(PART 2) Chapitre 20

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Dans la voiture, notre chauffeur tout sourire, s'était présenté sous le pseudonyme d'Orlando, et nous avait par la suite avoué qu'il utilisait ce prénom latino pour effacer tout doute sur son origine et se faire passer pour un compatriote du territoire où coulent le lait et le miel. Il était persuadé d'être l'un de ces américains à qui les calories de chez McDonald ne faisaient pas peur.

- Je suis à 100 % pour les Big Macs ! ne cessait-il étrangement de répéter, le poing levé.

Mais ses yeux en amande et son accent marqué, ne l'aidait pas à crédibiliser son rôle.

Quand Park a commencé à éclater de rire, d'abord discrètement de son côté, puis en s'esclaffant à haute voix jusqu'à en pleurer, je lui ai fait les gros yeux pour le freiner, avant de moi aussi me mettre à me gausser grossièrement. Pourtant, le prénommé Orlando ne semblait pas se douter qu'il était la raison de notre fou rire.

Après plus d'une heure assis à l'arrière de sa berline, à écouter la radio qui passait en boucle des chansons d'amour des années 90 complètement stupides, à tel point qu'à mes oreilles, les paroles d'Asleep des Smiths auraient pu paraître réjouissantes, Park devenait de plus en plus aigri. Il soupirait encore et encore comme le ferait un gamin de dix ans à qui on aurait confisqué sa console. J'en étais presque à regretter son silence imposant dans l'avion.

- Où est-ce qu'on va ? A demandé le chanteur sur un ton agacé.

- Pas au courant ? 'Va à Wheeler, s'est contenté de répondre Orlando de son accent chantant.

- T'en as déjà entendu parlé ? M'a questionné le grincheux dans un murmure qui a fait voler l'une de ses sombres mèches.

J'ai secoué la tête tout en haussant les épaules, mes yeux dans les siens. Et pour la centième fois, le brun a lâché un soupir qui m'a instantanément fait réagir. J'ai plaqué ma main sur sa bouche avec le regard le plus flippant qui m'ait été donné de faire.

- Encore un soupir, et je te jure, je te jette par-dessus la voiture, avec ton ami Orlando.

Park, d'abord stupéfait, m'a considéré de ses grands yeux verts, puis en comprenant que j'étais on ne peut plus sérieuse, les traits de son visage se sont détendus pour enfin léguer leur place à l'un de ses légendaire levé de sourcils.

- Joueuse ? A demandé Park d'un souffle chaud, sa bouche toujours prisonnière de ma paume.

J'ai levé les yeux aux ciels avant de retirer ma main pour la replacer sur mon genou.

- Vous, vous formez un couple ? A demandé notre chauffeur. Il conduisait tout en mimant dangereusement de ses doigts, deux personnes qui s'embrassent.

- Quoi ? J'ai répondu, étonné.

Alors que je m'apprêtais à lancer un "non" brutal, Park a été plus rapide.

- Oui. Il a dit sereinement avec l'un sourire en coin qui avait le don de m'agacer.

- Je ne comprend pas, a objecté Orlando. En couple ou pas en couple ?

Park m'a rappelé de sa mâchoire serrée et de son regard appuyé, le rôle que nous étions censé jouer aux yeux de tout le monde ; sans exception.

Avec ce voyage qui avait révélé en moi des sensations étonnantes et la personnalité excentrique de mon conducteur qui m'avait fait rire à chaude larme, j'en avais presque oublié ce pourquoi j'avais été engagée.

1 an. 250 000 dollars.

- Je voulais dire, oui. Oui.... on est en couple. Park et moi, on forme couple. Incroyablement amoureux je dirais même !

LIGHT HOUSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant