pleura des étoiles. Jules ne contrôla pas sa bouche : il dit subitement la vérité à April, ce qui s'était passé en haut de la roue. Celle-ci s'écroula ne supportant pas le choc. Elle injuria de tous les noms le traître, bouffée par la haine et le dégoût. Ses cheveux fanèrent et se marièrent à la couleur des nuages. Désormais, du sang sortit de ses yeux.
Jules tourna la tête, écœuré par lui-même et par l'apparence d'April et découvrit le visage de Rose collé à la paroi. Ses yeux émeraudes s'avéraient être deux phares guidant les bateaux égarés. Elle esquissait un sourire. Elle ouvrit sa chemise et laissa apparaître sa poitrine. La jeune femme rentra ses mains dans son thorax et en sortit son cœur. Elle le tendit à Jules, mais celui-ci avait reculé devant cette scène d'horreur. Rose, les mains ensanglantées, dessina sur sa figure un sourire de l'ange et rit jusqu'à devenir diabolique.
Jules hurla, mais aucun son ne sortit. Il était en train de se noyer dans son propre sang qui ne cessait de s'écouler. Le jeune homme ferma ses yeux et se sentit aspirer. Une trappe en dessous s'était ouverte et laissa chuter le jeune homme dans le néant le plus total. Il rouvrit les yeux et le cauchemar s'enchaîna encore de plus bel. Jules avait atterri au milieu d'une foule inimaginable. L'horreur persistait. Des milliers de Jules étaient alignés tout comme des milliers de Stan, d'April, de Clint, de Law, de Leen et de Noah. Tous semblaient fiers, galvanisés et poussaient des chants incompréhensibles. Jules put voir devant, derrière un pupitre sur une estrade, le chef de cette véritable armée. Aaron Schumway. Jules hurla. Il sentit son cœur disparaître, tout comme le décor.
Jules haleta et dégoulina. Il reprit ses esprits et s'adossa sur une porte de l'hélicoptère. Terrorisé par cet affreux cauchemar.
Bonjour à tous ! J'espère que ce chapitre un peu différent vous plaira. Je l'aime beaucoup personnellement, bien qu'il soit un peu glauque. Il permet d'entrer dans la tête de Jules, et on peut voir que ce baiser ne le laisse pas tranquille.. Dites-moi ce que vous en pensez !
A bientôt !
Baptiste. ❤️
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REVELUM [EN REECRITURE]
AdventureAvez-vous déjà voulu être seul au monde ? C'est ce que Jules va découvrir. Non. Subir. Émergeant d'un sommeil profond, le jeune homme se trouve au beau milieu d'un bateau, accompagné de deux autres passagers, les dernières braises de l'humanité. Mai...