Chapitre 61

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- Et donc il vit chez toi aujourd'hui.

- C'est ça.

Il s'est tu.

- Flynn est quelqu'un de bien tu sais ? Il a toujours été là.

- Je sais.

Ce roulé de tabac à la commissure de mes lèvres, ce n'était pas ma première clope.

J'en avais fumé avant, bien plus souvent qu'il ne pouvait l'imaginer. En effet, lorsque Park avait sorti son paquet rouge de la poche de son jean, pour ensuite me demander si je l'autorisais à fumer, je lui avais répondu que « oui, bien sûr », qu'il n'avait même pas à me poser la question, que « ce n'était plus chez moi maintenant ».

Après quoi j'avais chopé une cigarette avant qu'il ne referme l'écrin. Je l'avais vu qui m'épiait de son regard surpris. Surpris, je l'étais aussi. Je n'en avais jamais fumé avec quelqu'un d'autre que Seb, les rares fois où il ramenait un paquet -quand il n'avait plus assez pour s'acheter de l'herbe.- Non, pas même Flynn. Lui m'aurait instantanément retiré le tube de la bouche pour me faire la morale sur « oh combien c'est dangereux ». Mais Park n'était pas Flynn. Park n'était pas Seb. Il n'était pas Park Byers non plus. Il n'était personne, et en même temps tellement de choses à la fois.

Il n'était pas Seb, mais je l'avais laissé allumer le bout de ma clope avec son vieux clipper en métal.

- Aujourd'hui, tu te sens comment ?

- Depuis que je suis rentrée de Wheeler tu veux dire ? Bien.

Park m'a azimuté, un sourcil froncé.

- Je t'assure. Ce n'est peut-être pas la vie que j'ai toujours voulu mené, mais elle me suffit. Je vais bien, je suis bien. Plus de dette, plus de Merle dans les pattes, une mère qui fait des efforts pour remonter la pente. Et crois le où non, je recommence à sortir. Rien que la semaine dernière j'ai été voir jouer un groupe en ville.

Mon ami n'a pas rétorqué. Je me suis demandée si ma réponse l'avait satisfait.

- Et toi ? J'ai vu dernièrement que tu avais trouvé quelqu'un ?

- Qui ça ; Ella ? Ella Eischer ?

Cette nana là, dont Park venait de prononcer le nom, était une jeune femme d'une petite trentaine d'année, danseuse de profession, étoile montante du continent, et qui faisait parler d'elle depuis plusieurs semaines par ses performances artistiques dans les plus grands concerts, en plus de ses sorties avec le jeune Byers ; chanteur du groupe Stray Citizens, que les médias trouvaient étonnement rapide après sa fraiche rupture avec la-fille-en-fauteuil-dont-personne-ne-semble-avoir-retenu-le-prénom.

- Oui, c'est ça. Ella Eischer.

- Je suppose.

- Tu l'aimes bien ?

- Pourquoi ? A demandé le jeune homme sur la défensive.

- Parce que ça serait une bonne chose, que tu l'aimes bien.

- On croirait entendre Merle. C'est lui qui a tout planifié... encore une fois. C'est une gentille fille, mais peut-être un peu trop « sélectionnée » pour moi.

Le silence s'est installé. Lui qui nous connaissait maintenant si bien, il semblait avoir trouvé sa place à présent.

- Mais bon. Ce qui compte, c'est que les gens y croient.

Et ils y croiyaient, si je m'en tenais à ce que j'avais pu lire sur internet.

Ella Eischer était jolie, gentille, simple, luttait pour la cause des bonobos, sortait dans les rues avec une pancarte pour accompagner les manifestations féministes, souriait à la caméra en ne ratant aucun des clichés et savait bouger son corps comme jamais.

LIGHT HOUSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant