Salam Ahleykoum
Partie 62
Ca fait une heure au moins que je suis là, assise sur un banc. A chaque larmes qui coule, chaque petit cri de douleur qui s'échappe c'est mon âme qui s'envole, ma vie, mon monde entier qui s'écroule. Vous savez ce que ça fait ? Vivre un amour pleinement, bien que la réciprocité ne soit pas au rendez-vous, j'avais tout donné, corps et âme, sentiments, pleurs, tout. Ma vie entière lui était dévouée, il n'en savait rien, ou du moins je pensais. Parce que vu la façon dont il m'avait avoué tout ça, ça semblait si sincère, si triste. Il devait savoir, c'est impossible sinon. J'avais recommencé à rêver, à l'instant même où il était revenu, j'avais l'impression de découvrir une nouvelle alchimie, un amour qui pouvait enfin naître. Idiote et naïve sont des mots révélateurs qui me résument très bien.
Enfin bref, j'étais assise sur le banc seule, enfin seule, c'est ce que je croyais, j'étais dans mon monde de larmes quand je sentis une main me toucher l'épaule. Je leva la tête avec l'espoir que ce soit Anass, mais non, à la place un parfait inconnu. En temps normal, je me serais directement arrêter de braire, par honte mais là non. J'étais détruite réellement, j'avais mal, un gouffre venait de se creuser en moi, je souffrais. Alors le regard des gens, à ce moment, m'importait peu.
« Euh ça va ? »
J'ai l'air d'aller ? Sincèrement, lis à travers mes yeux, j'ai l'air d'aller ? Idiote question.
Moi « Dé... dé...gage... »
J'arrivais à peine à dire un mot, chaque syllabe était coupée par une respiration saccadée. C'était moche à entendre et ça devait surement être hideux à voir.
« T'es ouf toi, t'es limite en train d'étouffer et tu veux que je parte ? »
Je gardais la tête baissée, j'ai même plus envie de faire un effort pour parler. J'avais envie de rester dans une solitude intense, je me voyais déjà m'enfiler boîte de cookies sur cookies et rejeter toute ma haine sur le carton une fois les biscuits finis.
L'inconnu s'agenouilla histoire de voir mon visage, pourquoi il veut le voir ? Je suis moche, ce n'est pas agréable à la vue.
Inconnu « Qu'est-ce qu'il y a ? »
Je rêve, il s'attend réellement à ce que je lui déballe ma vie là ?!
« Putain... je... je te... connaîs... pas. Bo..ouge. »
Cependant il reste de marbre pendant de longues minutes, je voyais des perles salées tombaient le long de ma joue, frôlant mon menton pour rejoindre lamentablement le sol. Pendant 30 minutes au moins il est resté comme ça puis a finit par s'assoir à côté de moi. Je n'ai rien dit, je n'en avais pas la force. A un moment donné j'ai bien réussi à arrêter de parler, j'étais fatiguée, non, plutôt exténuée. Fatiguée de tous ses problèmes, des épreuves qui s'empilent les unes sur les autres, je vis mais je meurs de l'intérieur, c'est une phrase paradoxale mais si véridique. J'ai ce mal-être qui me rongeait depuis belles lurettes, il n'y avait que ce ridicule espoir qui me tenait en vie, cet espoir à un nom et il porte le sien... Anass.
Si tout ça part en fumée, que me restera-t'il ? Rien, walou, nada, keutch, tchi, foye. RIEN DU TOUT. Mise à part mes larmes, ma peine, et mon amertume, rien ne restera. Mes larmes cessent de couler mais ce n'est pas pour ça que au plus profond de moi tout s'est arrêté, au contraire j'avais l'amère impression que tout venait de commencer, pourtant si dès le début de la colline je suis fatiguée à ce point, comment faire le reste du chemin ? J'en voyais pas la sortie, j'apercevais pas cette lumière qui arrivait à me guider autrefois, en vérité, quand j'y pense j'avais aucune raison de vivre, aucune raison de continuer ma vie. C'est vrai quoi, j'ai une famille ? non, un mari ? non. J'ai l'Islam, enfin, le verbe « avoir » est un grand mot. C'est à peine si je prie à l'heure, à peine si je suis musulmane en fin de compte.
Inconnu « Ca va mieux ? »
Je tourne ma tête vers la voix, il est toujours là lui ? L'inconnu paraissait être d'origine maghrébine, de grands cils noirs soulignaient son regard, il avait des yeux marrons très foncés, une peau mate plus foncée que la mienne. Ce qui m'avait le plus intriguée dans son visage c'était sa bouche, une bouche finement tracée pourtant il a de très grosses lèvres. Ca ne gâchait pas son charme, au contraire ça l'embellissait. Il venait de me sourire, ses lèvres s'agrandissaient pour laisser paraître de belles dents blanches. Sincèrement, il était beau mais n'avait pas le charme et la beauté à l'état pur d'Anass. Tout revient à lui, c'est fou...
Moi « Pourquoi t'es encore là ? »
Ma voix était un peu rauque, j'avais mal à la tête, je commençais à voir trouble, je me sentais pas bien du tout.
« Bah je n'allais pas te... eh ! Eh ça va ?! »
Sa voix semblait lointaine...
Moi « Je... me sens bizarre... »
Puis plus rien.
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Chronique de Chaïma: Koulchi Bel Mektoub
RomanceReprise de ma chronique sur Facebook (avec réécriture parfois) Chronique finie - 80 parties