LIGHT HOUSE

Chapitre 41

« Merde »

J'ai ouvert difficilement les yeux.

« Bordel ! »

J'ai mis un moment avant de comprendre où je me trouvais. Lorsque j'ai levé la tête, mes paupières ont eu peine à s'ouvrir, c'était comme si elles étaient restées collées. J'ai d'abord cru avoir fait un saut dans le temps, m'être retrouvée un an auparavant, couchée dans mon lit, des étoiles lumineuses en plastiques au-dessus de mes draps. Et puis j'ai cru voir un ange. Un ange prénommé Park, et qui, devant le pare-brise, réfléchissait violemment la lumière des phares. J'étais toujours dans la voiture, assise dans le noir. Plus de moteur qui ronronne, on était à l'arrêt, et Park semblait se retenir d'infliger un coup de pieds à la voiture.

- Putain !

- Qu'est ce qui se passe ? J'ai demandé après avoir ouvert la portière pour passer ma tête à l'extérieur. Il n'y avait pas de vent, juste un air glacial qui m'a fait claqué des dents.

La silhouette de Park a disparu derrière le capot de la voiture grand ouvert. Je l'ai entendu qui toussait et grognait des insultes. Il a fallu un moment avant que je ne comprenne pourquoi, un moment avant que la robuste odeur de brûlé ne parvienne à mon odorat, accompagnant une épaisse fumée blanche qui nous plongeait tous deux dans un brouillard total.

J'ai cherché mon colocataire des yeux, tentant avec conviction de ne pas fermer mes paupières face au nuage qui nous entourait.

Park a finalement fermé le capot, et a secoué activement ses bras musclés de façon à se débarrasser de la fumée qui le piégeait.

- Je crois que le moteur vient de nous lâcher.

- Tu crois ?


- Je ne suis pas sûr, j'ai jamais vraiment été très bon pour ces trucs-là, a annoncé un Park ennuyé, qui se grattait la tête tout en affichant l'air embêté dont les sourcils froncés étaient la première particularité.

Je n'ai pu empêcher ma tête de tomber contre le rebord de la fenêtre, laissant s'échapper un long soupir. J'ai dit à Park de venir à l'intérieur. Il faisait froid dehors, je l'avais vu à l'extérieur, adossé à la voiture, qui se frottait les bras.

- On est encore loin du phare ?

- Plutôt, ouais.
 Une énième expiration a disparu d'entre mes lèvres.

- Qu'est-ce qu'on fait ?

- On appel une dépanneuse, avec un peu d'espoir elle arrivera d'ici une heure ou deux.

J'ai acquiescé en pinçant mes lèvres. L'obstacle que l'on venait de rencontrer ne semblait pas avoir fait disparaître la rancune qu'avait Park à mon égard, il était toujours aussi froid. Toujours aussi distant. Toujours à essayer d'éviter d'accrocher mon regard.

- Et merde... a aboyé Park pour la énième fois.

Je l'ai questionné du regard.

- Mon téléphone, je pense que j'ai dû l'oublier à la maison.

Le jeune homme semblait affirmer ses propos, et pourtant, ses mains étaient toujours à la recherche d'une moindre bosse évidente dans les poches de son jean ainsi que de sa veste. Mais rien, toujours rien.

Je me suis alors dévouée. De mes mains, j'ai appuyé de toutes mes forces sur les deux dossiers des sièges avant, et je suis parvenue à me glisser à l'arrière de la camionnette. Toujours en pleine contorsion, Park m'a demandé ce que je faisais, je lui ai répondu que j'avais pris mon téléphone et qu'il était à l'arrière, aux côtés de ces couvertures qui irritent la peau, et du reste de nos affaires. Il n'a pas rétorqué. Il n'avait rien à rétorquer.