Partie 64

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Salam ahleykoum

Partie 64

Cela fait à peine une semaine que je me trouve chez Naïm, j'avais un peu honte de « vivre » chez un homme qui n'est ni mon frère, ni mon époux. J'avais également mis au courant Lyliah, elle m'avait raconté qu'Anass était venu une fois chez Fatem, persuadé que je me trouvais ici, il est carrément rentré dans l'appartement parce qu'il pensait que Lyliah mentait, elle m'avait aussi dit de faire attention à moi et que si je voulais je pouvais revenir à tout moment chez Fatem. Mais je n'ai pas préféré, j'avais encore plus honte de ce que m'avait dit Anass devant Fatem. J'ai un énorme respect pour cette femme, je... je ne sais pas, je ne voulais pas.

Naïm est très renfermé sur soi-même, je l'ai vite remarqué. Vous savez c'est des petits détails qui sautent aux yeux, il n'a jamais tenté quoique ce soit avec moi, ça me rassurait un peu, mais je surveillais toujours mes arrières. On ne sait pas ce qu'il se passe dans la tête d'un autre que toi.

La semaine passe doucement, j'avais repris mon travail, j'avais trouvé une simple excuse de maladie improviste, c'est passé crème. Sauf qu'à un moment, il fallait que j'assume la réalité, que je fasse preuve de courage. Alors que Naïm était au travail, je ne vous ai pas dit mais il travaille dans le garage du père à l'un de ses seul amis. Breffons, je disais alors que Naïm s'était absenté j'en ai profité pour faire mes bagages. J'avais prévu simplement de lui écrire un mot pour le remercier et lui expliquer qu'il fallait que je retourne chez mes parents mais malheureusement pour moi il est revenu plus tôt. Il regarda mes valises et ses sourcils se froncèrent. Mauvais signe.

Naïm « Tu fais quoi là ? »

Moi « Bah euh... il faut que je retourne chez mes parents »

Naïm « Pourquoi faire ? »

Moi « Tu sais très bien que je ne peux pas rester indéfiniment ici... faut que j'assume. »

Naïm « Tu reviens ? »

Moi « ... Naïm... je peux pas ! »

Naïm « Ok. »

Son visage se durcis à vue d'œil, je vous l'ai dit, il est très renfermé sur lui-même. Je ne le qualifierais pas de « thug » ou de « ghetto youth ». Naïm n'a pas ce caractère impulsif, méchant et grognon. Il a juste du mal à parler de ce qu'il ressent. Il m'avait expliqué qu'il avait eu une relation avec une femme à l'âge de 17 ans, juste avant qu'il se fasse emprisonner, mais que ça n'avait pas fonctionné car selon la femme Naïm n'était pas démonstratif. Au jour d'aujourd'hui il en rigole, bien qu'il ne me l'a pas dit, ses yeux ne mentent pas, je sais très bien qu'il en a souffert. Je venais encore plus de comprendre que Naïm était renfermé sur lui-même, personnellement ça m'avait blessé. Je m'attendais à ce qu'il me dise de faire attention à moi, ou bien qu'il me dise qu'il faut qu'on garde contact. Au fond de moi, je ne voulais pas le perdre de vue. C'est vraiment quelqu'un que j'ai apprécié très vite, un réel ami pour moi. J'étais déçue mais bon. Avec le temps tu apprends à avancer quelque soit tes problèmes.

Je m'avança vers l'arrêt de bus. Quand j'avais allumé mon téléphone j'avais reçu de nombreux appels manqué d'Anass, d'appels vocaux, tous insultant les uns comme les autres. Je les avais écouté avec Naïm et... mes larmes évidemment. Enfin bref, j'envoie un message à Anass. En vérité, c'est une décision très lâche. Je savais que je n'aurais pas réussi à l'appeler, enfin plutôt je n'aurais pas réussi à lui parler au téléphone. Réaction bête puisque j'allais le voir en face de moi, ce qui est pire. Enfin bref j'envoie donc ça :

« Salam, c'est Chaïma je suis à l'arrêt de bus ******* »

J'ai juste envoyé ça, je n'avais pas la force de lui expliquer que voilà... il fallait annoncer le tout. De toute façon, il allait comprendre, il n'est pas bête... du moins j'espère qu'il comprendra parce que sortir à nouveau ça de ma bouche serait un supplice.

Il ne répondit pas, mais m'appela directement. Putain, ce que je voulais éviter ! Bon, je prends mon courage à deux mains et décroche... Bismillah.

Moi « Oui, allô ? »

Anass « Ouais. C'est moi, t'es où ? »

Moi « A l'arrêt de bus **** »

Anass « Ok »

Il raccrocha directement, bon personnellement je n'avais pas compris la raison de son appel puisque l'information que je venais de lui donner je lui avais dite par message. Mais bon. Pas la peine également de vous dire que cette « conversation téléphonique » m'avait mise dans tout mes états. J'avais chaud, froid, tiède ( ? oui oui). J'étais en transe ! Dix minutes passent longuement quand j'aperçois une voiture, inconnue à mon œil, mais mon petit doigt me dit que c'est Anass. Et en effet... Il klaxonna et ouvrit sa fenêtre et me fit signe de venir. Même de loin il était beau...

Je me lève, mes genoux flageolaient. Une fois dans la voiture, son parfum embaumé tout le véhicule ainsi que mes narines. Putain... pourquoi il faut qu'il sente aussi bon. Je n'osais pas du tout le regarder, dans ma tête je pensais à la scène où il m'a avoué ce truc qui a réussit à me détruire complètement jusqu'à l'os. Une question me vint en tête...

Moi « La cité est au courant ? »

Cette question je l'ai posé, le regard pointé sur la route, les yeux vides de tout sentiments.

J'ai senti sa tête se tournait et son regard se posait sur moi. Bam, des frissons.

Il a retourné la tête vers la route après cinq seconde de fixation et a repris la parole.

Anass « J'ai été voir tes parents, j'pensais que t'étais là-bas. Ta mif le sait, j'pense que la tess aussi. »

C'est bien ce que je voulais éviter, ces regards de pitié sur moi. Je ne serais plus Chaïma la petite sœur à Nabil et Issam mais Chaïma la femme qui s'est fait tej par son mari. C'est juste l'humiliation la plus grande que j'ai pu recevoir, j'aurais réellement aimé éviter ça. Et j'en voulais à Anass tout de même, bien que ce ne soit pas son but de m'humilier. M'enfin, on arrive au quartier, il se gare et on arrive chez moi.

Des retrouvailles, j'ai peur des retrouvailles. D'ailleurs ce mot je le hais, comme je hais cet amour qui a grandis en moi.


Chronique de Chaïma: Koulchi Bel MektoubOù les histoires vivent. Découvrez maintenant