La hauteur m'a fait prendre conscience d'une phobie qui m'avait été jusque-là étrangère : le vertige. Notre traversée jusqu'aux gradins a été rude, presque aussi dangereuse qu'une lutte entre une araignée et un pauvre moustique, se débattant en vain avant de se faire dévorer. Nous étions le moustique.
Abby ne faisait pas partie du groupe de chanteurs, et pourtant, les fans avaient l'air de bien la connaitre, allant jusqu'à lui demander des photos et des autographes.
J'ai imaginé certaines en train d'accrocher les clichés au-dessus de leur lit, s'amenant à rêver en répétant "cette fille a touché les cheveux de mes Idoles". Mais Abby refusait gentiment et tentait surtout de se frayer un passage, en évitant de recevoir un coup. Toutes les mains étaient tendues vers nous. Lorsque nous sommes enfin arrivés dans notre carré, bien isolés et protégés par des vitres, j'ai quitté mon fauteuil pour m'installer dans un autre, plus confortable. Merle, lui, était debout, le téléphone greffé à l'oreille, concentré sur une mystérieuse discussion, alors que la coiffeuse tentait de me convaincre que son nouveau verni était une véritable merveille et que je devrai moi aussi le tester. Mais je ne l'écoutais que vaguement. Il n'était pas facile d'entendre quelque chose avec ce raffut et tous ces yeux ronds et déconcertants posés sur vous. J'ai observé le décor que m'offrait notre emplacement. Celui où j'allais rester durant les trois prochaines heures. Je n'avais jamais vu autant de monde. Certaines filles brandissaient toutes sortes de goodies, des bâtons fluorescents, des drapeaux ou encore de grandes pancartes avouant ainsi leur passion dévorante pour le groupe de garçons.
Les flashs des appareils scintillaient déjà alors que les Stray Citizens n'avaient pas encore fait leur entrée sur la scène. Puis soudain, les lumières du stade se sont éteintes, faisant place au noir complet et à un silence troublant. Lorsque l'écran de la scène s'est rallumée, l'image des garçons est apparue sur une musique entraînante. Les cris ont alors repris de plus belle, se mélangeant pour créer un fond sonore particulièrement désagréable.
- Il sont là ! S'est écriée Abby en désignant du doigt des personnes qui me semblaient aussi minuscules que des fourmis. La jeune femme m'a tendu une paire de jumelles, que j'ai attrapé après une brève hésitation. J'ai plissé les yeux, et j'ai fini par remarquer les silhouettes des quatre garçons qui désormais, m'étaient familières. Je n'ai pu m'empêcher d'esquisser un sourire en découvrant PJ et Trevor, qui, en se déhanchant, envoyaient d'incisifs signes de la main à leurs admiratrices pour ensuite se gondoler en voyant apparaitre une réaction -dont ils étaient seuls responsables- s'étaler sur leur visage déjà bondé de larmes. J'ai balayé rapidement du regard le stade. Toutes ces filles étaient émerveillées, comme absorbées par les voix séductrices et mélancoliques de leurs chanteurs préférés. Certaines se taisaient pour les écouter, d'autre chantaient à l'unisson, pleuraient tout ce qu'elles avaient gardé enfoui en elles pendant des mois, fermaient les yeux pour apprécier le moment, ou encore manquaient de s'évanouir dès que l'un d'eux ouvrait la bouche. D'une certaine façon, ça me touchait. J'avais connu ces mêmes sensations, moins extrême certes, mais je me souvenais de ces papillons qui me chatouillaient le ventre lors de mes concerts préférés. J'ai reconnus la voix rauque de Park. Elle qui a inévitablement retenu mon attention. Il était là, le bras dans le dos, à regarder autour de lui, immortalisant de ses yeux verts l'instant présent. Ses cheveux bruns tombaient sur son visage déjà trempé de sueur, tout comme le reste de son corps d'ailleurs. Plus les notes qu'il chantait étaient hautes, plus les veines de son cou se distinguaient de sa peau. Sa chemise à moitié ouverte, laissait percevoir de sombres tatouages sur une poitrine lisse, pour la plus grande joie du public. Par moment, d'un sourire éclatant, il jetait quelques clins d'œil, touchait les faibles mains qui rêvaient de le tirer hors de la scène, dansait en rythme sur le son de la musique ou encore restait à côté de ses amis en leur chuchotant à l'oreille des choses apparemment hilarantes.
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LIGHT HOUSE
Genç KurguVenez découvrir l'histoire de Mabel Clark; une jeune fille passionnée par l'Univers et ses mystères qui, après un événement bouleversant, n'a qu'une hâte; sortir de son fauteuil roulant. Sans même qu'elle ne s'y attende, la jolie b...