Chapitre 11

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Je me suis avancée, intriguée, vers la mystérieuse boîte qui se trouvait devant moi. Quelqu'un de la réception avait dû entrer dans la chambre et la déposer pendant que je prenais mon bain. De mes doigts fins et fragiles, j'ai soigneusement attrapé les deux cotés du ruban, et ai tiré dessus le plus délicatement possible histoire de ne pas l'abîmer. A la suite de quoi, j'ai déposé le couvercle à ma gauche pour découvrir ce que pouvait bien contenir l'écrin.

C'est à ma grande surprise que j'y ai déniché une jolie carte argentée surplombant un habit impeccablement plié.

"Voilà le genre de tenue que je m'attends à te voir porter. Elle s'accordera parfaitement avec tes yeux gris. Mon chauffeur passera vous prendre tous les deux vers midi et vous emmènera au concert prévu pour ce soir. Je veux que tu portes cette robe pour la journée. Une autre t'attendra sur place. Profites-en pour rencontrer tout le monde et pour en apprendre un peu plus sur ce qui va t'attendre cette année. N'oublies pas, tu devras faire bonne impression. Sois gentille et sois belle, c'est tout ce que je te demande. 

Merle »

Un concert ? J'ai laissé échapper un soupir et ai déplié de mes mains tremblantes, la robe offerte par le manager. J'appréhendais cette soirée. Devoir faire bonne figure devant tout ce beau monde me rendait terriblement anxieuse, terriblement angoissée. Combien y aurait-il de personnes ? Rien que l'idée de devoir jouer le rôle de la parfaite petite amie tout en gardant une certaine estime de sois, en sortant les épaules et en affichant mon plus beau sourire, me foutait déjà la chaire de poule. Mais d'un autre côté, ne pas rentrer dans ce personnage confirmerait à tous ces gens qu'ils avaient raison d'avoir pitié de ma situation, qu'ils avaient raison de me regarder de cette manière.

Je me suis emparée des deux côtés du bustier et j'ai tendu les bras devant moi pour admirer la robe entièrement. Au-delà de sa couleur, un bleu majestueux, elle était tout ce qu'il y avait de plus banal, même si je me doutais bien que ce n'était pas le cas de son prix. J'ai jeté un coup d'oeil à la porte -m'assurant qu'elle soit bien fermée pour éviter toute intrusion dans la pièce-, j'ai roulé jusqu'au peu d'affaires que j'avais emmené avec moi, et j'ai fini par enfiler mes sous-vêtements, puis ma nouvelle tenue, le tout toujours assise sur un fauteuil dont le couinement à chacun de mes mouvements, commençait à m'agacer sérieusement.

"Tu auras l'air d'une cruche" m'a chuchoté ma conscience. Mon cœur s'est serré à cette idée. Ce n'était pas moi.

Je me suis avancée jusqu'au miroir pour m'admire, déglutissant à la vue de mon reflet. La seule fois où je me rappelle avoir porté autre chose qu'un pantalon et un tee-shirt, c'était le jour du troisième mariage de la tante de Flynn. J'avais neuf ans et j'étais enfant d'honneur. Son ex-mari était un homme adorable, gentil, drôle, mais un peu trop radin d'après elle. Ils avaient fini par divorcer deux ans plus tard, faute à leurs incessantes disputes. Certainement un gène familial que sa sœur avait elle aussi dû hérité. Ce jour-là, ma robe était rose, peut être même un peu trop rose. Flynn tout comme mon père, avait pouffé de rire en me voyant arriver à la cérémonie, et les deux avaient fini par se mettre d'accord sur le fait que je ressemblais à une fraise meringuée avec supplément de paillette.

Un sweat et un jean auraient très bien pu faire l'affaire, mais ce n'était pas à moi d'en décider. J'avais perdu tout pouvoir de décision le jour où j'avais signé cet accord stupide.

Je me suis dirigée vers le salon, laissant mes cheveux bruns, à peine séchés, se rebeller sur mes épaules nues. Mon colocataire s'y trouvait, confortablement installé sur le grand fauteuil. Park avait boutonné sa chemise, dissimulant ainsi ses tatouages, et l'avait rentré dans un jean légèrement déchiré au niveau des genoux. Il tenait encore l'une de ces saletés de cigarette entre ses fines lèvres, que je m'étais retenue de mentionner à haute voix. Lorsque l'intéressé a croisé mon regard, ses mains ont quitté le filtre maintenu par son entre-bouche, et a baissé les yeux pour m'analyser en détail. Une fois n'est pas coutume, le brun n'a rien laissé paraître, il était donc impossible pour moi de savoir ce à quoi il pouvait bien penser. Mais ça m'était égal. Son avis m'était égal.

LIGHT HOUSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant