Partie 46

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Salam Ahleykoum

[...] Puis, une idée me vint en tête. Je regardai Lyliah et...

Moi « Tu sais quoi ? »

Elle me regarda, les yeux emplis de larmes, et répliqua :

Lyliah « Quoi? »

Moi « Je vais aller voir ma voisine du dessus je crois, et je vais lui demander de t'héberger et... (elle me coupe) »

Lyliah « Non, non ! J'vais pas aller chez une inconnue oh ! Et puis j'sais pas, la honte ! »

Moi « Mais c'est pas une inconnue, je la connais c'est une femme grave hnina sah ! »

Lyliah « Non, nooonn ! C'est mort de chez mort, j'irais pas, point. »

Je la regarda déçue et répondis d'une voix triste.

Moi « Tu préfères être de rues en rues, mourir de froid la nuit, les violeurs qui trainent le soir, sah tu crois c'est bon pour le bébé... et puis, même pour toi ? Tu crois que c'est bon ? Vazy fait ça pour moi, tu seras tout près de moi, j'me sentirais mieux, et au moins, tu mangeras, dormiras, sur tes deux oreilles ! »

Elle me regarda longuement, sans rien dire. Puis répondit ;

Lyliah « De toute façon, on ne sait même pas si elle sera d'accord. »

Moi « Mais ta gueule ! Ne cherche pas des excuses, fissabilah tu connais ? »

Lyliah sourit. Un petit sourire se dessina sur son visage, elle était mille fois plus belle ainsi, avec un sourire scotché sur le visage, c'est largement mieux que ces larmes et ce regard vide qui dessine ses traits. Je souris aussi.

Je regardai l'horloge à nouveau, 5h57. Lyliah le remarqua et me fit la remarque :

Lyliah « Yeu, t'as quoi toi à fixer l'horloge à chaque fois ? T'as peur ou quoi mdrr »

Elle ria cinq minutes.

« Si tu savais. Je meurs de trouille chaque fois que j'entends ses pas, chaque fois que sa voix résonne dans la maison, chaque fois que ses cris se font entendre et ses insultes se font recevoir. J'ai peur, oui. Je suis devenue faible, on peut me comparer à une crevette, un petit-être, une fourmi même. Compare-moi à tout ce qui n'a pas de force, force physique ou force de penser. Compare-moi à une femme meurtrie, détruite, bouffée par la rage de la vie que je mène et la peur de la suite. Lyliah si tu savais, j'appréhende son retour, mais pas comme tu peux le penser, chaque soir je ne l'accueille pas avec un plat tout chaud, tout préparé comme le font les couples, les mariés. Chaque soir, à l'heure où il rentre, je me cache dans ma chambre, la seule pièce de cette maison qui me parait plus familière, tout le reste, pour moi c'est l'inconnu et je suis cette guerrière qui tente chaque jour de combattre ses peurs. Parce que j'ai peur, d'ailleurs ce n'est plus de la peur, mais de la terreur, il existe peut-être un peu d'amour, un tout petit pourcentage, enfouis dans le fin-fond de mon cœur. Mais c'est bel et bien la peur qui me remonte à chaque regard, chaque parole, chaque souffle même... c'est bel et bien la peur d'Anass, que je ressens. Misérable que je suis, je le crains. »

Voyant que je ne riais pas avec elle, que je ne souriais plus du tout même, elle prit sa voix la plus tendre et dit :

Lyliah « Oh mais, qu'est-ce qui a ? »

Sans relever la tête je répliqua,

Moi « Rien... (je levai les yeux vers mon horloge) Allez, il est 6h et quelques, tu viens avec moi je vais sonner chez ma voisine.»

Lyliah leva un sourcil, elle avait du comprendre que ma vie de couple n'est pas normale, n'est pas comme tout le monde. Elle devait se douter de quelque chose, mais elle ne doit pas se douter de ce qui se passe réellement. Elle ne doit pas savoir que mon cœur est ravagé par la peine et ma tête par des milliers de questions sans réponses, évidemment.

Mais elle ne resta pas sur le sujet, comprenant que je ne voulais pas en parler. Elle me connait par cœur, comme si j'étais l'une de ces comptines qu'on récitait, imprégné par le stress, devant toute la classe. Elle me connait peut-être mieux que moi je me connais pour vous dire.

On se leva toutes les deux, je pris les clefs, Lyliah sortie, je ferme derrière moi et on monte un étage, en vérité je ne savais même pas où elle habitait cette Fatem. C'était spontané, je me laisser guider par mes pensées, et sonna à la porte 11 du troisième étage.

Je sentais Lyliah nerveuse, moi je ne l'étais pas, bizarrement j'étais sereine.
Puis la porte s'ouvrit, laissant apparaître, al hamdoulilah, Fatima-Zohra.

Je souriais, elle aussi. Fatem fait partie de ces gens qui ne sourient pas qu'avec leurs lèvres, mais aussi avec leurs yeux, nez et joues. Elle a le sourire qui tue si je puis dire. Ce sourire a la chance de faire sourire ceux qui l'interceptent, les plus malheureux, comme les plus heureux. Elle a un sourire magnifique en gros.

Fatem « Salem wa3leykoum wa rahmathAllah wa barakathu ! »

Moi et Lyliah « Wa3leykoum salem khalti! »

Elle nous fit rentrer suivi de l'un de ses chaleureux, « marhebebik mes filles ! »

Vous savez, la plupart des gens d'aujourd'hui aurait regardé de travers les inconnus, ne nous laissant pas entrer, elle ne connait pas Lyliah et moi, elle me connait à peine, cependant elle n'a pas hésité une seule seconde à nous faire entrer, son geste est bon, ça se sent.

Elle nous dirige au salon. L'appartement avait l'air d'être vide, vivait-elle toute seule ?
J'observais son salon, un salon typiquement marocain, un tableau orne le mur face à nous, sur lequel une multitude de photos se trouvent. Peu après Fatem revient, les deux bras chargés de plateaux de gâteaux et de café. Lyliah prend l'un des plateaux, qui avait l'air d'être trop lourd pour cette svelte femme qu'est Fatem.

Fatima-Zohra physiquement, est âgée, cependant ses trais du visage, cernes et autres marques de vieillesse l'embellissent encore plus, son visage brille de milles feux ! Elle a de petits yeux noirs et a la peau légèrement doré, on la décrit comme étant une femme blanche de peau. Cela m'avait choqué qu'elle ai un salon marocain alors qu'elle ne ressemble pas du tout à une marocaine, Fatem n'a pas la taille fine, mais n'a pas non plus la taille d'une grosse femme, elle est normale, elle a de petites mains et de faibles épaules, toute mignonne.

Lyliah et Fatem s'assoient, cette dernière nous sert le café et nous file sous le nez l'odeur de ces bons gâteaux maghrébins, j'en prends une bouchée quand Fatem se mit à parler :

Fatem « Benthi,  tu es venue ici pour la raison mmh ?? » s'adressant à moi.

J'avala de travers, toussota un peu, et tourna le regard vers Lyliah... Fatem continua donc :

Fatem « Et... je pense que cette fille est cette raison, mhm ? »

Je tourna le regard vers Lyliah, celle-ci rougit un petit peu et répondit :

(A suivre)

Chronique de Chaïma: Koulchi Bel MektoubOù les histoires vivent. Découvrez maintenant