Chapitre 21

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L'odeur du vieux bois me rappelait mes vacances dans le Massachusetts lorsque j'étais plus jeune. J'y avais, une fois, amené Flynn. On passait notre temps à se baigner dans la crique, à deux pas de la maison de mes grands-parents. Ça avait certainement été le plus beau mois de ma vie. Jack était là aussi. Chaque mardi, on s'allongeait tous ensemble sur les fauteuils du salon, une bière à la main : il me laissait en partager une avec Flynn de temps à autre. Et alors ma mère préparait ses tapas maison pendant qu'on se regardait les vieux enregistrements des victoires des Mets. On les avait vu environ une vingtaine de fois, et pourtant, à chaque point marqué, c'était comme si c'était la première. Notre joie n'était jamais plus molasse que la précédente. Au contraire, et ça rendait notre soirée d'autant plus extra.

La visite de la maison qui contournait la tour du phare avait assez vite abouti à sa fin. L'intérieur n'était pas ce que l'on pourrait définir de neuf, mais la bâtisse avait son charme avec son parquet grinçant, et ses portes qui, elles non plus, n'étaient plus toutes jeunes.

J'ai été soulagée lorsque Orlando nous a fait découvrir d'abord une première, puis une seconde chambre. Park et moi n'allions pas devoir trouver une solution pour savoir qui allait dormir dans le canapé.

La cuisine n'était pas des plus fonctionnelle, mais elle suffisait amplement. Quant à la salle de bain, se laver ne serait pas chose facile. Il n'y avait aucune disposition mise en place pour que je puisse faire ma toilette en toute sécurité. Mais il fallait faire avec. Après tout, je n'allais pas passer ma vie dans cet endroit. Seulement quelques semaines. Juste trois petites semaines. Trois en compagnie de Byers, dans une ville totalement paumée.

- Et le phare ? Il y a quoi là-haut ? J'ai demandé à Orlando, en pointant du doigt la porte qui, d'après moi, donnait sur la tour.

- Aucune idée. Porte verrouillée depuis des années. Impossible de monter.

Park se tenait à mes côtés. Il regardait la pièce principale d'un œil dubitatif, sans pour autant dire un mot. Je le remerciais secrètement de ne sortir aucune remarque désagréable, même si je me doutais que ça le démangeait. Malgré ses efforts que j'appréciais, il était facile de deviner sur son visage, qu'il méprisait Merle au plus haut point. Et je le comprenais plus que jamais.

Orlando avait gentiment posé ma valise dans la chambre avant de repartir. Affalée sur mon lit, seule, je regardais par la baie vitrée les herbes au sommet des dunes, qui se chamaillaient. Si les métaphores au lycée avait été mon domaine, j'aurais certainement comparé Park et moi à ces quelques brins qui s'effritaient, et Merle au vent qui les y obligeait. Mais mon truc, c'était les sciences, c'était la philosophie, non pas l'anglais. J'aimais la logique et je ne jurais que par toutes ces choses qui arrivaient sous l'influence d'une action : celle de l'Univers. Pourtant ces temps-ci, je n'y comprenais plus rien. Tout ce qui s'était passé n'était que le fruit de la malchance, et je le réalisais à présent. Qu'est-ce que j'avais fait au karma pour mériter tout ce merdier ? Je n'en savais rien. Et mon sens de la logique non plus.

Le vent frappait contre les carreaux, créant un boucan insupportable. Bien décidée à arrêter de me lamenter sur mon sort, je me suis extrayée du lit, et me suis dirigée vers la valise pour en sortir mon fameux carnet. J'avais besoin de quitter de cette chambre. Je n'y avais passé même pas une heure, que je commençais déjà à étouffer.

En roulant jusqu'à la pièce principale, j'ai remarqué que les soupirs de Park ne parvenaient pas à mes oreilles. Il devait être dans sa chambre. Ou bien il était parti faire un tour, n'ayant peut-être pas l'intention de remettre les pieds ici. Je secouais hâtivement la tête, et je me suis résolue à ne pas changer mes habitudes ; m'avachissant alors sur le vieux canapé.

LIGHT HOUSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant