Chapitre 54

88 10 0
                                    

Elle était belle, elle qui s'approchait dans sa robe en dentelle. J'observais ses pas légers qui s'avançaient vers moi, ses cheveux stricts qui volaient au vent, et son regard doux qui se durcissait pour s'empêcher de rire lorsqu'elle remarquait le sourire gêné de son chaperon. Elle le tenait fermement au bras, comme enthousiaste à l'idée des paroles qu'elle allait pouvoir prononcer. N'importe qui aurait souffert de voir les ongles de cette femme s'enfoncer dans sa propre peau, mais Park ne semblait pas les subir. Il était là, les pupilles plus vertes que la rosée du jardin, et il ne semblait pas ennuyé le moins du monde comme je le craignais.

On aurait dit que ses yeux caressaient le visage de la belle. Ils ne pouvaient pas s'en détacher. C'était comme si le monde avait sombré dans une nuit immortelle, et qu'elle était devenue sa seule source de lumière. En tout cas, c'était ce que disait Jack quand il me parlait de ma mère, alors j'en avais conclu que ça devait être ce que l'on ressentait lorsqu'on était amoureux. Que c'était ce que Orlando devait ressentir en voyant Alicia qui se tenait à présent à ses côtés.

C'est au bout de quelques secondes que j'ai compris que tous les regards étaient posés sur moi, même celui de Park, lui qui se faisait plus inquisiteur que les autres, mais qui pour autant, ne s'en faisait pas moins soutenant.

De mes doigts tremblants, j'ai agrippé la tablette que l'on m'avait tendu un peu plus tôt, pour la déverrouiller, et commencer la lecture d'une voix chancelante :

- Chers amis, nous sommes aujourd'hui réunis, dans ce jardin, pour célébrer l'union de deux êtres qui nous sont chers ; Orlando Qui-ne-veut-pas-nous-dévoiler-son-nom, et Alicia Hansen, en présence de leur famille, et de leurs amis.

C'est au fil des mots que j'ai acquis plus d'aisance, allant parfois même jusqu'à quitter l'écran des yeux, pour admirer le couple heureux qui se tenait devant moi.

Ils souriaient, et je les voyais déjà dans leur vie future. Est-ce que je m'y trouvais ? Non. J'étais à New York, ils étaient à Wheeler, certainement avec un chien ; un teckel pour être exacte, qu'ils allaient appeler Paprika, parce que, pourquoi pas Paprika. Et ils étaient heureux. Le bonheur collé à leur dentition, ils souriaient comme ils le faisaient actuellement, de même que le reste des invités lorsque j'ajoutais au discours, quelques touches amusantes qui les concernaient personnellement. Cependant, tous n'attendaient qu'une seule et même chose, le moment où les deux amoureux se diraient « oui ».

- Orlando Qui-ne-veut-pas-nous-dévoiler-son-nom ici présent, consentez-vous à prendre pour épouse Alicia Hansen ici présente, pour le meilleur comme pour le pire, de lui promettre amour et fidélité, de l'aimer et de la chérir, et ce, jusqu'à ce que la mort vous sépare ?

- Bien-sûr que je le veux ! a répondu spontanément le marié, tandis que les deux cadettes de la reine de la soirée s'occupaient de remettre les alliances.

- Alicia Hansen ici présente, consentez-vous à prendre pour époux Orlando Qui-ne-veut-pas-nous-dévoiler-son-nom ici présent, pour le meilleur comme pour le pire, de lui promettre amour et fidélité, de l'aimer et de le chérir, et ce, jusqu'à ce que la mort vous sépare ?

- Oui, oui, oui et oui !

-Par les pouvoirs de cette tablette qui m'ont été conférés, je vous déclare dès à présent ; mari et femme. Orlando, je crois que tu peux embrasser la mariée.

Et c'est sans attendre plus longtemps que le principal intéressé a obéi, faisant vaciller son épouse pour l'embrasser à pleine bouche, amusant la galerie par la même occasion. La tablette sur les genoux, j'ai applaudi, laissant un rire et ses mimiques s'installer sur le bout de mes lèvres. Mon regard a croisé celui de Park. Il était accoudé, au fond du jardin, à l'une des poutres porteuses de la tente qu'il avait lui-même monté. Ses yeux ne voulaient pas me lâcher, les miens non plus, alors on a décidé que l'on ne se lâcherait pas, et on est resté plusieurs secondes comme ça, le sourire aux lèvres, sans vraiment trop savoir si c'était encore les deux amoureux qui nous faisait cet effet-là. Finalement, Orlando m'a sorti de mon état d'hypnose pour me prendre dans ses bras et m'assommer de ses belles paroles.

LIGHT HOUSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant