Salam Ahleykoum
Partie 77
Le soir j'avais repensé à la réaction de Yanis et j'avais beau me l'imaginer et la déchiffrer sous tous ses angles je ne la comprenais pas. J'ai préféré ne pas lui envoyer de message, s'il souhaite me parler il le fera tout seul, on va laisser les choses ainsi.
Le lendemain le soleil se réveille et avec lui tout le quartier. J'ai toujours aimé les matins, comme j'aime les soirs. Le matin tout est calme et encore endormi, c'est incroyable comment le Tout Puissant manie le jour et la nuit, et on ne se rend pas assez compte de la chance qu'on a. Car oui, les matins on doit les voir comme une autre chance de se repentir, de s'améliorer pour devenir meilleur.
Je m'éveille avec aucun projet ce matin-là ce qui m'avait un peu perturbé. J'avais eu Aniah au téléphone qui m'avait poussée à parler à Nabil de Lyliah et de ce dont j'ai été spectatrice.
Je prépare mon petit déjeuner et aperçoit Nabil se lever. Il devait être 9h j'étais étonnée qu'il soit déjà debout.
J'inspire profondément et lâche cette phrase :« Tu t'es levé tôt »
En vérité c'était juste un prétexte pour pouvoir lui parler de ce que j'avais réellement à lui dire. Il me regarde étonné un peu endormi tout en se frottant les yeux. Il ne réalise pas ? Je le regardais puis j'ai fini par me replonger dans mon bol de céréales. J'avais le cœur qui battait la chamade de peur. En fait, ce n'était même pas de la peur, de l'appréhension plutôt.
Nabil « Ouais »
Il se prépare également son petit déjeuner et s'assois à l'autre bout de la table. Je n'ai pas préféré relancer la discussion, le matin je sais qu'il n'est pas de très très bonne humeur. J'ai terminé et je suis sortie de la cuisine. Je file dans le salon chercher une solution pour lui parler seul à seul avant qu'il se décide à sortir. J'étais en train de regarder la télévision quand je le vois tout habillé se diriger vers la porte d'entrée. Je souffle un bon coup et je me lève vers lui.
« Nabil attends ! »
Il se retourne vers moi, fronce les sourcils. Cette fois il est bien réveillé.
Nabil « Qu'est-ce que tu veux ? »
Je le connais mon frère, il est sur la défensive à chaque fois qu'on titille ses habitudes. Et ce n'était pas dans ses habitudes que l'on se parle. C'est vrai je lui en ai voulu de m'avoir envoyé dans les bras d'un homme qui m'a fait du mal mais la fois où je l'ai vu au plus bas ma rancœur s'est dissipé. C'est mon sang, ma chair quand il a mal j'ai mal et le voir souffrir m'a déchiré le cœur. Celles qui ont des frères et sœurs comprendront, ce n'est pas dans mon habitude d'être en froid si longtemps avec ma famille, et je le comprenais bien trop tard. Mon frère avait besoin de moi... d'elle surtout. Je voulais lui parler, comprendre ses peurs et ses angoisses. L'insomnie le prends chaque soir et ça crève les yeux, il l'aime...
« Bah je... en fait... »
Nabil « Accouche là »
« Faut je te parle de quelque chose d'important »
Nabil « Bah dis »
« Euh non, fin ça se dit pas en cinq minutes »
Il se frotte la tête puis finis par dire :
Nabil « Je reviens dans 30 minutes, je sonne et tu descends t'as intérêt à être prête »
« D'accord »
Il sort de la maison et me laisse soulagée. Il ne faut pas que je déchante trop vite tout de même, le plus dur n'est pas encore passé.
Je fonce sous la douche m'habille à l'arrache et après le délai escompté et la sonnerie qui a retentis comme prévue je descends.
Il me fait signe de monter dans la voiture ce que je fis immédiatement. Nabil se mit à rouler en laissant la radio défiler comme fond sonore. Quant à moi je réfléchissais de quelle manière j'allais lui en parler et qu'est-ce que j'allais lui dire même.
On finit par aller au Mc do, on n'était encore dans la matinée on a donc pris simplement deux glaces.Nabil « Je t'écoute, tu voulais m'dire quoi »
« Tu promets de ne pas t'énerver ? »
Nabil « Pourquoi y'a quoi »
« Y'a rien mais promets le »
Nabil « T'as fais quoi encore ?! »
« Non mais calme toi, ça a rien avoir avec moi ! »
Nabil « Alors dis là, j'ai pas toute l'année tahu »
Je mélange ma glace nerveusement et finit par parler le regard fixé vers ma crème glacée.
« Tu vois, la fois où tu t'es réveillée dans une cave avec Yanis ? »
Nabil « Euh ouais »
« C'est pas lui qui t'avais trouvée en sah, c'est moi. Je l'avais appelé parce que je savais pas quoi faire, t'étais khabat et... (il me coupe) »
Nabil « Tu veux me faire la morale ? t'as rien à me dire toi »
« Ca n'a rien avoir Nabil, je ne suis pas là pour te pointer du doigt. »
Il ne répondit pas à ma requête je continuais donc sur ma lancée :
« T'étais avachi sur le sol, et tu insultais tout et n'importe quoi, tu parlais tout seul et... à un moment t'as mentionné le nom de Lyliah... »
Je lève les yeux pour voir sa réaction, il hausse les sourcils et avale sa salive difficilement ce qui le trahis. Mon frère a pris pour habitude de toujours faire croire qu'il s'en fiche de tout et que rien ne le touche, pour n'importe quoi et avec n'importe qui. C'est d'ailleurs ce qui a causé sa perte avec Lyliah. Il était pris sur le qui-vive ce qui fait qu'il n'a pas eu le temps d'emmagasiner son désarroi et sa douleur car il ne s'attendait pas à ce que je lui parle d'elle. Elle, la cause de son mal-être. Mon frère ne me dira jamais qu'il souffre de son absence et qu'il regrette pourtant je le connais et je sais que c'est ce qu'il ressent. La fierté coule dans ses veines comme le sang coule dans nôtre corps, et jamais ô grand jamais il admettra qu'une femme l'a mit à l'amende.
« Nabil, tes mots te trahissent, ton visage te trahit, tes insomnies te trahissent. Nabil tu... je t'ai vu au plus bas et malgré tout ce qu'il s'est passé j'ai mal de te voir comme ça. Je... c'est bête mais t'es mon frère et entre frères et sœurs on s'entraide et t'as besoin de mon aide »
Il marque un long moment de silence, tout en me fixant. Il ne me répondit pas, il se contentait de m'observer, en fait non. Il avait son regard posé sur moi mais ses pensées étaient ailleurs. Elles voyageaient loin d'ici, plus loin et plus haut encore que ces blocs de ciment dans lesquels on habite. Elles virevoltent à la recherche du bonheur. Sensation dont on perd le goût car son revers est amer, dur et rugueux.
« Nabil ? »
Il se remet de ses pensées. Le retour à la réalité est parfois brutal, on repense souvent aux bons souvenirs d'antan lorsqu'on se disait que le lendemain sera sûrement encore plus beau qu'aujourd'hui. On s'imagine dans le futur avec la joie du passé mais on ne se doute pas qu'il faut vivre le présent pour avoir un avenir plus beau. Les rancœurs, les joies et les peines, les rires et les pleurs et surtout, surtout l'amour et la haine doivent rester dans le passé. Ce qui est au passé reste au passé. Vivons le présent pour avoir un futur.
Il ramasse ses affaires dans le calme et la sérénité la plus complète et lâcha ses mots avec une telle froideur que ça m'en glaça le sang.
Nabil « Je vois pas en quoi tu peux m'aider, et en quoi j'ai besoin d'aide. Mêles-toi de ton cul, sœurette. »
Il se leva furtivement et me laissa en plan. J'étais tellement choquée que je ne pouvais bouger. Sa dernière phrase rythmait au son de son sarcasme dans ma tête. Son « sœurette » était faux et je ne comprenais pas bien. Au loin j'entendis une voiture qui demarra sèchement et partis en vitesse, ça ma réveillé et avant même que j'atteigne le parking il était déjà parti.
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Chronique de Chaïma: Koulchi Bel Mektoub
RomanceReprise de ma chronique sur Facebook (avec réécriture parfois) Chronique finie - 80 parties