LVIII - La braise deviendra flamme

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(Avant de commencer, j'ai caché plus ou moins volontairement deux chansons françaises. Arriverez-vous à les retrouver ?)

      La petite troupe avait crié à l'unisson. Ensemble, ils étaient prêts à déplacer des montagnes ou bien à fendre les nuages. Jules s'inquiéta tout de même pour son soi-disant père. Il y a de cela quelques minutes, Stan escomptait épouser le deuil. Néanmoins, le jeune homme vit au plus profond de ses prunelles une braise prendre de l'ampleur. Ses yeux étaient déshydratés : ils avaient soif de vengeance. Jules photographia cette braise devenue flamme et rangea l'image dans un des tiroirs tout neufs de sa mémoire.

      Le jeune homme mira désormais sa belle. Il voulait vérifier qu'elle était prête à appliquer son plan plus que périlleux. Son sourire, démontrant un tant soit peu un soupçon d'anxiété, illuminait le couloir. Jules était tombé en esclavage de ce sourire, de ce visage.

      - Je vois que vous êtes prêts, nota-t-il sur un ton enjoué.

      - À tout à l'heure, mes petits, renchérit la jeune femme en pointant son index et son majeur sur sa tempe.

      Jules trouva que sa voix trichait. Il devina qu'elle cachait sa peur, tout comme lui. Il était effrayé à l'idée d'entamer une énième course poursuite. Mais aussi d'être l'auteur d'un bûcher géant. Certes, les futurs condamnés n'étaient que des tas de résultats scientifiques ambulants, mais ils étaient plus ou moins vivants. Jules allait encore ôter la vie de quelqu'un.

      La petite troupe quitta le couloir, d'un pied ferme, décidée à se libérer du joug d'Aaron. Jules, regardant au loin, fut surpris par un bris. Il tourna la tête et vit Stan, la main virant au rouge. Il venait de fracasser une fenêtre. Les questions fusèrent dans la tête du jeune homme. La disparition de Noah lui avait-elle retourné les méninges ?

      - Stan ! maugréa April. Qu'est-ce que tu fabriques ? T'aurais pu prendre ton arme !

      - J'ai laissé ma chère lame sur le campement, quel idiot. Je voulais aussi tester ma force...

      Jules ne comprit par où le doyen voulait en venir. Noah l'avait vraiment affecté. Stan happa un éclat de verre saillant et taillada un morceau de la manche droite de son équipement et le déposa sur le sol.

      - On va allumer le feu dans la cafétéria. C'est certainement la pièce la plus grande. Elle pourra contenir tous les... Eux quoi.

      Jules vit le regard de l'homme s'assombrir et ses lèvres trembler. L'estomac du jeune homme se noua. Stan demeurait encore trop faible mentalement.

      - Si mon instinct est bon, et aussi ma mémoire, mais ça j'en doute, je sais le chemin qui mène à cette cafétéria. Mais lorsque nous lâcherons les fauves, j'ai bien peur que la panique prenne le dessus. Nous n'aurons qu'à suivre ces morceaux de tissu. Il y en a, là-dedans, n'est-ce pas ?

      Puis il éclata de rire. Jules n'en douta pas : Stan était terriblement triste. Son rire sonnait faux. Il essayait d'enfiler un masque pour cacher sa peine, mais celui-ci s'avérait ne pas être à sa taille. Cependant, son plan sonnait vrai. L'histoire du Petit Poucet avait titillé l'esprit du jeune homme. Il se souvint de ce livre qu'il avait lu dans une bibliothèque du centre commercial pour occuper ses journées. Cette époque lui paraissait si lointaine...

      - Prenez tous les tubes que vous pouvez, proposa April. Mais pourquoi les liquident prendraient feu, au fait ?

      - Je n'en ai aucune idée, répondit Jules, totalement embarrassé. Mais j'en suis presque persuadé. Je dois avoir des restes du passé qui refont surface, je ne sais pas.

REVELUM [EN REECRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant