Partie 42

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Salam Ahleykoum

La serrure frisonne, et mon corps aussi. Ca y’est il rentre enfin, j’étais toujours dans le salon les yeux rivés sur la porte, or que d’habitude dès qu’il fait son entrée je cours en direction de ma chambre comme une gamine qui a peur du soi disant monstre. Le monstre chez moi c’est mon mari. Cependant là, bizarrement je n’avais pas peur enfin… si j’ai la trouille, cette même frayeur quand je croise son regard, les poils qui se hérissent et les frissons faisant des va-et-vient dans mon corps sauf que là, la peur était moins prenante, moins présente. J’avais une poussée d’adrénaline comme ils-disent. Je voulais l’affronter.

Il rentra donc, dès qu’il posa un pied dans le salon mon cœur rebondis, j’essayais tant bien que mal de cacher cette peur qui faisait surface petit à petit, il avait son bas de survet, ses baskets et son sweat, il avait la tête baissé. Il se retourna pour fermer la porte à clef, il ne m’avait pas encore vu. Je voulais arrêter le temps, pourquoi ? moi-même je ne sais pas. Il était beau. Très beau même.

Puis il se retourna pour aller dans le couloir quand… il me vit. Mon sang se glaça d’un coup dès qu’il posa ses yeux sur moi.

Comment ils-étaient ses yeux ? Froid, ils sont froids. Un froid remplis de haine, ils sont haineux aussi ses yeux. A croire qu’il éprouve du dégoût envers moi, suis-je aussi laide que ça ? Pour que dès qu’il me regarde l’envie de vomir lui prenne ? Suis-je repoussante à ce point ? Je ne sais pas. Ce que je sais par contre c’est que ses yeux me parlent, oui, oui à travers eux je voyais sa haine, on dit que les yeux parlent trop, moi je rajouterais que les yeux blessent, parfois. La vérité blesse et je suis écorchée. Détruite car à travers ses yeux noirs, je vois qu’il ne m’aime pas, non, noonn ! C’est plus fort que ça, il me déteste. Si cela me blesse, c’est que c’est la vérité ? La vérité vraie ?!

Il me regarde comme ça, sans qu’aucun sentiment ne puisse se lire, à part son dégoût oui, mais sinon rien ne se distingue. Il ne bouge pas, ne cligne pas non plus des yeux et moi ? Je suis à l’opposé de lui. Mes yeux ne lui crient pas ma rancœur ni ma haine, ce que je suis censée avoir non ? Il est l’homme que j’ai épousé, certes, mais ce n’est pas celui que j’ai voulu, il est tout ce que je hais et détient tout ce qui m’insupporte, sa façon de parler, de s’habiller, sa manière de regarder les gens d’une façon snob, son regard froid et distant, son sourire qu’on ne voit jamais, son narcississisme, son passé de dealeur de première catégorie, sa sans-gêne permanente, son égoïsme et son égo aussi gros que la Terre et… et il a ramené des hommes pas très clean chez moi pour…. Bref je ne m’attarde pas sur ça, mais… mais malgré qu’il a tous les défauts les plus dégueulasses, oui, oui dégueulasses, je ne le haïs pas. Malgré sa méchanceté gratuite qu’il a envers moi, je ne le déteste pas. Ironie du sort ! j’ai de l’attirance pour lui et j’espère de tout mon être que ce n’est que physique, j’espère que je ne suis pas amoureuse de lui, j’espère que ce ne soit pas lui le maître de mes pensées, j’espère qu’il n’est pas la raison pour laquelle je l’ai attendu jusqu’à une heure aussi tardive, j’espère mais… ce n’est que mensonge, je me voile la face moi…

Après cinq minutes comme ça, à rien faire, à part se regarder j’ai baissé les yeux, ne pouvant soutenir son regard haineux, c’est trop fort pour moi, trop méchant…
J’entendais ses pas qui s'approchaient de moi, j’avais la tête baissée et je voyais ses pied devant moi, il s’était arrêté et je sentais son regard sur moi, j’avais peur je ne vous le cache pas, je tremblais même, j’essayais de ne pas le montrer mais je n’y arrivais pas malheureusement.

Puis il détruit ce lourd silence en disant ces quelques mots : « Qu’est-ce tu fais ici ?! »

Sa voix était dure, froide comme d’habitude, mais j’y voyais aussi de la colère, et toujours la tête baissée je lui répondis :

Moi « Ce n’est pas tes affaires, bouge ! »

Non ! Évidemment, je ne lui aie pas dit ça, trop faible face à lui alors que… avant j’étais cette femme timide c’est vrai mais qui ne se laisse jamais marcher sur les pieds, j’avais toujours ce répondant, j’avais toujours cette fierté et depuis qu’il est là, Anass, j’ai l’impression que toutes mes valeurs ont comme disparus, comme par enchantement. Il a cette force physique mais aussi cette force dite « morale » capable d’anéantir toute une personne rien qu’avec son ignorance, la force de ses mots et ses regards…

Voici ce que je lui ai dit réellement :

Moi « Ri... rien. »

Anass se contenta de souffler fort comme si je le saoulais et s'empressa de répliquer : « T’as fais à manger ? »

Sa question m’avait un peu, euh… comment dire ? Perturbée ! Il me demande ça à minuit ? Comme si rien ne s’était passé ? Comme si j’avais oublié l’épisode des deux gars complètement ivres ?! Comme si que… ce n’était rien ?

J’ai levé la tête, je l’ai regardé bien dans les yeux, j’avais la rage. Oui, cette fois j’étais en colère, la question est anodine certes, mais on comprend très bien ce qui se cache derrière cette question, de plus il souriait, d’un sourire de vainqueur. Je me suis levée, j’étais proche de lui, même un peu trop, il avait toujours ce sourire collé au visage, et moi j’avais toujours les yeux fixés dans les siens et j’ai dit :

Moi « Je n’ai rien fait du tout, débrouille toi. »

Je l’ai un peu poussé et je me suis dirigée vers le couloir. J’étais fière de moi, fière de mes paroles, c’est la première fois que j’ose lui répondre. Je vous jure que c’était inattentionnel, ma colère a parlé à ma place, et je ne regrettais rien, j’avais cette fois-ci ce large sourire de vainqueur. Sauf que ça a duré cinq minutes, je n’étais même pas rentrée dans le couloir, qu’il me rattrapa par le bras violemment. J’ai voltigé de l’entrée du couloir jusqu’à ma place sur le canapé, sois de plusieurs mètres, je me suis fait mal au coude en tombant sur le canapé, il s’avança vers moi dangereusement… Il était énervé, on pouvait encore une fois voir la haine dans ces yeux, cette fois il n’a plus ce sourire collé au visage, moi non plus d’ailleurs, mon corps entier frissonnait de peur.

Anass « DEPUIS QUAND ON PARLE COMME CA A ANASS HEIN ?! »

Sa voix a raisonné dans tout l’appartement, il m’avait littéralement explosé les tympans. J’étais tellement captivée par la veine de son front qui tambourinait sur son crâne que je ne lui ai pas répondu, ce qui a le don de l’énerver encore plus.

Anass « REPOND KELBA !!! »

Je me voyais avant, je serais devenue hystérique si quelqu’un avait haussé le ton avec moi et de plus, si on m’avait insulté de chienne. Là, ma colère est partie, mon adrénaline est descendue vitesse grand V, j’ai peur.

Moi « Je…je… non… mais jj… (il me coupe) »

Anass « TU SAIS MEME PAS PARLER HEIN CONASSE, TU FAIS MOINS LA MALIGNE KEHBA VA ! »

Il leva son poing, je n’ai même pas eu le réflexe de me protéger, j’étais tétanisée. Je regardais ce poing, je voyais au ralentit, comme dans les films, ce poing s’approchant de mon visage, ses sourcils froncés et sa colère qui s’émanait de lui. J’étais comme bloquée, il n’avait même pas l’air de savoir ce qu’il faisait. Et moi je ne comprenais pas. Même mes larmes ne voulaient plus couler, j’étais dans un autre monde, un monde parallèle. Ca faisait peur, voir la scène au ralenti, je n’entendais plus rien à part le crissement de mes oreilles et les battements de mon cœur qui battait tellement vite, je ne comprenais pas. Anass il criait, je voyais sa bouche s’ouvrir mais aucun son n’en sortait. Puis, ma tête fit un aller simple sur la droite. J’entendis mon cou craquait et : « AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHH ».

Puis, plus rien.

Chronique de Chaïma: Koulchi Bel MektoubOù les histoires vivent. Découvrez maintenant