Salam ahleykoum
Partie 63
J'ouvre mes yeux peu à peu, une intense lumière m'empêche de les ouvrir complètement. Il me faut du temps avant de m'habituer. Machinalement j'arrive enfin à ouvrir mes paupières alourdies par la fatigue, je commence à me lever sur moi-même. Non je ne me trouve pas dans un hôpital. En fait, je ne sais même pas où je suis. Un homme apparaît, ah mais je le connais lui ! c'est l'inconnu du banc de tout à l'heure. Je me recule effrayée. Sans m'en rendre compte l'image atroce d'Anass et ses potes tentant de me vio... de me vio... enfin bref, l'inceste image réapparait dans ma tête. J'ai peur de l'homme, peur de sa force, sa voix, ses paroles, peur de ce qu'il peut faire contre mon gré. L'homme pour moi est devenu un animal sauvage, sans cœur et intrépide. Qui vagabonde chaque jour pour trouver une nouvelle proie. Anass m'a trouvé puis m'a jeté. Anass c'est le plus sauvage.
Inconnu « Eh calme, calme je vais rien te faire, t'inquiètes. »
Malgré ses multiples paroles rassurantes, pour mon bien être je ne voulais pas qu'il s'approche trop près de moi.
Il m'apporte une tasse de café et quelques gâteaux arabes. Je le regarde. Je n'ai pas faim.
Inconnu « Fais pas de chichis, je sais que t'as pas faim mais mange un peu histoire d'avoir des forces. »
Je grimace.
Inconnu « S'il-te-plait wesh. »
Il insista encore, j'apporta alors la tasse près de mes lèvres et en bu un peu, croqua un bout de gâteau sans le finir.
Inconnu « C'est tout ? »
J'hoche la tête.
J'observe la pièce dans laquelle je me trouve, un petit salon plus ou moins aménagé. Dans le fond de la pièce un petit escalier qui doit surement mener aux chambres. C'était assez propre et joliment décoré.
« Je suis où ? »
Inconnu « Chez moi »
Il m'a dit ça sur un ton tout à fait normal, entre un bout de makrout et une gorgée de café.
Je commence à me lever complètement, et me dirige vers la porte d'entrée, cependant il s'approche directement de moi pour me bloquer le passage.
Inconnu « Oh oh tu vas où là ? »
« Je sors »
Inconnu « Pour aller où ? »
... c'est vrai. Pour aller où ? Chez Anass ? Non, hors de question. Chez mes parents ? Non, encore moins. Et puis qu'est-ce que je vais leur dire ? « Oui bonjour, Anass m'a répudié, salut la mif j'suis de retour ! » ? Non non, impossible. Je sais très bien qu'il faudra faire face à ça une fois, mais là je suis pas prête. Pas prête du tout même.
Inconnu « C'est bien ce que je me disais. Tu m'as toujours pas dit pourquoi tu pleurais tout à l'heure ».
Au début je ne comptais pas lui dire, il a juste insisté un peu et j'ai craqué... J'avais besoin de sortir ces maux, ces larmes, ces ressentis, cette haine et cette colère contre tout le monde. Et bizarrement lui m'a compris, il m'a écouté longuement, il a essuyé mes larmes quand je ne pouvais les retenir, m'a conseillé de zapper Anass, que ce n'est pas un homme. Un véritable homme ne s'attaque pas à une femme, ne la fait pas souffrir et ne la rend pas amoureuse s'il n'a pas l'intention de l'aimer. Je l'écoutais parler, je buvais ses paroles, il a raison de A à Z, sur tous les points. Il m'a promis qu'il sera là pour moi. Puis il m'a raconté son vécu à lui.
Il s'appelle Naïm, agé de 21 ans il a vécu depuis ses 8 ans sans parent. Son père a tué sa mère, il s'est retrouvé en prison pour une peine de 15 ans. A l'heure d'aujourd'hui il n'a plus que 2 ans à faire. Naïm a nagé entre les familles d'accueil, mais trop perturbé depuis l'enfance, enragé depuis petit, personne ne voulait de lui. Alors il est resté dans le foyer, puis à ses 16 ans il a fugué. Dehors, la vie est périple sans fin, il a bicravé pour se faire des thunes, s'est noyé dans l'alcool, la merde que lui a fait cadeau la vie. A 17 ans il a pris 3 ans fermes. Ca l'a endurcit, réveillé un peu. Il a toujours cette rage qui parfois le pousse à faire des conneries, il a un tempérament de feu. Puis à sa sortie de prison, il a trouvé un travail hlel, il a galéré pour le trouver mais a réussi, depuis il vit dans un appart minuscule mais il vit heureux et c'est le principal.
Pendant qu'il me racontait son récit, moi j'étais subjugué. Vous vous rendez-compte ? Un simple homme comme ça peut avoir un vécu aussi extraordinaire. Je regardais mon passé à moi, ma souffrance, ce n'était rien par rapport à ce que lui a enduré depuis tout jeune. J'étais honteuse.
On est resté des heures à parler, de nos ambitions futures ect... Naïm est devenu un ami.
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Chronique de Chaïma: Koulchi Bel Mektoub
RomanceReprise de ma chronique sur Facebook (avec réécriture parfois) Chronique finie - 80 parties