Partie 76

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Salam Ahleykoum


Partie 76

J'ai oublié de vous préciser comment allait ma vie professionnelle. Et bien, tout tournait comme je le voulais. Je commençais à avoir un peu plus de sous, j'économisais et ma cagnotte augmentait petit à petit. Je voulais mon indépendance. Depuis mon mariage, aux yeux des gens j'étais indépendante mais en vérité j'étais prisonnière, j'avais juste changé de logis. Cette fois ci je voulais prendre les choses en main, je commençais à regarder les annonces de petit studio. Maneyl m'avait prévenu à ce propos que mon père allait s'y opposer mais j'étais décidée. J'allais partir dès que je pouvais.

Les jours passaient donc, on était samedi je devais sortir avec Yanis en ville. C'était une petite habitude, une ou deux fois dans la semaine on se retrouvait pour aller manger un bout juste avant le coucher de soleil, on allait au parking de la dernière fois (c'est moi qui avait insisté) voir le coucher de soleil et on filait à la mosquée la plus proche.
La journée passa donc facilement, sans heurt et avec joie. Avec Yanis c'est rire et amusement assurés. Nôtre relation s'était endurcie. On se parlait désormais sans gène, il me reparlait à nouveau de sa vie personnelle, de sa famille de son travail.

« Tu travailles où toi déjà ? »

Yanis « Pourquoi ? »

« Bah pour savoir »

Yanis « Dans le garage de Hamid »

« Ah ouais ? Ah bien bien »

Yanis « mdrrr qu'est-ce t'as »

« Bah rien, moi aussi je travaille » avais-je dis toute fière.

Yanis « Cool ta vie »

Yanis était plein de choses comme ça. Il m'arrêtait net dans mes délires, me foutait des vents phénoménales et ça le faisais rire.

« Ah c'est comme ça ? OK »

Yanis « Oh arrête de bouder sale race »

« OK »

Yanis « T'es sah de la sahance de la sahsahitude làààà ? »

« OK »

Yanis « Mais sahement t'es sah quand tu fais la meuf sah qui est sahhhhhhettement za3ff de la sahtante ? »

Je ne peux m'empêcher de rire.

« Vas-yyyy tu m'énerves là »

C'est tout le temps comme ça. Des discussions sans queue ni tête, pour rire un peu. Yanis c'est mon petit bout de bonheur dans ce monde de brutes. Il me fait rire autant qu'il m'énerve mais bon. Nos discussions se résumaient à se taquiner et rire mais parfois il nous arrivait de parler sérieusement :

Yanis « Nan mais t'es sérieuse là Chaïma ? »

« Oui Yanis, ça me tient à cœur tu ne sais pas toi à quel point ! »

Yanis « D'où déménager SEULE dans un QUARTIER ça peux te tenir à cœur ?! »

« Mais tu vois que le mal, j'ai 21 ans, c'est bon là j'ai le droit à mon indépendance ! »

Yanis « Nan »

« Quoi nan ? »

Yanis « Nan j'ai dis y'a pas de... nan. »

« Non mais (il me coupe) »

Yanis « J'ai dis NAN ! Forces pas t'es pas mariée t'as cru t'allais sortir de chez toi comme tu veux. Elle est ouf celle-là azy reste tranquille je suis pas d'accord azy j'me casse »

J'étais abasourdie. Je lui avais annoncé que je commençais à rechercher des appartement pour déménager seule et voilà qu'il pète un plomb... Est-ce que je lui ai demandé son avis même. Il avait un peu haussé le ton ce qui fait que les gens qui étaient dans le grec me regardaient assez bizarrement. Il était déjà sorti, je ne savais pas trop quoi faire je suis sortie à mon tour mais en allant dans la direction de l'arrêt de bus.

Yanis « ET TU RAMENES TA GUEULE ICI »

Demi-touuurrr... droite ! J'avais un peu peur, ces cris me rappelaient Anass et... et j'avais peur. Yanis n'avait jamais haussé le ton sur moi, ou alors ça date de très très longtemps, intérieurement je sais qu'il ne me ferait jamais le mal que m'a fait Anass mais on ne sait jamais à quoi s'attendre avec un homme. Comme on dit « ne fais confiance à personne même ton ombre t'abandonne dans l'obscurité ».
Je ne rechigne pas une seule seconde et file dans la voiture, devant afin d'éviter un nouveau hurlement. Yanis reste un moment devant la voiture, surement pour se calmer et moi j'attendais dans la voiture. Je repensais à toutes les crises que j'avais vécu avec Anass, il est vrai que je me faisais du mal en repensant à tout ça mais c'était un tic. Depuis tout ça, quand l'on me criait dessus ou que je voyais des personnes s'hurlaient l'un sur l'autre ça m'angoissait. Je n'apprécie plus, je ne supporte plus les cris et la violence.

Après un long quart d'heure il finit par rentrer dans la voiture en silence. Je n'ose le regarder même du coin de l'œil, suffit d'écouter sa forte respiration pour comprendre qu'il était hors de lui.
Il met le contact et roule. Cette fois, la journée est écourtée car il me dépose devant chez moi sans un mot. Je lui jette un coup d'œil, lui ne me regarde toujours pas, claque la porte et rentre chez moi.

Chronique de Chaïma: Koulchi Bel MektoubOù les histoires vivent. Découvrez maintenant