XXXVI - La renaissance

117 20 12
                                    


L'obscurité. L'eau. Cela rappelait beaucoup de choses à Jules. Il ne put rouvrir ses yeux. Il resta dans son monde, seul, rejoignant la mort. Mais cette entité s'avérait ne pas partager cet avis. Jules lutta pour quitter l'emprise de cette force mystérieuse, mais il était bien trop faible pour rivaliser. Il se sentit contrôlé, encore une fois tel un pantin. Encore une fois quelqu'un allait lui sauver la vie. Jules sentit une vague de désespoir s'emparer de lui. Il voulait en finir. Mais le monde n'était pas d'accord. Il voulait mourir. Mais le monde lui ôtait la mort.

Jules sentait qu'il s'approchait de la surface. Une houle d'espoir s'emparait désormais de lui. L'espérance s'était endormie. Elle entendait de se régénérer pour chasser la désespérance, éternellement. La surface était maintenant le symbole de la renaissance, de la liberté. Le jeune homme se promit de changer. De ne plus être, mais d'exister. Deux ailes poussèrent sur son dos. À lui le nouvel envol. Jules voulait atteindre le ciel tel Icare, mais se promit de ne pas chuter. Le nouveau Jules atteindrait les sommets, ferait des merveilles, déplacerait des montagnes. Une goutte d'énergie venant de nul part entra dans le corps du jeune homme. Jules rouvrit les yeux.

La surface n'était plus qu'à quelques secondes de lui. Il découvrit, de son regard neuf, le même monde qu'avant. Une étendue de bleu. Des nuances de rouge. Une masse sombre au milieu qui faisait encore des siennes. Ainsi qu'une sirène qui lui tenait la main. Elle semblait si délicate, son corps ondulait avec grâce et légèreté, telle une danseuse de ballet. Ses cheveux, bruns ou blonds, ou les deux - Jules ne parvenait pas à leur attribuer une couleur tellement ils étaient beaux - flottaient dans l'eau avec un soupçon de poésie, d'élégance, de volupté. Jules n'eut pas besoin de voir le visage de cette sirène pour savoir qu'il appartenait à April.

      Elle était la clef de sa prison.
      Elle était sa bonne étoile.
      Elle était son ange gardien.

Jules arriva enfin à la surface. Il reprit ses esprits et réalisa que sa chute aux enfers et sa montée au Paradis n'avait duré que quelques secondes. La vie ne tenait donc qu'à un fil. Jules s'était engagé tel un funambule sur ce fil. A tout moment, il pouvait tomber. Mais sa sécurité portait le nom d'April. Le nez du jeune homme atteignit en premier la liberté, puis tout le reste de sa tête. Jules n'eut pas le temps de remplir ses poumons qu'il fut surpris par le changement d'univers. Un vacarme sans nom s'imposa. April éclata en sanglots à cause cette longue péripétie. La pression retombait. Le Testeur, qui était assez loin de lui, grâce à sa bien-aimée, exprimait quant à lui toute sa colère par ses sons stridents, glaçants, tétanisants. À ses pieds, une infinité de petits points l'attaquaient. De son point de vue, Jules eut l'impression qu'une nuée de feux d'artifice sortait des hommes de Revival. Le Testeur ne pouvait rivaliser. Il s'écroula petit à petit jusqu'à tomber définitivement, sur tous les hommes de Revival. Il lâcha un dernier soupir, criant la détresse. Jules n'avait pas perdu son humanité. Le Testeur lui fit de la peine, tout comme les soldats de Revival. Ils s'étaient battus pour périr aussi stupidement. La vie ne tenait vraiment qu'à un fil. Seuls deux d'entre eux semblaient avoir survécu.

Jules luttait pour ne pas se noyer de nouveau. Il s'agrippa à un débris d'hélicoptère voyageant sur l'eau, de moins en moins rougeâtre. La mort s'était estompée peu à peu. Jules chercha désormais Stan du regard. Le jeune homme s'en voulait d'avoir oublié son soi-disant père. Tous ces événements l'avait chamboulé. Il se retourna et vit le doyen nager en sa direction. Ses bras musclés fendaient l'air, sa tête luisait grâce à quelques rayons du soleil qui pointaient vers lui, tel un élu. Dès que Jules le voyait, le jeune homme prit confiance sur son avenir. Ensemble, avec tous les membres de Revelum, ils seront invincibles. Jules savait que ses amis étaient quelque part, que leur coeur battait encore. L'amitié triomphera. L'humanité renaîtra. Le symbole de cette renaissance sera le bébé de Leen. La nature vaincra les expériences scientifiques dignes d'un film de science-fiction réalisées par Revival.

- Je vous propose de.., commença April, mais coupée par son compagnon.

- ... Chut !

Le jeune homme mit son doigt sur sa bouche pour faire régner le silence. Jules voulait pour une fois s'imposer, prendre des décisions.

- Ils sont assez loin de nous, chuchota-il en pointant du doigt les deux soldats quelque peu sonnés par la disparition de leurs confrères. J'ai un plan.

Jules s'en mordit les doigts. Il n'avait bien évidemment pas de plan. Il était habitué à écouter les ordres, à obéir. Paniqué, il scruta l'horizon. Ses yeux pétillaient lorsqu'il vit l'El Dorado.

- Regardez, là-bas. Il y a une petite île. Nos deux amis vont s'y rendre. Nous devons les suivre, discrètement. Ils vont appeler des secours certainement. Et rebelote, nous remonterons dans un hélicoptère.

- Encore une fois ça sera un jeu d'enfant, grommela le doyen.

- Nous avons encore cette trace en nous. Revival nous retrouvera, continua le jeune homme. Mais je pense qu'ils sont encore bouleversés par tout ça. Peut-être qu'ils nous oublieront quelques temps.

April, qui avait séché ses larmes, lui demandant avec de grands yeux d'où provenait cet excès de confiance. Jules lâcha son débris et prit dans ses bras sa sirène. Il but la tasse, coula à plusieurs reprises, mais parvint à lui dire avant de rejoindre sa bouée de fortune :

- J'ai compris des choses là-dessous. Je te présente le nouveau Jules.

Jules lâcha son emprise, prit par un élan de fougue, et se dirigea, comme un poisson, derrière le Testeur afin de se cacher. Jules laissa faire son instinct qui n'avait visiblement pas tout oublié. Le jeune homme déploya ses bras délicatement, les ramena vers lui en formant un cercle. Ses jambes se plièrent dans tous les sens, elles firent des mouvements inconnus pour le jeune homme, mais il avançait. Le sourire aux lèvres, il avançait. Il se sentait libre. Libre de faire ce qu'il voulait.

C'est dans les bras de sa mère que Jules apprit à nager.

      Bonjour à tous !Je prends de plus en plus de plaisir à faire évoluer notre ami Jules

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Bonjour à tous !
Je prends de plus en plus de plaisir à faire évoluer notre ami Jules. J'espère que cela vous plaît. Faites le savoir par un petit vote ou un petit commentaire, c'est très important pour moi.

Baptiste.

❤️

REVELUM [EN REECRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant