LIGHT HOUSE

Chapitre 9

Même avec cette irrésistible odeur de croissants qui embaumait la grande et lumineuse pièce à vivre, je n'ai pas su bouger. J'étais beaucoup trop occupée à regarder cette femme, ayant des formes à s'en faire envier.

- Bonjour ! Elle a commencé en décochant un large sourire de façon à montrer ses dents, qui en réalité étaient mal blanchies, et en plus de cela, contournées d'une couleur rouge à paillettes vulgaire sur des lèvres pulpeuses. Je n'étais pas la plus douée en terme de maquillage. Mais je savais tout de même quand ça n'allait pas. Très vite, la jeune inconnue s'est dirigée vers moi, laissant entrevoir de grandes jambes nues cachées un peu plus tôt derrière l'îlot de la cuisine. Alors que je n'avais rien demandé, cette dernière s'est baissé à mon niveau, a réduit la proximité de nos deux visages, et m'a fait violemment ce que les gens d'aujourd'hui appelleraient "une bise" et que je considérais plutôt comme un contact physique complètement inutile. J'ai essuyé d'un coup de main, le plus discrètement possible, la trace de gloss baveuse qui s'était collée sur l'une de mes joues.

- Je m'appelle Betsy ! A-t-elle déclaré joyeusement. 

J'ai dégluti.

- Mabel. 

"Bon sang mais qui c'est celle là !"

Et elle s'est contentée de retourner aux fourneaux, tout sourire. Je ne pouvais pas m'empêcher de la fixer, de la regarder de haut en bas, minimisant chaque détail de sa tenue et de ses formes :

Des cheveux parfaitement bien coiffés, une poitrine prête à exploser hors du soutien gorge, des ongles aussi longs que ceux de la présentatrice météo sur la chaine nationale, des bas extrêmement sexy, un maquillage osé et encore une fois, une longue paire de jambe parfaitement bronzés.

J'ai toisé la pièce du regard, pensant trouver l'homme avec qui j'étais censée vivre. Mais très vite, mes yeux se sont dirigés sur le fauteuil en cuir où Park -qui d'après moi n'était pas tout blanc dans la venue de cette fille- m'avait averti qu'il dormirait la nuit dernière. Mais le canapé était vide, seule une couverture, un coussin, et quelques vêtements entassés s'y trouvaient. Aucune trace du jeune chanteur.

 - Tu cherches Park ? Avait-elle deviné.

J'ai ouvert la bouche, m'apprêtant à répondre à sa question par un simple bégaiement, ne trouvant rien de mieux à répondre. Mais mon attention s'est portée sur la baie vitrée du balcon qui venait de coulisser et de faire entrer l'un de ces courant d'air frais. J'ai frissonné, et à ce moment là, j'ai pu découvrir une chevelure brune en bataille, que je commençai maintenant à connaître, passer la tête à l'intérieur du salon. Park. Il était torse nu pour ne pas changer de la veille, portant tout bonnement un jean avec une simple ceinture, tandis qu'une cigarette tenait en équilibre entre ses lèvres roses.

- Tu m'as appelé ? A demandé le jeune homme avant de jeter sa clope à terre et de la réduire en poussières à l'aide de son pied. Park est entré dans la pièce, veillant à bien refermer la porte coulissante derrière lui. J'avais pu voir dans le regard de Byers une expression autre que la colère ; l'étonnement. J'en avais donc déduis qu'il ne s'attendait pas à me voir de si tôt.

- J'ai rencontré ton amie ! A enchérît bêtement Betsy, faisant place à un malaise de plusieurs secondes.

J'étais là, plantée au milieu de cette pièce, dans mon fauteuil, terriblement gênée, tandis que le regard de la jeune fille jouait avec celui du chanteur. J'aurais bien voulu les pousser par dessus le balcon ces deux là.

Park semblait s'amuser de cette situation bien que son sourire habituellement sadique n'était pas intervenu. Cependant, l'idée de rompre le silence par une simple phrase lui était tout de même venu à l'esprit.