J'ai été envahie d'une soudaine vague de chaleur, cette même sensation qui nous submerge lorsque l'on passe au-dessus d'une bouche de métro en plein centre de Manhattan. Mais c'était bien plus agréable qu'une bouche de métro ; Park s'était approprié ma nuque, avant de préférer s'emparer de mes lèvres.
Il n'était pas supposé être là. Epuisée de m'être donnée corps et âme dans une danse endiablée, et m'apercevant avec peine que les carafes d'eau de toutes les tables étaient vides, j'avais décidé de me rendre à l'intérieur de la bâtisse pour remplir l'une d'entre elle. Arrivée dans la cuisine, alors que ma main s'occupait du robinet, il m'avait surprise. Le voilà qu'il m'embrassait, et me voilà qui lui rendait son baiser comme si mon souffle en dépendait. Peut-être que c'était le cas, peut être que j'en avais besoin. Quoi qu'il en soit, c'est en oubliant ce pour quoi j'étais venue, que le pichet a glissé d'entre mes doigts, pour s'écraser violemment sur le sol, déversant à son tour le contenant.
J'ai tressailli en entendant le verre se briser sur le carrelage, avant de soupirer. J'avais visiblement le don pour tout gâcher.
- Pas de soucis, je vais m'en charger, a gentiment proposé Byers en s'apercevant que je roulais des yeux.
On a travaillé en équipe. Lui ramassait les morceaux cassés en veillant à ne pas se couper, tandis que j'attrapais la poubelle pour qu'il puisse les y déposer. C'est une fois cette partie du travail accomplie que l'on s'est mis à chercher des feuilles absorbantes, des chiffons, n'importe quoi qui puisse s'accaparer du liquide qui avait coulé le long des joins. On a fouillé dans les placards chacun de notre côté, je m'occupais de ceux du bas en raison de ma petite taille, Park ; ceux du haut.
- Hey, s'était-il exclamé.
J'en avais aussitôt déduit que le jeune homme avait trouvé ce que l'on cherchait, alors je le lui ai demandé.
- Non seulement j'ai effectivement trouvé un torchon, mais j'ai surtout trouvé quelque chose de très intéressant, caché au fond du tiroir à gâteaux.
C'est d'un regard suspicieux que je l'ai observé. Park me désignait l'essuie-tout d'une main, tandis qu'il laissait l'autre se cacher derrière son dos, comme s'il attendait une réponse à sa devinette.
- Des gâteaux ? J'ai songé, un sourcil levé. Après tout, c'était un tiroir à gâteaux.
- Mieux que ça.
- Des gâteaux au beurre de cacahuète ?
Mon ami a roulé des yeux avant de dévoiler ce qu'il avait éclipsé.
Entre ses doigts sur lesquels se dressaient des bagues argentées, un tupperware transparent semblait renfermer le trésor qu'il voulait me faire deviner. Sur son couvercle, une simple note écrite au marqueur sur un post-it avait été laissée.
«Petit extra pour les jeunes mariées. -Votre fille préférée. »
- Tu penses à ce que je pense ?
J'ai froncé des sourcils pour admirer ce que contenait le récipient en plastique. Il y avait des tas de cookies ainsi que quelques parts de brownies.
- Je ne suis pas sûr de voir où tu veux en venir.
- Clark ; ce sont des space-cakes.
- Ohhhh, je me suis exclamée, comme si une lanterne venait de s'éclairer au-dessus de ma tête.
Park a souri, avant de décoller le post-it du couvercle pour l'étudier en détails.
- «Votre fille préférée », il a répété. A ton avis, laquelle est assez barrée pour offrir de la drogue à sa mère ?
- Toutes si elles tiennent d'Alicia. Mais je pencherai davantage pour Judith, la cadette. Crois-moi, si ça devait venir de l'une des filles, c'est bien d'elle. Elle a beau être fiancée à un dentiste, elle étudie la psycho, et crois-moi, c'est le genre de choses qui te donne envie de préparer des brownies toute la sainte journée pour pouvoir ensuite te mettre dans ton lit en position latérale de sécurité et les avaler.
Park et moi nous sommes gaussés avant de nous interroger mutuellement du regard.
- Tu en as déjà pris ? Il m'a demandé après un court moment de silence.
- Jamais. Je suppose que toi ; oui ?
- Eh bien c'est vrai que j'ai eu la chance de faire pas mal de chose dans la courte vie que j'ai jusqu'ici mené. Notamment fumer du haschich et manger des cookies. Mais faire les deux en même temps, ça, jamais.
J'ai souri, mon regard plongé dans le sien. C'était comme si ses pupilles tentaient de me faire passer un message.
- Tu crois qu'Orlando et Alicia les ont vu ?
- C'est probable, ou peut être que le donateur les a glissés ici pour qu'ils les trouvent plus tard, j'ai répondu.
- Ok, donc si par hasard, on décidait de s'en emparer, cela voudrait dire que les deux vieux ne s'en rendraient pas compte ?
- Probable, s'ils ne connaissent pas leur existence.
- Les probabilités n'ont jamais sonnés aussi bien dans la bouche de mon ancienne prof de maths que dans la tienne actuellement, a enchéri Park avant de s'approcher de moi.
Mais c'est avant même qu'il ne puisse franchir le dernier mètre qui nous séparait, qu'Orlando a fait irruption dans la maison, provoquant chez le seul chanteur de la pièce, le reflex d'escamoter une nouvelle fois, la boite à biscuit derrière son dos.
- Ah, vous êtes là ! Je voulais vous parler, il a déclaré d'un air qui me semblait nostalgique. Park et moi nous sommes échangés un regard inquiet.
- Les enfants, je tenais à vous remercier pour tout ce que vous avez fait pour nous. Et pas seulement pour aujourd'hui. Toi, Park, pour ta voix et ton aide tout au long de la semaine, et toi Mabel, ma jolie petite Mabel, pour ta bonté et ta rayonnante. Regarde-moi comme tu es si jolie dans cette robe. Quel bonheur de vous avoir dans ma vie.
- Merci Orlando, ça me touche beaucoup, j'ai répondu, réellement émue par ses paroles.
- Bon, ce n'est pas tout mais qu'est-ce que vous faites à l'intérieur ? Il fait si bon dehors, venez nous rejoindre !
- Eh bien je m'apprêtais justement à demander à mademoiselle Clark si elle voulait m'accompagner pour une balade sur la plage, a enchaîné aussitôt mon ami.
- Et je m'apprêtais à répondre oui ! J'ai conclu, toujours aussi embarrassée d'avoir à mentir, encore plus après le discours que notre guide venait de nous offrir.
Orlando nous a donné sa bénédiction, alors on s'est faufilés par la baie vitrée sans que personne d'autre ne nous aperçoive, et on est partis en direction de la plage. Park courait, moi je me faisais pousser, on était heureux, ou tout simplement enthousiastes à l'idée de tester une toute nouvelle expérience tous les deux.
Et une fois avoir trouvé un spot qui ressemblait à peu près à celui que l'on monopolisait près du phare, on s'est assis, on a ouvert la boite, on a goûté, on a mangé, on s'est régalé, on a rigolé, et on les a observés, ces étoiles, elles qui semblaient rire de tout cœur avec nous.
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LIGHT HOUSE
Teen FictionVenez découvrir l'histoire de Mabel Clark; une jeune fille passionnée par l'Univers et ses mystères qui, après un événement bouleversant, n'a qu'une hâte; sortir de son fauteuil roulant. Sans même qu'elle ne s'y attende, la jolie b...