Chapitre 4

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Je me suis empressée de composer le numéro noté sur un bout de papier suite au coup de fil.

" - Blind Management bonjour, a décliné une femme d'un ton mécanique

- Bonjour, j'aimerai parler à votre supérieur s'il vous plait.

- Qui est à l'appareil ?

- Je préfère garder la surprise pour votre directeur. J'ai été moi-même étonnée de découvrir que la colère me transformait en un personnage un tant soit peu grotesque et ironique.

- Excusez-moi, mais je ne peux pas vous passer mon responsable si je ne connais pas votre nom.

- Lui le connaît je vous dis, passez-le-moi.

En dépit de ma respiration étouffante, j'étais tout de même parvenue à percevoir des murmures à l'autre bout du combiné. Un homme et une femme -certainement celle avec qui je venais de brièvement bavarder-, discutaient dans un chuchotement, ne souhaitant certainement pas que leur conversation parvienne à mes oreilles. Et puis, après avoir échangé quelques mots avec l'inconnu, la secrétaire a reconcentré son attention sur ma voix.

- Vous avez de la chance, elle a soupiré. Mon patron vient d'arriver, je vous le passe.

Prise au dépourvu, je n'ai pas eu le temps de répliquer quoi que ce soit.

- Allo ? A introduit la voix grave qui, je me doutais bien, était celle que je devais redouter. Qui est à l'appareil ?

- Je vous laisse deviner. Etrangement, je prenais plaisir à entretenir ce petit jeu que je venais d'instaurer.

- Je suis désolé, mais je ne suis pas là pour jouer à vos bêtises futiles. J'ai du travail. Alors ou vous me dites pour quoi vous m'appelez, ou je vous raccroche au nez.

- Vous donnez votre langue au chat ? Dommage. Mon nom est Mabel Clark. Vous savez, la fille handicapée, atypique, pathétique et j'en passe, qui, soi-disant, sors avec l'un de vos chanteurs. Ça ne vous dit vraiment rien ?

C'est en baissant la tête que j'ai réalisé ce que j'étais en train de faire. Mes ongles s'enfonçaient dans ma chair jusqu'à laisser d'abominables traces.

- Mabel ! Quel plaisir de vous avoir au téléphone !

- Je ne peux pas en dire autant.

- Je comptais vous appeler justement, Je me présente ; Merle Davis. Le son de sa voix avait beau être plus agréable, il n'en devenait pas pour autant plus appréciable.

- Pour me présenter des excuses j'imagine ?

- Pas vraiment, j'aurais comme qui dirait une offre plus qu'intéressante à vous faire.

- Qu'est-ce qui vous faire dire que j'ai envie de vous écouter ?

- Vous n'avez rien à perdre il me semble, non ?

- Comment je dois prendre cette remarque ?

- Je ne voulais pas vous paraître amer, excusez-moi. Mais je pense sincèrement que ma proposition pourrait vous intéresser.

J'ai soupiré tout en levant les yeux au ciel.

- Dites toujours.

- 250 000 dollars, si vous acceptez de travailler pour nous.

J'ai entre ouvert la bouche comme pour dire quelque chose. Mais rien n'en est sorti. Rien ne pouvait sortir. Rien, à l'instar d'un rire jaune que je me retenais de transformer en fou-rire. Au moins, ce Merle Davis était direct.

LIGHT HOUSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant