Chapitre 23

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La première semaine au sain de la demeure n'avait pas été des plus trépidante. Cependant, j'allais nettement mieux, et Orlando me l'avait fait remarquer à plusieurs reprises.

- Jolie mine, aussi belle qu'une reine de beauté américaine ! Avait il dit un matin en nous déposant nos courses de la semaine. Mais malheureusement, Orlando était la seule personne avec qui j'entretenais des échanges, bien que minimes. Park et moi n'avions pas discuté depuis cette soirée où je lui avais brièvement parlé de mon père. On se croisait quelques fois dans le salon, s'échangeait un rapide sourire ainsi qu'un "bonjour" des plus bateau, par pur politesse, avant de retourner dans nos chambres respectives.

Je commençais sérieusement à m'ennuyer. Qui aurait deviné que mon rôle de fausse petite amie aurait été aussi platonique ? Certainement pas moi.

Je passais le plus clair de mon temps, de la musique dans les oreilles, à harceler Flynn de messages. J'avais dû lui envoyer une bonne centaine de textos, de quoi faire fuir n'importe quel garçon. Et c'était le cas. Mon ami n'avait répondu qu'à quelques-uns d'entre eux, me résumant rapidement ses journées sans me retourner la question pour savoir si j'allais bien. Mais je ne pouvais pas lui en tenir rigueur, bien au contraire. Il avait été des plus compréhensif cette dernière année, s'efforçant à toujours être près de moi. Alors il n'y avait pas de mal à ce qu'il profite un peu de mon absence.

De la baie vitrée de ma chambre, j'obtenais une vue imprenable sur la mer. Le cadre s'embellissait de jour en jour, gracié par les doux rayons du soleil qui commençait à sortir de sa cachette, ce qui était étonnant en cette fin de mois de janvier.

Il y avait deux jours de cela, à l'aube, le son mélodieux d'une guitare mal accordée avait retenu mon attention. Rien de mieux que de s'éveiller en musique comme j'aimais à le dire. J'avais mis un moment avant de réaliser que ça ne pouvait être personne d'autre que Park, même si cela m'étonnait de le savoir si lève-tôt. Quand sa voix avait commencé à suivre le doux rythme de la mélodie, j'avais sauté dans mon fauteuil, et m'étais approchée discrètement de la fenêtre, là d'où le bruit venait, pour l'entendre plus nettement.

Je ne pouvais pas le nier ; sa voix envoûtante me donnait des frissons. Le genre de frissons qu'on aime sentir courir le long de sa colonne vertébrale, et qui descend jusqu'à nos hanches.

Les concerts auxquels j'avais assisté l'année passé avaient été fantastiques malgré ce qui s'en était suivi. Mais entendre cette voix, qui chantait accapela avec pour seul accompagnement une guitare, sans tous ces cris en fond sonore et ce mouvement de foule incessant, faisait complètement la différence. Il faisait la différence. Je l'observais, admirative. Il ne pouvait pas me voir. J'étais cachée par les voiles blancs de la pièce où je dormais. Park portait une de ces chemises froissées et le chapeau en paille qu'il avait trouvé derrière un tas de cartons poussiéreux à côté de la guitare l'un des premiers jours. Les mèches rebelles de Byers frottaient les verres de ses lunettes de soleil, adoucissant les traits de son visage fatigué. Ses longs doigts grattaient délicatement les cordes de l'instruments, comme si c'était l'objet le plus fragile qui soit, et ses pieds nus tapaient en tempo sur le bois des marches du perron où il était assis. Derrière l'une de ses oreilles, tenait en équilibre un crayon, et à côté de lui, jonchaient des feuilles sur lesquelles étaient griffonnés quelques mots, et qui tentaient de s'envoler sous le poids d'un mystérieux calepin, en vin.

- Il écrit ? avais-je supposé tout haut. Peut être un peu trop haut. Park semblait avoir entendu le son de ma voix, et s'était arrêté net, me laissant sur ma fin. Il avait aspecté chaque angle, paniqué, et avait posé ses yeux méfiants sur la fenêtre de ma chambre en les plissant, de façon à mieux voir à travers les rideaux quasiment transparents mais qui j'en étais certaine, me dissimulaient parfaitement. Pourtant, l'idée qu'il puisse me surprendre m'angoissait, je m'étais alors instantanément reculée pour me plaquer contre le mur. En jetant un coup d'oeil par la vitre quelques secondes après, il était déjà trop tard. Il était déjà parti.

Le lendemain, j'avais réglé le réveil pour six heures, croisant les doigts pour pouvoir l'apercevoir jouer devant le levé du soleil. Au bout d'une heure, j'avais fini par comprendre qu'il ne viendrait pas.

LIGHT HOUSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant