Chapitre 3

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"Notre équipe de choc, ayant reçu un appel anonyme nous prévenant de la présence de Park Byers, célèbre chanteur du boys-band Stray Citizens, dans les rues de Brooklyn, s'est rendue rapidement sur les lieux. Bien sûr, notre mystérieux informateur avait omis de nous dire que l'irrésistible australien était accompagné d'une jeune femme plus ou moins particulière... Pour tout vous dire, cette dernière est en fauteuil roulant ! Est-ce une histoire sérieuse entre ces deux-là ? Où est-ce de la simple pitié de la part du jeune chanteur à succès ?  Nous vous tenons rapidement au courant sur lespotinsdeNY.com"

J'ai refermé brusquement l'écran de mon ordinateur.

- Mabel ? Tu es toujours là ?

J'avais complètement oublié que Flynn était à l'autre bout du fil, bien trop abasourdie par ce que je venais de découvrir.

- Est ce que je suis à ce point différente de vous, pour que l'on puisse me qualifier de fille atypique ? J'ai demandé sans vraiment attendre de réponse. 

Mon regard ne voulait pas quitter mon fauteuil. Il était devant moi. Difficilement visible dans la pénombre. Je le distinguais à peine. Mais il était bien là. Il sera toujours là. Il ne me quittera jamais. C'était mes jambes à présent. Et je m'étais faite à cette idée. Alors pourquoi ne pouvaient-ils pas en faire autant ?

- Quoi ? Mais qu'est ce que tu racontes. Tu sais très bien que tu n'es pas différente. Tu es la même que la première fois que je t'ai rencontré. Ces gens ne te connaissent pas comme je peux te connaître. Ils ne savent pas qui tu es. Ils ne savent rien de toi. C'est de la pure provocation.
 

Je n'ai pu me retenir de rire jaune.

- Si seulement les gens étaient comme toi. La plupart d'entre eux me voient comme une bête de foire, comme une gamine sans défense. Des fois j'ai l'impression que la mort est écrite sur mon front. Les gens ne voient que ça. Comme cette petite fille l'autre jour. Tu as vu comme elle a pointé son doigt sur moi ? Tu as vu comme sa mère avait honte ?

- Tu sais autant que moi que c'est faux.

- Tu sais autant que moi que c'est le cas.

Un bref silence s'est alors installé. Il n'a pas répliqué. Il n'a pas argumenté.

- On se reparle plus tard."

J'ai raccroché en vitesse. Flynn était bien gentil. Mais il ne voyait pas les choses comme je les voyais. Ou bien il ne voulait pas les voir. Il n'avait jamais vécu avec ce sentiment de faiblesse que l'on peut ressentir lorsque l'on est figé sur une chaise roulante, à attendre désespérément de pouvoir en sortir. J'avais vécu avec. Et j'avais fini par l'accepter, ce sentiment. Parce que je ne pouvais pas faire autrement. Parce que quoi que l'on fasse, il sera toujours bien présent, là, juste à la surface de tous nos ressentis, grignotant chaque parcelle qui nous habite dans l'espoir qu'un jour, on implose. Seul le choix d'en faire ce qu'on veut nous revient. Dans mon cas, j'avais décidé de ne pas le laisser me bouffer plus longtemps. Non, je ne l'avais pas oublié, mais je l'avais surmonté comme je le pouvais. Grâce aux souvenirs que j'entretenais de Jack, et grâce au soutien que m'apportait tous les jours mon ami Flynn.

Mon téléphone s'est de nouveau mis à sonner. Je l'ai agrippé avec violence, et j'ai appuyé sur la touche verte sans prendre la peine de regarder le correspondant affiché sur l'écran.

"- Quoi encore Flynn ?

- Excusez-moi, vous êtes bien Mademoiselle Clark ?

Je suis restée quelques instants sans un mot, avant de finalement me décider à répondre.

- Qui êtes vous ?

- Bonjour, je travaille pour un site d'information people plus connu sous le nom Des "potins de New York". Serait-il possible de vous poser quelques questions par rapport à la relation que vous entretenez avec le chanteur Park Byers... "

LIGHT HOUSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant