Partie 32

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Salam  Ahleykoum

Réflexe : baisser la tête.

C'est pas que je ne voulais pas voir Yanis, au contraire je voulais lui parler, mais j'avais pas prévu ça aujourd'hui. Surtout que je ne savais pas qu'il partait aujourd'hui. Il veux partir vite j'ai l'impression.
Et en plus, j'y pense, Anass et moi n'habitons même pas la cité, pourquoi veux-t'il l'a quitter alors ?

Je m'avançais petit à petit vers la bouche de métro, le cœur battant à une de ces vitesse !
Je stressais, allez savoir pourquoi.

... « OOOH CHAIMA ! »

... Inspire, expire, tranquille grosse, c'est juste Yanis... juste Yanis...

Je me retourne, limite au ralenti, intérieurement je m'insultais.

Moi « Oui ? »

Yanis « Tu vas où ? »

Moi « Euh, ben... au métro. »

Yanis « Pourquoi faire ? »

Moi « Ben... aller à Auchan. »

Yanis « Pourquoi t'es pas partie avec l'autre là ? »

J'ai levé la tête, il voulait en venir où ? C'est une moquerie cachée ça ou bien ? Je ne rêve pas, il se fout de ma gueule, et évidemment son sourire narquois le prouve bien.
Il veut jouer à quoi ? Oui, il n'est pas mieux que toi, oui il n'a pas réussi dans la vie, oui c'est l'un des gros bouffons de la cité, oui et alors ?

Tu te penses plus fort pour le juger ? Pour insinuer des choses ?

T'as baissé dans mon estime, t'es tombé bien bas, est-ce la haine et la jalousie que tu ressens à cause de ce mariage qui te fait parler ainsi ? Je ne t'imaginais pas comme ça, oui mon cœur bat toujours autant quand je te vois, mais c'est la haine qui le font battre, je suis choquée, choquée de ce que tu es devenu.

Evidemment, je ne lui ai pas dis tout ça, même si j'aurais aimé le faire, mais la timidité me rattrape toujours, comment ça me za3ff ça, j'ai envie de dire des choses mais rien ne sort.

Moi
« ... »

Yanis « Ben, alors, tu parles plus ? »

C'en est trop, je l'ai regardé longuement, histoire de lui montrer tout ce que j'ai pas pu lui dire de vive voix, et j'ai avancé jusqu'au métro.
Il avait tellement changé, ne sait-t'il pas que tout ce qu'il me dit, ça me touche ? J'avais mal au fond de moi, simplement, parce que je sais très bien que ce qu'il essaye de me dire, est la vérité.
Je sais que chaque jour je ne saurais pas ce qu'il fait, si il me reste fidèle par respect seulement, je ne saurais pas non plus si l'argent qu'il ramène pour payer le loyer, les factures, la nourriture est certifié hallal.
Je pensais à ça dans le métro.
Je suis partie à Auchan, j'ai acheté un petit aspirateur d'appartement et quelques produits ménagers et je suis rentrée.
Anass était sur le fauteuil poings serrés, quand il m'a vu, il a foncé sur moi.

Anass « T'ETAIS OU ?! »

Je n'avais vraiment pas le goût de m'embrouiller ou de m'énerver, je me recule de lui et répond du ton le plus calme possible.

Moi « Je t'ai laissé un mot. »
Anass « ET ALORS ? D'OU TU SORT MEME ! TA CRU T'ETAIS UNE FEMME LIBRE ZEHMA ?! »

Je baisse la tête et tente de me frayer un chemin en direction de ma chambre, mais il n'avait pas l'air d'être de mon avis, j'ai vraiment, mais vraiment pas la tête à m'embrouiller, encore moins avec lui.

Anass « TU VEUX ALLER OU COMME CA ?! REPONDS MOI ! »

Je lève la tête, le regarde dans les yeux, et parle, le plus calmement possible, de toute façon même si j'aurais voulu hausser le ton, je n'en avais pas la force.

Moi « Je suis vraiment pas d'humeur à parler, alors s'il-te-plait, laisse moi passer. »

Il ne dit rien, tape un coup dans le mur de droite et se dirige en dehors de l'appartement, en claquant la porte, tout mon corps avait frissonné, et à cause du fracas qu'il venait de causer c'est mes larmes qui coulent le long de mes joues.

J'en ai marre de pleurer, je suis faible. Pleurer pour un oui, pour un non, à la longue ça en devient lassant, mais c'est plus fort que moi. Comment évacuer ? Cette rage et cette peine qui ne demandent qu'à partir, crier ? Je n'en ai pas la force, il ne me reste qu'à pleurer, à vider l'eau de mon corps, comme ci ça viderais les soucis et les mauvaises pensées de ma tête... Le rêve, pleurer et tout oublier, malheureusement pleurer c'est juste une métaphore.
Pleurer, c'est montrer ses propres faiblesse, en silence ou bruyamment c'est la même. Je pleure mes pensées, pleure ma rage en espérant que ça passe. Mais ceci n'est qu'un cauchemar, le soir, dans mon lit j'y repenserais, car pleurer ne mène à rien en réalité.
A ce qu'il parait, pleurer ça soulage, pleurer c'est évacuer sa douleur, oui, pour un temps et après rebelotte, ça recommence, les soucis et les problèmes de la vie reviennent et on refait le même chemin, le même emploi du temps, chaque jours pour une durée dont seul le Très-Haut connaît.
Mais est-ce que je vais être heureuse un jour ?

Je traine mon corps à ma chambre et me jette sur le lit.

« Lettre à un traître,

Tu m'as bien eu, ouais t'as reussi à m'avoir, tu m'as prit par derrière, tu m'as bien dupé, ouais moi qui croyait qu'un jour tu serais mien, il m'a fallut une seconde, une seule seconde d'innattention pour que tu défiles et m'oublie, me laissant derrière comme une vieille chaussette.
Putain, qui aurait cru ? Qui aurait cru, que je serais devenue ainsi, marionnette de ma souffrance, loque parmis tant d'autres dont les yeux n'ont plus aucun secrets. Pas moi en tout cas, toi tu le savais, ouais mais tu ne m'as pas prévenue pour autant, t'as préféré joué la carte de la lâcheté, et bien sâche que t'as reussi ta mission, bravo ! Ton objectif est-il validé ?
Me faire souffrir, tu l'as réussi.
Toi, le bonheur, t'es qu'un traître, tu nous laisse goûter, tu nous laisse apprécier et te trouver indispensable, pour partir sans prevenir et utiliser quelqu'un d'autre, comme tu l'as fait avec nous.
Mais que suis-je bête ! J'aurais du m'en douté, que à la cité, rien n'est tout beau, rien n'est tout rose, tout à son prix, rien n'est gratuit. Et aujourd'hui j'en paie le prix, le fruit de ta mission c'est bibi qui se la coltine. C'est à base de pleurs, de pensées maurose, de sentiments refoulés que je paie ma dette, la dette que j'ai envers le malheur. Toi tu en rigoles bien, ça t'amuse ton métier.
Tu vends du rêve enfoiré, rien que du rêve. »

Chronique de Chaïma: Koulchi Bel MektoubOù les histoires vivent. Découvrez maintenant