À travers le hublot se dessinait le désordre. Non. Le chaos. Le cauchemar de Jules semblait n'en être qu'à la première ligne du prologue. En effet, une créature épouvantable naquit du ventre des abysse ou du cœur de l'espace, nul ne le savait très bien. Le Testeur mesurait dans les alentours de vingt mètres. Depuis le bateau, Jules eut le sentiment qu'il dévorait les nuages. Il était difficile de le décrire tellement il paraissait immense et sombre. Sa tête se composait de sept tentacules, en acier, avec une sorte de bouche à chaque extrémité. Elles s'ouvraient, se refermaient, suivaient un rythme frénétique tout en laissant derrière elles un bruit infernal. À l'intérieur se dressait une pointe métallique, tranchant sans aucun doute tout ce qui passait devant. Sur son corps figurait une infinité de pointes, ne demandant qu'à exterminer. Ses quatre bras, recouverts eux aussi de pointes, se finissaient par une pince destructrice. L'Hydre des temps modernes était bel et bien invincible.
Jules se sentit perdre connaissance, mais Clara lui donna une tape dans le dos, comme si la situation était banale.
– Non non non non, gémit-il en se pinçant la joue. Je suis dans un putain de cauchemar, voilà tout. Dans quelques minutes, je vais me réveiller, retrouver ma famille et tout ira pour le mieux. Hein Clara, dis-moi que tu n'existes pas, que ce bateau n'existe pas, que cette... cette chose n'est que le putain de fruit de mon imagination ! Dis-moi bordel !
Jules s'assit et se remit en boule. Il ferma les yeux et pria de se réveiller au plus vite. Malheureusement, les palpitations de son cœur demeuraient trop vraies, les ricanements d'Aaron trop réalistes, le mépris de Clint trop méprisant. Le jeune homme se mordit à nouveau la lèvre et n'osa pas affronter les regards des autres. Il venait de réaliser qu'il avait décroché la palme du ridicule.
– Euh... excusez-moi, bredouilla-t-il, tiraillé par la honte. Si tout ceci est réel, que cette chose est bien en train de foncer sur nous, comment va-t-on s'échapper de ce tourbillon mortel ?
Le jeune homme essayait de camoufler sa terreur, mais l'ensemble de son corps le trahissait. Il ne cessait de garder cette lueur d'espoir. Il était emprisonné dans ce fichu rêve. Clara s'approcha délicatement de lui en lui tendant la main.
– Nous sommes des survivants, Jules. Des survivants. Les derniers cartes du château. Le château de l'humanité. Auparavant, on a déjà dû avoir affaire à eux. On va s'en sortir. Je t'en fais la promesse.
– Auparavant...
Dans la tête de Jules, une alarme incessante sifflait le désordre malgré les élocutions poétiques de Clara. Une myriade de pensées paniquées arpentaient les couloirs de son esprit.
Le hublot montrait le monstre s'approcher à lente allure vers le bateau. Son corps, si imposant, commençait à provoquer de légères secousses.
– Bon, nous n'avons plus le temps de parler, bien que ce fusse un plaisir de m'adresser avec vous. Suivez-moi ! imposa Aaron. Nous nous sommes entraînés contre ces cas de figure. Nous pouvons nous échapper, les enfants !
Jules, las d'être noyé dans ce flot d'événements, était prêt à le suivre, quand soudain Clint refusa :
– Jamais.
Son ton était ferme, clair, net et précis. Il ne bougera pas d'un poil.
– Vous êtes trop louches. Un gros merdier s'approche de nous et vous, vous ne montrez pas un soupçon de peur. On se réveille amnésiques, attachés, vous vous proclamez comme nos sauveurs. Moi je vais vous dire ce que vous êtes. Un sac à embrouilles. Mais je ne me laisserai pas faire. Vous ne savez pas qui je suis.
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REVELUM [EN REECRITURE]
AdventureAvez-vous déjà voulu être seul au monde ? C'est ce que Jules va découvrir. Non. Subir. Émergeant d'un sommeil profond, le jeune homme se trouve au beau milieu d'un bateau, accompagné de deux autres passagers, les dernières braises de l'humanité. Mai...