XXXIV - Avancer vers l'inconnu

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      Jules se sentait si heureux. Entouré par ses deux parents, Stan et Esméralda, une atmosphère de sérénité régna. Un festin de roi se dressait devant eux, de quoi rassasier toute la population terrienne pendant des siècles et des siècles. Jules rêvassait devant les folles aventures de son père. Entre deux bouchées de poulet rôti, le jeune homme s'imaginait devenir comme son père. Il voulait s'engager dans l'armée afin de défendre les valeurs de sa patrie, de sauver des vies, mais surtout afin d'être admiré par son père. Jules fit naître un sourire lorsque sa mère s'inquiéta. Elle ne voulait pas perdre son fils, son précieux fils. Jules lui tapota sur l'épaula et lui déposa un baiser empli de tendresse sur sa joue, quelque peu humide suite aux larmes du fils et de la mère qui s'unissaient.

      Toutefois, des voix rauques intervinrent. Jules ouvrit la fenêtre et ne vit que son chien mordillait son os dans la pelouse. Silence radio au niveau de la rue. Des bruits sourds, comme des hélices, apparurent désormais. L'image du dîner de famille s'estompa peu à peu, afin de laisser un monde obscur, parsemé de quelques lueurs. Le jeune homme put ouvrir petit à petit ses yeux. Il se retrouva adossé contre une caisse des plus inconfortables, auprès de Stan et April. Il sentit même un filet humide le long de son menton. Jules s'était endormi.

      Jules ne décrocha guère mot. Il n'était même pas sûr que ses deux acolytes l'avaient remarqué rejoindre les bras de Morphée. Le jeune homme fixa longuement son soi-disant père. Stan. Mêmes cheveux. Même regard. Même tatouage. Cela ne pouvait être un hasard. Jules sentit une vague de chaleur l'envahir. Son amnésie le détruisait intérieurement. Ne rien savoir, vivre dans le doute et l'oubli, cela s'avérait invivable. Insurmontable.

      Le jeune homme repensa également à la disparition de Clint, Leen ainsi que Law. Il ne savait pas ce qui leur était arrivé. Cela le bouffait. Avancer dans l'inconnu, une fois de plus.

      Jules se mit à genoux silencieusement afin de savoir où ses ennemis l'emmenaient. À travers une série de silhouettes armées jusqu'aux dents, le jeune homme put entrevoir un horizon bleuâtre qui semblait s'étendre jusqu'au fin fond du monde. Il ne put discerner le ciel de la mer. La mer. Tout avait commencé avec la mer. C'est sur celle-ci que la nouvelle vie de Jules avait commencé. C'est en quelque sorte elle qui lui avait donné la vie. Sa nouvelle mère semblait être son homonyme, la mer.

     C'est dans ce bateau que tout avait commencé. Il y avait rencontré l'amour et l'amitié, bien que cette dernière fut un tant soit peu difficile.

     C'est dans ce bateau qu'il avait eu affaire à son premier Testeur. Mais grâce à la panique qu'il avait produit, le Testeur avait indiqué de manière implicite l'emplacement de quatre nouveaux survivants. En effet, des marins, qui se trouvaient sur cette fameuse ligne qui sépare la vie et la mort, avaient prononcé le nom d'Azzula, île renfermant bien des secrets.

      Sans la mer, Jules serait comme tous les autres. Il aurait rejoint la paix éternelle. Mais celle-ci attend quelque chose de lui.

      Jules fut interrompu dans ses pensées par un coup de coude provenant d'April. Interloqué, le jeune homme ne comprit pas sur le coup. Mais un soldat de Revival le fixait, ou du moins regardait dans sa direction. Le jeune homme se blottit derrière sa caisse, espérant que l'obscurité de la pièce soit son allié. Il regarda April, elle paraissait terrorisée. Quant à Stan, il n'avait pas bougé d'un iota. Il avait l'air serein, les yeux clos, jusqu'à qu'une goutte de sueur sur sa tempe le trahisse. Le soldat demeura immobile, le regard perçant.

      - Eh mec, matte-moi ça, prononça un autre soldat en pointant du doigt l'horizon. T'le vois ce point noir ? Mais non pas celui sur mon nez, p'tit con. Là-bas !

      Jules ne put s'empêcher de sourire. Il fut sauvé par un homme à l'humour plus que douteux. Il souffla un grand coup, tout comme ses deux compagnons.

      - Jules, murmura April en lui lançant un clin d'œil, souviens-toi de notre bonne étoile.

      Cette bonne étoile, que voulait-elle enfin ? Pourquoi ne veut-elle pas que Jules franchisse cette ligne ? Pourquoi échappe-t-il sans cesse à la mort ? Il n'était qu'un adolescent. Comment pouvait-il survivre à tout cela ? Jules savait qu'il n'aurait sans doute jamais la réponse.

      Tout à coup, un bruit strident apparut, se mélangeant au cri des soldats. Jules sentit que l'appareil fut prit au piège par une force extérieure. L'hélicoptère tourna dans tous les sens. Jules vit une caisse s'abattre sur lui. Il ferma les yeux, et se mit en boule, abattu par l'idée de mourir. Une sorte d'explosion pénétra dans l'engin. Jules rouvrit les yeux, en étant dans l'incompréhension la plus totale. Il vit une pince métallique au beau milieu de la cabine. Un cri sourd sortit de la bouche de l'adolescent, étouffé par le vacarme de la scène. La pince s'agitait dans tous les sens, ne demandant qu'à tuer.

      L'hélicoptère sombra au beau milieu de l'océan, impuissant face au Testeur. L'eau se teintait de plus en plus d'une couleur rougeâtre. La machine avait encore fait des ravages.

      Jules se sentit quitter ce monde, noyé dans les profondeurs des abysses.

      Jules se sentit quitter ce monde, noyé dans les bras de sa mère.

      Jules se sentit quitter ce monde, noyé dans les bras de sa mère

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Bonjour à tous ! J'espère que ce chapitre vous plaira. J'attends vraiment vos avis, j'en ai plus que besoin.

Baptiste.


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