LIGHT HOUSE

Chapitre 45

Ses pieds sont restés sur le sol. Il n'a pas bougé d'un poil, comme pour me contempler de loin avant de s'approcher pour observer mon visage en détail. Il était beau, dans son jean bleu et son tee-shirt bordeaux que l'on avait acheté ensemble quelques semaines plus tôt. Quelque chose avait changé chez lui. Je ne savais si c'était parce que je ne l'avais pas vu depuis plusieurs semaines alors que l'on avait pris l'habitude de se voir tous les jours, ou bien si c'était parce qu'il avait trois poils de plus sur le menton.

Flynn.

J'ai fait tourner mes roues en sa direction, et il a complété la distance qui restait. Lorsqu'il a ouvert ses bras, je m'y suis jetée aussitôt.

J'ai retrouvé son odeur de lavande, cette proximité que l'on avait l'habitude d'avoir.

C'était comme si rien n'avait changé. Et pourtant, je savais que beaucoup de choses -énormément même- étaient différentes.

On est restés comme ça plusieurs secondes. Sans échanger le moindre mot. Laissant juste nos souffles rassurants en dire long sur nos retrouvailles.

Cependant, les yeux grands ouverts, la tête sur son épaule, j'ai était envahie d'une certaine culpabilité.

Park. Il était derrière moi, certainement en train de nous observer comme le reste des invités.

Le silence me laissait perplexe. Mais c'est en quittant ses bras et en admirant son visage que je me suis rendue compte de la chance que j'avais d'avoir Flynn Nelson à mes côtés.

Il m'a proposé d'aller plus loin.

- Viens, j'aimerai bien te parler.

Je lui ai dit que j'étais d'accord, j'ai acquiescé.

Il m'a pris la main. J'étais mal à l'aise. Mais je ne l'ai pas enlevé pour autant.

Il m'a emmené près du ponton en agrippant mes poignets, et je n'ai pu m'empêcher de jeter un coup d'œil derrière moi. Park a aussitôt détourné le regard pour se concentrer sur Abby, qui elle, semblait percevoir une quelconque gêne sur mon visage. Elle m'observait inquiète, alors je lui ai adressé un sourire.
 Après tout, Flynn Nelson était mon ami, il était venu me rendre visite, comme un ami. Il m'avait pris la main, comme un ami. Ce n'était pas des paroles prononcées dans un pub par un chanteur qui allaient commencer à me faire douter.

Je me suis dégagée de mon fauteuil pour m'asseoir sur le sable sec, juste à côté de Flynn.

- Tu veux bien m'expliquer un truc ? j'ai demandé alors même que mon voisin venait tout juste de poser ses fesses sur le sol.

Il a acquiescé.

- Depuis quand est-ce que mon anniversaire se déroule la veille du jour de ma naissance ?

- La seule réponse que je suis apte à te donner c'est ; Merle.

J'ai écarquillé les yeux, ébahi parce que je venais d'entendre.

- Attends, tu es en train de me dire que ce boulet a tout organisé ?

- Tout. C'est lui qui m'a fait venir, tu le sais ?

- On parle bien du même Merle ?

- Il a même été jusqu'à commander un gâteau.

- Ne me dis rien ; un gâteau aux abricots ?

- Dans le mille.

- Est ce qu'il est courant que si j'avale une part de ce gâteau de Satan, je risque de m'empoisonner ?

- Je t'avoue que j'ai eu un doute.

Je me suis mise à réfléchir après avoir rigolé nerveusement. Quelque chose ne tournait pas rond.