Chapitre 6

130 15 0
                                    

- Non, a décrété sèchement mon ami.

- Flynn...

- Non, c'est inacceptable. Viens Mabel, on s'en va.

D'un pas décidé, Flynn s'est dirigé vers la porte de la chambre, pensant certainement que je le suivais. Mais je n'ai pas bougé. Je suis restée là, plantée dans cet immense intérieur comblé de tous ces meubles hors de prix.

J'ai vu les traits de son visage perdre leur volonté lorsque qu'il a fini par remarquer que je n'étais pas derrière lui. On aurait dit qu'ils avaient cédé leur place à de nouveaux, beaucoup moins charmants, reflétant une certaine déception. C'etait quelque chose que je n'avais encore jamais vu chez Flynn. A part peut être cette fois, lorsque ses parents, bien trop occupés à se disputer pour une lunette de toilette non-relevée, avaient totalement oublié de venir au spectacle que l'école avait organisé. Flynn y jouait Abraham Lincoln. J'avais le rôle de l'arbre numéro deux.

Sans bouger, je l'ai regardé qui ouvrait la porte pour la refermer ensuite. Le bruit sourd avait fait trembler les murs avant même de me faire frémir. Nous n'étions à présent plus que trois dans la pièce. Byers ne s'était toujours pas montré, même si je me doutais bien que nos paroles parvenaient à ses oreilles. Peut être même qu'il était là, caché derrière l'une de ces décorations, à m'épier du regard tout en murmurant des incantations qui seraient susceptibles de mettre un terme à mon existence.

- Bien. Maintenant que plus personne ne peut nous déranger, signons ce contrat, a déclaré Merle en se frottant les mains.

Quant à moi ; j'ai hésité. Signer ce contrat, c'était risquer de perdre une amitié d'une dizaine d'années. C'était risquer de briser ces murs de sables que deux enfants dans des couches, avaient construit avec autant d'amour que de maladresse. Mais si je refusais, ma mère et moi serions, à coup sûr, ruinées, à la rue, avec à peine de quoi vivre. Je n'avais pas d'autre choix que d'opter pour la première solution.

J'ai analysé le document une ultime fois en essayant de mon convaincre que cette option était la bonne. Elle ne l'était pas. Mais c'était celle qui nous serait bénéfique. Alors j'ai attrapé le stylo posé sur mes faibles genoux, avant de signer de ma main tremblante, en bas de chacune des pages reliées. Les tracés que j'avais exécuté traduisaient parfaitement mon état ; grotesques et tremblants. Puis j'ai fini par tendre le tas de feuilles à l'homme en costume qui l'a brusquement agrippé. Un avant goût de l'exploit pouvait déjà se lire sur son visage. Il souriait. Il s'en réjouissait. Je le devinais à sa posture victorieuse. Mon malheur était devenu sa source de revenu. Merle gagnait beaucoup dans cette histoire. Et contrairement à moi, il ne perdait pas le peu de dignité qui lui restait. 

* * *

La tête remplie de pensées assourdissantes, j'avançai vers l'ascenseur dans un couloir faiblement éclairé. Avant que je ne disparaisse derrière la porte à mon tour, Davis avait achevé notre conversation en m'avertissant qu'il passerait me prendre aux alentours de dix-neuf heures pour ensuite me déposer à l'hôtel. 

- Mabel. Pssst, a grossièrement susurré une voix familière.

J'ai reluqué par dessus mon épaule en levant un sourcil suspicieux, qui s'est aussitôt abaissé lorsque mon regard a rencontré celui du blondinet, lui qui laissait entrevoir sa tête hors de la chambre. PJ.

Avant de s'avancer lentement vers moi, bien qu'en faisant résonner la plupart de ses pas, l'intéressé a jeté un rapide coup d'oeil dans la pièce qu'il s'apprêtait à quitter.

- Je sais que ce n'est pas facile pour toi, mais pour Park non plus. Je suis au courant pour votre petit échange à ce super marché. Vous allez passer un an ensemble, alors autant passer cette année en essayant de ne pas vous entretuer.

LIGHT HOUSEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant