Partie 66

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Salam Ahleykoum

Partie 66

Issam « Chaïma ? »

Mon cœur bat la chamade, un fin grincement se fit entendre dans ma chambre. Je ne dormais pas encore, le sommeil ne venait pas, j'étais assise sur mon lit à gribouiller des phrases sur une feuille que j'avais trouvé.

Je ne répondis pas, il entra et son visage apparu. Issam n'avait pas changé, sa barbe longeait son visage et ses yeux me regardaient. Il avait un regard triste envers moi.

« Ta pitié et toi je n'en veux pas. »

Il me regarde étonné. Je n'étais plus la Chaïma d'avant, tu m'as vue partir meurtrie et sans personnalité, et tu me revois forte. Désormais ce sera ainsi, je me le promets. Aucune larme ne coulera devant quiconque.

Issam « Chaïma... je suis désolé. »

« D'accord. »

Issam « Tu m'en veux ? »

« Non. »

Il ne répondit pas et sortit de la chambre.

Une semaine après, j'étais redevenue jeune fille. En effet, Anass m'avait répudiée. Quand je l'ai vu à la mosquée, il m'a regardé longuement, un peu triste. Moi, je l'ai fixé sans aucune émotion. Je vous promets, je ne ressentais rien. L'amour était bien là, je le sais, je le sens encore. Ses nuits d'insomnie parce que son parfum me manquait, je les ressens encore. Mais je crois que j'ai désormais une aptitude à ne plus rien montrer, c'est un plus, tant mieux.

Un mois passe, je ne sortais pas de la maison mis à part pour mon travail, j'économisais pour louer un appart, de préférence autre part qu'ici. Je ne parlais pas à mon père, Maneyl et moi on se reparlait petit à petit mais sans plus. Et quand Nabil faisait son apparition à la maison, on ne se regardait même pas. Issam tentait des approches avec moi, je ne le repoussais pas comme la fois dernière. Je laissais le temps. Ma mère ne disait rien, je lui parlais normalement, mais sans plus. J'avais une famille qui n'était plus la mienne. Ce soir, Aniah doit rentrer. Elle va avoir ses quinze ans demain. Aniah, c'est ma perle, mon amour. J'étais heureuse ce jour-ci, j'allais enfin la revoir.
La journée passe tranquillement, dix-huit heures quand la porte sonna. Bizarrement, ce soir là toute la famille était réunie, même Nabil.

Maneyl va ouvrir la porte. Des cris de joies, des rires. Ma tante et Aniah sont enfin arrivées. Un sourire s'inscrit sur mon visage. Elles arrivent au salon, ma mère et ma tante se prennent dans leurs bras, et font la bise à tout le monde. C'est au tour d'Aniah de me dire bonjour, elle me regarde longuement, ses yeux sont lumineux, elle ne me fait pas la bise. Non elle me prends dans ses bras, elle me serre fort, et me chuchote à l'oreille ses petits mots.

« Tu m'as manqué okhty. »

Une petite larme coule, elle me lâche et je m'empresse d'essuyer cette larme dans la cuisine. Ma petite sœur, elle a tant grandi, elle avait déjà son petit corps de jeune femme.
La soirée passe, ma tante doit repartir aujourd'hui, elle embrasse tout le monde et s'en va. Aniah reste dans le salon avec les autres. Moi je m'éclipse. J'ai l'impression de ne plus faire partie de cette famille, je me sens retirée. D'ailleurs, c'est aussi moi qui me retire. Je leur en veux mais préfère montrer de l'indifférence. Je m'installe près de la fenêtre et observe la cité. On est en hiver et la nuit est déjà tombée.
Un souvenir me revint en tête, cela fait un mois déjà que je n'ai eu aucune nouvelle de Naïm. Il a mon numéro pourtant. J'intercepte mon téléphone, et cherche son nom dans mon répertoire.
Je décide de lui envoyer un message. Il me manque mon ami, et le connaissant il ne fera pas le premier pas. Allez je n'ai rien à perdre.

« Salam ahleykoum Naïm, pas de nouvelle ? J'espère que tu vas bien, boussah. » Message envoyé.
Je verrouille le téléphone et m'allonge sur mon lit, la porte s'ouvre et le doux visage d'Aniah fit son apparition.

Aniah « Bah alors ? On se sauve ? »
Je souris.

« J'ai rien à leur dire. »

Aniah « Tu leur en veux ? »

« Non. »

Aniah « Et pourquoi tu ne m'en veux pas à moi ? »

« Mais je t'ai dit que... »

Aniah « Chaïma. »

« T'as rien fait de mal, et t'es qu'un bébé toi. »

Aniah « Demain j'ai quinze ans suusu ghetto youth ! »

« mdrrrrr bouffonne »

Aniah « Mdrr mohim, je comprends sah mais Allah est pardonneur, pourquoi pas toi ? »

« ... »

Aniah « Allez viens, on va préparer à manger. »

Elle a raison, tant de maturité. Elle parle avec douceur cette petite c'est grave. Elle avait réussis à me remettre en question. La soirée passe et la nuit aussi.
J'avais entrepris de reprendre les cours tout en gardant mon emploi. Mais je savais que c'était impossible.
Aujourd'hui on est lundi, j'ai décidé de prendre l'air, ma mère ne m'a rien dit, j'ai vingt ans tout de même. C'est mon jour de congé. Naïm m'avait répondu que tout allait bien, je n'ai pas répondu. Je voulais allez lui faire une petite surprise en allant le chercher à son garage. On verra bien ce qui se passera...  

Chronique de Chaïma: Koulchi Bel MektoubOù les histoires vivent. Découvrez maintenant