Chapitre 49

100 13 1
                                    

Lorsque nous sommes rentrés au phare, j'ai été surprise de découvrir que le bon nombre de voitures installées quelques heures plus tôt devant la bâtisse en ruine, avaient disparues.

J'ai aussitôt pensé à Flynn, prenant garde à ne pas émettre un de ces bruits bizarres qui sortait de ma bouche lorsque je me rappelais d'une chose qui n'aurait jamais dû m'échapper. Et pourtant, je l'avais oublié. Je l'avais oublié lui.

- Et merde, ai-je murmuré. Aussitôt, j'ai attrapé le bras de Park, qu'il avait enfourné dans la poche de son jean, et j'ai pointé mon regard sur les minutes que contenait son bracelet en cuir.

On s'était absentés trois heures.

- Et merde, j'ai une nouvelle fois susurré. Merde, merde, merde.

Comment était-il possible qu'un être humain dispose d'une si faible notion du temps ?

J'ai laissé mon colocataire sortir ses clés pour ensuite les insérer dans une serrure à la limite de la rouille.

Quand nous sommes entrés, un fuseau de lumière éclairait faiblement la pièce de vie. Nos ombres imposantes qui gisaient sur le sol, donnait l'impression que le plafond m'était atteignable.

J'ai tendu l'oreille par prudence, inquiétée par l'inhabituelle atmosphère de la maison, scrutant par la même occasion les moindres recoins de la pièce qu'il m'était possible de voir.

- Il y a quelqu'un dans la cuisine, j'ai murmuré à Park en faisant les gros yeux.

Mais ce dernier ne semblait pas aussi persuadé par mes propos que je l'étais. Dans un de ses adorables sourires, il a glissé un petit soupir amusé, qui a eu le malheur de m'agacer. A croire que les bruits qui émanaient du salon n'étaient simplement que parasites.

Il s'est approché, sans complexe de la zone d'origine, et j'ai suivi ses pas, beaucoup moins certaine par ce que j'allais découvrir qu'il pouvait l'être, arborant un visage crispé avec un fameux sourcil au-dessus de l'autre.

Le doux écho d'un filet d'eau qui s'épanouit dans l'évier est parvenu à mes oreilles, me faisant crisser des dents. J'ai imaginé le visage de Joe, ce visage rempli d'hématomes, qui m'attendait contre le rebord de l'îlot, affichant son sourire brisé par les poings de Park. J'ai dégluti, et je me suis obligée à remplacer aussitôt son air monstrueux par les doux traits de mon ami Flynn.

Sous la lumière blanche, j'ai découvert le dos de celui qui semblait être la source de ces bruits. Il n'avait rien d'un Joe. Il n'avait rien d'un Flynn non plus.

- J'espère que ça ne vous dérange pas. Votre ami Orlando a dit que je pouvais ranger un peu. Tu sais, Byers, à quel point je déteste le désordre.

Un sourire cristallisé de dents blanche habillait le visage de PJ à merveille.

Je n'ai pas bougé, aussi ébahie que soulagée de découvrir la présence du collège de Park dans notre salon à une heure aussi tardive.

- Ca va Mabel ? On dirait que tu as vu un fantôme, m'a demandé à moitié alerté, le blondinet, titubant jusqu'à moi, le chiffon à carreau humide posé sur son épaule, pour vérifier mon état psychologique.

- Tout va bien, je vais bien, j'ai susurré, troquant ma mine dépourvue avec une façade beaucoup plus lumineuse.

J'ai détourné le regard pour fermer les yeux quelques secondes. Est-ce que je devenais parano ou bien est-ce que ce n'était qu'un simple coup de fatigue ? Ce n'était pas la première fois depuis notre arrivée qu'une telle chose se produisait dans mon esprit. Je calculais les moindres recoins du phare, paniquant à la première occasion qui se présentait, à chaque chose qui ne semble pas être à sa place, sans pour autant envisager une quelconque explication plausible. A croire que la maison me faisait perdre la boule.

LIGHT HOUSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant