J'ai allumé la radio d'une main vaseuse. Fascination. Voilà une chanson sur laquelle j'adorais me réveiller. Alors j'ai esquissé un sourire, ouvert mes paupières collantes, retiré mes draps sans craindre d'avoir froid, fixé le plafond en remuant des orteils et ai fini par m'arracher du lit en début de refrain, toujours en étant parfaitement en rythme avec Alphabeat.
J'allais passer une bonne journée. J'en avais décidé ainsi, et la chanson n'avait fait qu'appuyer mon propos.
Les quelques rayons de soleil apparents filtraient délicatement les rideaux de la pièce et venaient à se poser sur mon visage. Je me suis précipitée à la fenêtre. De la neige. Les premiers flocons tombaient finement sur l'herbe gelée du jardin, on aurait dit du coton. J'ai essuyé d'un geste brusque la buée qui se trouvait sur la vitre. Les carreaux étaient froids, et à leur contact, je n'ai pu m'empêcher de frémir.
Rien n'allait pouvoir gâcher cette journée. Pas même une énième connerie de Malone, le bulldog qu'une amie de ma mère nous avait gentiment donné il y a déjà quelques temps de cela. Après l'avoir appelé "le chien" pendant un peu plus de deux ans, Malone était apparu pour Jack, mon père, comme étant une révélation alors qu'il était affalé sur le canapé, à regarder The Office tout en partageant un pot de beurre de cacahuète avec le chien.
En effet, aujourd'hui était un jour spécial. Le genre de jour qu'on attend depuis bien trop longtemps. Le genre de jour qui n'arrive qu'une fois dans l'année. Le genre de jour qu'il ne faut pas manquer. Le genre de jour qui, à tel point qu'il fait parti de "ce-genre-de-jour", vous empêche de dormir. Parce qu'il habite chacune de vos pensées, et que vous ne pouvez vous abstenir de fixer ce calendrier mural qui vous rapproche chaque jour un peu plus de ce genre de jour.
Pour moi ce genre de jour, c'était celui du festival de musique annuel qui se trouvait de l'autre côté de la ville et auquel je me rendais chaque année avec mon père et Flynn, mon meilleur ami que mes parents trouvaient bien trop gentil pour être honnête. Les vieux groupes de rock finis, c'était mon truc, et ce n'était un secret pour personne.
J'ai grandi avec la musique. Jack m'a dit que le jour où j'ai ouvert les yeux pour la première fois, il me chantait The Last Resort des Eagles, et que ma mère l'avait supplié de se taire. J'ai fait mes premiers pas sur du Bowie. J'ai commencé mon premier jour d'école sur les Doors. Et j'ai enchaîné le reste sur une variété d'autres groupes.
- Mabel, prépare-toi, on ne va plus tarder !
- Je descends dans une minute !
J'ai enfilé ma veste en jean et en ai retroussé les manches avant de passer en coup de vent à la salle de bain. En franchissant la porte de ma chambre, j'ai été alerté par la faible sonnerie de mon téléphone.
SMS ; Flynn ; 06:03 "Ne venez pas me chercher, je vous rejoindrai plus tard dans la matinée, mon patron m'a demandé de faire l'ouverture du bar, je partirai juste après. On se retrouve là-bas."
J'ai claqué la porte derrière moi, et j'ai descendu rapidement les marches de la maison deux par deux, en sautant une de plus lorsque je m'en sentais capable. Jack se trouvait dans la cuisine, seul, en train de boire sa tasse quotidienne de café un peu trop corsé, alors que ma mère devait certainement être encore dans les bras de Morphée. A notre premier festival, elle avait insisté pour nous accompagner. Et en rentrant à la maison le soir même, elle s'était jurée de ne jamais y remettre les pieds, prétextant une ambiance satanique et sois disant bien trop sale même pour une famille de nos revenus. Elle était au chômage après avoir été secrétaire dans un cabinet de dentiste à temps partiel, il était simple salarié dans une boîte de communication.
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LIGHT HOUSE
Teen FictionVenez découvrir l'histoire de Mabel Clark; une jeune fille passionnée par l'Univers et ses mystères qui, après un événement bouleversant, n'a qu'une hâte; sortir de son fauteuil roulant. Sans même qu'elle ne s'y attende, la jolie b...