Salam Ahleykoum
Partie 78
Aujourd'hui c'est lundi, trois jours sont passés. Trois jours très ternes et monotones. Suite à ma discussion avec Nabil et bien... en vérité, il n'y a pas eu de suite. Non. Il n'y a rien eu. Silence radio. On n'en a pas reparlé, d'ailleurs, on n'a pas reparlé du tout. Les seules fois où l'on s'adresse la parole c'est pour des phrases du style « passes moi la télécommande », je n'y suis pour rien, parce que maintenant ça ne me dérangerais pas de lui parler. Parfois, il faut laisser du temps au temps.
J'ai renoué un lien avec ma mère, je cuisine avec elle désormais. Ca faisait longtemps, et ça m'a fait du bien. Avant-hier on a eu une discussion, on a plus pleurer que parler mais on a enfin crever l'abcès, mis un point final à un récit de douleur qui enchaînait les virgules. Un nouveau départ se prépare.Avec mon père, la froideur règne. Il est indifférent à tout ce que je fais, et je reçois ses ignorances comme une balle en plein cœur qui ne vise pas l'artère mais les veines qui ne servent à rien. Autrement dit, je suis touchée mais pas morte. Et ce, à chaque fois que je passe pour l'insignifiante à ses yeux.
Avec ma grande sœur, les choses s'adoucissent. J'ai l'impression de voir le bout du tunnel avec toute ma famille (sans compter mon père et Nabil), même avec Issam. On se parle, on se souris parfois. J'ai décidé de garder un cœur pur, ouvert à tout mais fermé à la rancœur et la rancune. Cela fait plus de mal qu'il ne protège. D'Aniah j'ai des nouvelles de temps en temps, comme d'habitude quoi.
Oui, on a l'impression que ma vie est banale, qu'elle n'a pas changé. En réalité si, hier j'ai vu Lyliah et mon cœur n'est plus le même depuis. Il semble plus léger, plus heureux. J'ai vu Lyliah vêtue de sa plus belle parure, du plus beau vêtement qu'une femme puisse porter... vous l'aurez compris, Lyliah s'est voilée. Oh vous voyez, relisez... « Lyliah s'est voilée » la phrase en elle-même a de la pudeur, de la classe et de la sagesse. Le voile... Lyliah. Ma sœur. Lorsque je l'ai vu, après mes yeux écarquillés elle a affiché un grand sourire : « Et oui ! ».
Qu'est-ce c'est beau une femme qui se dévoue pour Allah, outre les remarques et outre la société qui assujetissent les femmes. Lyliah a fait un choix, celui de vivre en fonction des lois qu'Allah a imposé, ce voile, elle m'a dit, elle ne le voit même pas comme une obligation, mais une bénédiction. C'est un devoir, mais pourtant c'est un devoir bénéfique. Ce tissu ne nous veut que du bien, m'a-t-elle dit. Ce tissu c'est enfin moi, a-t-elle rajouté. Paisiblement, son visage s'est radouci, ses cernes se sont dissipées, lorsqu'elle me parlait de lui, de son voile, elle était radieuse. Elle a enfin trouvé sa voix, « j'étais musulmane mais pas complètement ».
Hier, je l'ai quitté toute déboussolée. J'étais fière d'elle, de ce qu'elle était devenue, fière du chemin qu'elle a parcouru, fière de la Lyliah qu'elle est.[...]
Ce lundi, je dois aller voir Yanis. Après nôtre dispute, on ne s'était pas reparlés, il m'a contacté hier soir, et a fixé un rendez-vous. Je me prépare donc et m'apprête à sortir quand Nabil m'appelle.
« Oui ? »
Nabil « Viens deuspi dans ma chambre »
Je pose mon sac, un peu interloquée et me dirige vers sa chambre.
Il ouvre, et je le suis. Il s'assoit (ou se jette) sur le lit et commence :
Nabil « Ce que t'as dis la dernière fois... »
« Oui ? »
Nabil « C'est vrai, ouais ce que t'as dit c'est la vérité mais vasy c'est finis nan ? »
Je vois, il est simplement en train de tenter de me soutirer des informations. Je souris. Car oui, je ne m'étais pas trompée, et mon frère regrette. D'un côté cela me soulage car, ouf, il a un cœur, mais d'un autre je repense à la perle que Lyliah est devenue et quand je vois la loque qu'est mon frère je me dis que ce n'est pas compatible. J'aimerais tellement... Mais c'est injuste. Et puis il y a Imran.
« Nabil... sah j'ai... je peux rien te dire moi, t'as peut-être trop attendu, trop tardé, faut que tu prennes ton courage à deux mains et que t'ailles lui parler toi-même, comme un vrai rajel »
Il sourit tristement, baisse le regard et murmure : « T'as raison »
Je sors de sa chambre doucement, et ensuite, de la maison. J'avance vers le point de rendez-vous de Yanis avec la discussion de Nabil et moi en tête. Il a peut-être changé. Enfin.
Quand je suis arrivé, il était déjà là.« Salam ahleykoum ! »
Yanis « ahleykoum salam Chaïma »
Ok je vois, il annonce la couleur lui. Pourquoi il dit mon prénom, ça fait trop sérieux j'aime paaaas.
« Tu voulais qu'on parle ? » (bah oui moi aussi j'annonce la couleur, non mais)
Il me sourit. Et me fait un signe de tête.
Yanis « Tu me suis ? On marche un peu »
J'hoche la tête positivement et on marche l'un à côté de l'autre.
Yanis « Je voulais te parler de la dernière fois, et m'excuser... (je le coupe) »
« OH ! Yanis ?! S'excuser ? C'est la foire à la patate ou quoi ? »
Il sourit une fois de plus et reprends :
Yanis « Tais-toi hmara, écoute sah j'ai été bête mais toi aussi là tu joues trop avec mes nerfs ! »
Le ton de sa voix s'est durcit...
Yanis « Mais bref, j'voulais m'excuser parce que j'avais pas à te parler comme ça »
... puis radoucit.
Yanis « Et... »
Il me montre un banc au loin.
Yanis « On s'assoit là-bas ? »
J'hoche la tête et on se pose à l'endroit indiqué. Une fois assis, il se tourne vers moi, me regarde droit dans les yeux.
« Ohhhh me regardes pas comme ça là ! »
Il insiste et me prends les mains, mon cœur battait la chamade, j'avais l'impression que j'allais entendre quelque chose qui allait me faire sursauter ou vomir, je ne sais pas trop.
Tout en serrant mes mains il annonce :
« Chaïma, ma p'tite Chaï..., je vais pas tourner autour du pot, j'en ai marre de tout ça et je veux faire les choses bien avec toi. »
Mes yeux se remplissent d'eau dès que j'entends ces mots, une larme tombe sans que je ne puisse l'arrêter. J'ai envie de parler mais je crois que ma voix ne veux pas, seuls mes yeux sont réactifs et sans un mot, dans le silence où seul le vent crisse, des larmes coulent, une à une, sur mes joues... Un sourire se dessine, sur mon visage et sur le sien. Ma tête se pose instantanément sur son torse, et ses mains caressant le sommet de ma tête. Il... Il... Non. Ne pense pas. Mes larmes tombent sur son t-shirt et le mouille peu à peu. Je ne comprends pas. Et pourquoi je souris comme ça ?
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Chronique de Chaïma: Koulchi Bel Mektoub
RomanceReprise de ma chronique sur Facebook (avec réécriture parfois) Chronique finie - 80 parties