VI - Attaquer pour s'évader

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Les trois adolescents fusèrent vers leur sortie : le canot. La pluie ne les empêchait d'avancer, au contraire, elle décuplait leur adrénaline, mais aussi leur peur. Ils se trouvaient, en effet, au cœur d'une tempête meurtrière. Dans ce capharnaüm sans nom, c'était Clara qui ouvrait le bal, équipée d'une arme provenant des plus grands films de science-fiction. Elle poussait des cris de rage, galopait telle une guerrière et esquivait des caisses fonçant sur elle. Jules la suivait de près, la main sur la gâchette de son fusil. Le jeune homme souhaitait la protéger du Testeur, occupé à s'amuser avec les pauvres marins infortunés. Elle venait à l'instant de lui sauver la vie, il se devait de devenir son ange gardien. Jules, malgré tout, avait gardé une once de notion de morale. Clint, quant à lui, il venait de se revêtir de son masque, d'après sa folle allure et ses cris sauvages et hargneux. Les gouttes de pluie qui dégringolaient le long de son visage lui donnaient des airs de gladiateur suintant l'intrépidité.

– On va y arriver, mec, on va y arriver ! lança Jules, déterminé, afin de l'encourager.

– Y'a intérêt ! J'ai pas envie de me faire buter par un vulgaire tas de ferraille ! T'imagines cette mort ?

Jules préféra ne pas répondre. Le fait de voir son camarade dans cet état lui suffisait. Le colosse noir se montrait en tant que caïd, néanmoins, au fond, se trouvait un être fragile.

Il ne restait plus qu'une vingtaine de mètres à parcourir, mais l'effort devenait de plus en plus intense. Un tourbillon inconscient les freinait et puisait dans leur énergie : la peur. De plus, la petite troupe devait surmonter la pente qu'offrait la disparition du vaisseau. Elle était encore faible mais suffisante pour laisser chavirer un tas de bricoles vers eux.

– On y est les gars, le canot est là-bas ! s'égosilla Clara, le sourire aux lèvres, en pointant du doigt le navire de fortune se trouvant aux pieds de la créature.

À l'instant où Clara reprit sa route, le Testeur donna naissance à un cri brisant les tympans de la troupe. Simultanément, il projeta ses pinces destructrices vers elle.

– À couvert ! ordonna instinctivement Jules absolument effaré.

Le jeune homme chercha une solution, désemparé. Il n'eut qu'une fraction de seconde pour réfléchir. Rien ne vint activer l'ampoule. Jules était dépourvu d'idée et assourdi par les cris métalliques de la créature. Il imita alors au pied de la lettre Clara en s'agrippant de toutes ses forces à la barrière longeant l'océan. Clint, lui, avait décidé de se cacher sous un abri sur la gauche tout comme les pinces du Testeur avaient décidé de plonger vers lui. Clara n'hésita pas une seule seconde : elle lâcha la barrière et tira sur le monstre. Celui-ci poussa un nouveau cri de terreur et retira ses pinces, mais revint aussitôt à l'attaque. Le Testeur demeurait à la fois invincible et tenace. Tout comme la Mort. Invincible et tenace.

– Prends ton arme et canarde-le ! implora Clara.

Le masque venait de sombrer au plus profond des abysses. La peur avait à nouveau pétrifié Clint. Le gladiateur s'était changé en petit enfant épouvanté. Le Testeur ne semblait pas éprouver la moindre once de compassion. Il se moquait de lui en faisant tournoyer simultanément un pauvre marin avant de le broyer.

« Qui es-tu, Clint ? »

Jules ne savait que faire pour lui venir en aide. Il était simplement spectateur de ce nouvel acte. Clara soupira, puis fonça vers les pinces et appuya, infernalement, sur sa gâchette. Jules, véritablement indécis, ferma les yeux et tira dans les airs, à l'aveugle.

« Stop, que ça cesse ! Maman ! Viens me délivrer de ce putain de cauchemar ! »

Jules continua à espérer – ou à délirer –mais un nouveau cri, encore plus strident que les autres, vint raviver ses esprits. Le Testeur faillit s'écrouler. Mais la Mort était invincible et tenace... Subitement, en un claquement de doigt, Jules vit le colosse noir se métamorphoser. Le gladiateur reprit les rênes de son char. Il prit en main son arme et fonça tête baissée vers le Testeur. Clint tira en rafale, en poussant des monosyllabes incompréhensibles.

REVELUM [EN REECRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant