Partie 45

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Salam Ahleykoum

Elle sonna à l’interphone peu après, je lui ouvre, je l’entends marcher dans les escaliers elle frappe à la porte, j’ouvre et… nouveau choc.
Elle était toute bleue, et la cause ce n’est pas le froid. Elle avait le visage enflé de partout, des griffures aux niveau des tempes, sa bouche était complètement éclatée, elle avait d’énormes poches sous les yeux et qui plus est ; ses yeux était gonflés comme jamais.

Je l’ai regardé choqué, et mes larmes ont coulé toutes seule… ma sœur… que lui est-il arrivé ? Elle avait terriblement changé, j’avais l’impression qu’elle avait prit un méchant coup de vieux, comme si ça faisait des années qu’on ne s’était pas vu, elle avait attaché ses cheveux en chignon et portait une large robe avec un gilet en laine. J’ai baissé mes yeux sur son ventre, on apercevais son petit ventre rond. C’était magnifique à voir, bizarrement elle n’avais pas prit de poids aux autres parties de son corps, au contraire on aurait dit qu’elle venait de perdre une dizaine de kilos, ses joues étaient creusées et elle avait les yeux braqués sur le sol, honteuse.

J’ai tout de suite compris. Sa famille est au courant… Ses frères avaient du la démolir…

Je suis restée un moment à la regardé, j’avais les larmes qui coulaient sans aucun bruit, elle, elle se contentait de garder les yeux vers le sol. Je me doutais bien pourquoi. Elle avait honte, mais en réalité honte de quoi ? Honte d’avoir aimé ? Honte d’avoir été amoureuse et naïve ? Certes elle a pêché. Mais qui lui a fait croire toutes ces belles paroles ? Qui lui a promis monts et merveilles ? Qui lui promettait amour, enfants et bonheur ? Qui lui disait qu’elle était belle, douce, intelligente mais surtout, qui lui jurait que son amour était sincère ? Que avec elle les disquettes n’avaient pas de place ? La réponse est lui, lui, lui et encore lui.

Puis, on s’est prises dans les bras, on pleurait toutes les deux à chaudes larmes. J’entendais Lyliah reniflait et bafouillait des mots  que je ne compris pas.
Après, on s’est lâchées, Lyliah reprenait sa respiration, vous savez quand l’on pleure beaucoup on a du mal à respirer normalement après, comme quand un bébé pleure et bien là c’était pareil. Ça me déchirait le cœur de voir ma Lyliah dans cet état là, dans un état d’angoisse, de peur, de peine…

Je ferma la porte à clef. Jeta un coup d’oeil sur l’horloge, il est encore très tôt, 5h32 affiche l’horloge.
L’aube commençait seulement à se montrer, je redoutais le retour d’Anass mais de toute façon… il ne rentra pas de si tôt, j’en suis sûre, je le sens.

Je demanda Lyliah de s'asseoir sur le canapé, et je m’assis à ses côté, tournée vers la droite pour pouvoir la voir de face.

Moi « Raconte moi hbiba… »

Elle détacha ses yeux du sol, me regarda dans les yeux. Lyliah a toujours eu les yeux qui parlent trop, qui en disent long sur le passé, les épreuves, ce qu’elle endure. C’est bien pour ça qu’elle ne regarde presque personne dans les yeux, même avec moi elle fuit. Là, elle a plongé sans remord ses yeux dans les miens, j’ai découvert un tout autre univers dans ses yeux, un univers triste et heureux, lourd et agréable, pesant mais supportable. J’ai découvert une Lyliah amoureuse mais écorchée…

(Avant de continuer, je vous fais le topo de la famille de Lyliah (il est détaillé dans la partie 8) puisque ça fait longtemps qu’on n’a pas beaucoup parlé d’elle. Lyliah est une tunisienne de sa mère, Mouna, et malienne de son père. Elle a 6 frères (dont 4 grands) et 4 grandes sœurs. L'aîné est Ahmed-30 ans ; Oumaya-28 ans ; Hissa-26 ans ; Kamel-25 ans ; Sonia-23 ans ; Aïsha-22 ans ; Morade-22 ans ; Khadija-20 ans ; Boubacar-16 ans et Adam-13 ans. Lyliah a 19 ans tout comme moi, et se trouve entre Khadija et Boubacar. Mais seuls Aïsha, Morade, Khadija, Boubacar et Adaam (+Lyliah) sont encore chez eux, car les autres sont mariés ou fiancés à part Khadija qui elle, est fiancée mais vit encore chez ses parents)

Elle a prit une longue inspiration et a commencé son discours :

Lyliah « Un ou deux mois après qu’on s’est perdues de vue, Aïsha et Khadija remarquaient que je faisais beaucoup d’allers-retours au toilette à cause des nausées. Aïsha se préoccupait de moi, elle me harcelait pour savoir ce que j’avais, je lui disais juste que je devais couver une grippe c’est tout, Khadija elle, les débuts elle se posait des questions mais après elle a zappé, occupée avec Malik (son fiancé), tant mieux ! Mais tu vois, une grippe ça dure pas un mois entier, et Aïsha commençait à être de plus en plus pesante, elle me demandait pourquoi je m’habillais autant à la maison et tout, et une fois, alors que je me changeais parce qu’Adam m’avait salit et vu que y’avait tout le monde, Ahmed, Hissa, Oumaya, Kamel, tous étaient là, invités par ma mère… elle m’a vu… et mon ventre aussi… Ça fait 4 mois et demi que je suis enceinte et on commence à voir le petit bidon que j’ai… elle a tout d’abord était choquée et a poussé un cri. Et comme tout le monde était là, tout le monde a entendu, et tout le monde est venu. J’avais à peine eu le temps de remettre mon t-shirt, j’allais enfilé  tout mes autres habits mais j’ai pas eu le temps, on voyait à travers mon t-shirt mon ventre et… mes frères ont vu rouge… Ma mère est tombée dans les pommes, mes sœurs étaient pétrifiées, Ahmed a foncé sur moi et je suis tombée, toutes mes sœurs hurlaient mais ça servait à rien, Hissa, Kamel et Morade ont suivis le pas, et ils m’ont défoncé. Je te jure quand je te le dis j’ai encore mal, pas à cause des coups, mais j’ai mal aux cœur… Ahmed je me rappelle très bien, il visait mon ventre, il faisait que donner des coups de pieds dans mon ventre, Morade me traitait de tout les noms, ainsi que Hissa et Kamel. Ça n'a pas duré longtemps, 5 minutes maxi, puisque mes sœurs et ma mère essayaient de séparés, mais quatre hommes sur toi, te frappant au sang ça démolit bien, et pas que le corps, le moral aussi… Mais le pire Chaïma… le pire ! C’est que mon père ! Il a pas bougé d’un pouce ! Il a attendu que les garçon dégagent, pour me soulever par les cheveux et me foutre une gifle en me traitant de pute. Et il est parti… »

A la fin, elle ne pleurait pas. Contraire de moi, qui était en larme. Une seule question me venait en tête, une qui me tracassais, qui me faisait du mal… et le bébé ?

Je regarda Lyliah et lui dit :

Moi « Mais Lyliah ? »

Lyliah « Oui… ? »

Moi « Et le bébé ? »

Elle fondit en larmes, une seconde fois. Sans aucun bruit mis à part le glissement des larmes le long de ses joues, on entendait rien.

Moi « Lyliah ! Kheir incha Allah !! »

Elle leva sa tête, inondée de perles salée, et me dit d’une voix basse : « Je ne sais pas… »

Moi « Tu ne sais pas ? Tu es pas partie au gynéco ? »

Lyliah « ILS M’ONT MIS A LA PORTE CHAIMA ! JE SUIS DEHORS DEPUIS 6 JOURS ! (elle se calme…) J’ai pas pensé à y aller… enfin si, ça me torture même ! Parce que tu sais… à cet enfant je m’y suis attachée… mais j’ai peur… j’ai trop peur tu sais… »

J’étais bouche bée. Je ne savais pas quoi répondre. Ni même quoi pensé d’ailleurs, que faire ? Dieu seul sait, que si je pourrais je l’aurais accueillis bras ouvert chez moi, je m’en fou, je l’accepterais mais il y a Anass… Et j’en ai peur de lui. Que faire ? J’étais perdue. Déboussolée, angoissée. Je ne pourrais laisser Lyliah seule. Jamais de la vie, déjà six jours passés dehors pour une femme aussi svelte et faible que Lyliah, jamais de la vie je la remettrais dehors. Mais où?

[…] Puis, une idée me vint en tête. Je regarda Lyliah et…

(A suivre…)

Chronique de Chaïma: Koulchi Bel MektoubOù les histoires vivent. Découvrez maintenant