C'est la veille, assis autour de la table, que Park et moi avions enfin compris pourquoi notre manager s'était donné temps de mal à m'organiser une fête d'anniversaire pareille.
- On peut dire que vous vous êtes éclipsés au bon moment, avait déclaré PJ en s'appuyant contre le dossier de sa chaise.
Park et moi avions échangé un regard interloqué, avant de fixer le sujet qui nous intéressait pour l'inciter à nous en révéler davantage.
- Merle a contacté quelques un de ses photographes pour qu'ils se ramènent sur le terrain. Jimmy et Nick ; deux idiots que nous avons l'habitude de croiser généralement en tournée, avait précisé le blondinet en s'attardant sur ma personne.
- Quand tu dis qu'il les a ramenés sur le terrain, tu veux dire quoi par là ? j'avais alors demandé, déconcertée.
La réponse à ma question ; je l'avais, mais je ressentais le besoin de l'entendre de sa propre bouche.
- Il veut dire par là que Merle n'en a rien à foutre de toi, ou de moi. Tous ces gens qui étaient là, toutes ces attentions, tout était calculé pour que l'on fasse la une des prochains magazines people. Toi, moi, dans une petite maison au bord de l'eau à l'abri des regards, avec nos amis proches et des sourires qui fusent dans tous les coins, célébrant ton anniversaire, nous roulant des pelles et j'en passe. C'était l'occasion parfaite pour crédibiliser un couple qui ne fait pas fureur auprès des médias.
J'avais besoin de l'entendre de la bouche de PJ, et je l'avais entendu de celle de Park. Ces mots blessants avaient jailli d'entre ses lèvres avec fureur et colère pour m'atteindre en plein cœur. Merle n'avait jamais pensé à moi, il n'avait jamais pensé à nous. Simplement à sa petite personne.
Le silence s'était approprié la pièce, laissant les herbes hautes du jardin s'exprimer haut et fort.
- Vous n'avez jamais eu l'impression d'être enfermés dans une cage ? Parce que là, maintenant, c'est ce que je ressens. On est des attractions enfermés dans des cages, et Merle est là, à nous observer.
- Tout le temps, a répondu PJ.
- A chaque fois, a renchéri Park.
Nos visages désolés se sont manifestés, des soupirs ont fusé, nos yeux se sont croisés, et on a rigolé.
Sans trop vraiment savoir pourquoi, nos trois mines épuisées se sont esclaffées. Peut-être bien parce que justement, on l'était ; épuisés. Ou bien peut être que c'était parce que le plan de Merle n'avait pas fonctionné comme il l'avait souhaité. Park et moi avions quitté le phare bien avant l'arrivée des deux gigolos, les obligeant à repartir bredouille, une pellicule vide dans leur appareil.
***
Ce matin-là, je me suis réveillée pour la deuxième fois depuis notre arrivée, dans le canapé salon, la nuque endolorie et le bout du nez à moitié congelé.
Le vieux poste de télé était toujours allumé ; je l'entendais qui grésillait désagréablement, et pourtant, je me sentais bien. Je ne savais trop si c'était parce que Jack avait hanté mes rêves de la nuit, si c'était parce qu'une odeur de pancakes rodait dans les environs, ou bien si c'était parce que finalement, j'avais fini par me plaire ici, dans cet endroit à l'abri de tous. Le phare avait beau être en état de décomposition, la mer le rendait majestueux, et Park ; habitable.
Quand je me suis enfin décidée à ouvrir les yeux, la pièce était lumineuse. Le soleil était sorti de sa cachette après avoir boudé pendant plusieurs jours ; une bonne excuse pour hiberner derrière ces nuages.
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LIGHT HOUSE
Teen FictionVenez découvrir l'histoire de Mabel Clark; une jeune fille passionnée par l'Univers et ses mystères qui, après un événement bouleversant, n'a qu'une hâte; sortir de son fauteuil roulant. Sans même qu'elle ne s'y attende, la jolie b...